Arbre de la Liberté.
Arbre de la Liberté.

Mutilation d'arbres de la Liberté à Lezoux.

27 floréal an VI (16 mai 1798)


   Victor Vincent, dit "Poule Blanche", âgé de 40 ans, cultivateur, demeurant à Lezoux.
Est prévenu d'avoir méchamment mutilé des arbres républicains "signes augustes de notre Liberté"

CPA place du Pilori, Lezoux.
CPA place du Pilori, Lezoux.

   Le 8 ventôse an V, les habitants de la commune de Lezoux jugèrent à propos de planter de nouveaux arbres de la Liberté en remplacement des anciens complètement desséchés. Les arbres n'avaient pas pris d'avantage à lezoux que la Liberté en France. Ils en firent une vraie débauche et en dressèrent un sur la place de la Fontaine, un sur la place du Pilori, un autre sur la place de la Liberté ou du Marché au Bois, près du grand chemin de Maringues. La ville en possédait, d'ailleurs, un quatrième qui s'élevait sur la place de la Halle.

   Mais ces pauvres arbres ne devaient pas prospérer. Durant la nuit suivante, ce fut une cruelle hécatombe. Le 9 au matin, des citoyens qui
sortaient du bal constatèrent que l'un des arbres avait été écorcé, deux autres coupés à trois pieds de hauteur, le dernier entaillé jusqu'à la moëlle.
  L'un de ces citoyens, perruquier patriote, Simon Bourdier, frappé au cœur d'un pareil désastre, se précipite sur un individu armé d'une serpette ou "gouyarde", le saisit aux cheveux et ne le laisse échapper qu'après avoir cru le reconnaître pour le nommé Vincent dit "Poule Blanche".
   Dénonciation est immédiatement portée devant Dominique Marc, juge de paix de la première section  du canton  de Lezoux, lequel se transporte sur les lieux pour constater les blessures et estime que la bouse de vache, dont on a entouré l'arbre écorcé, lui parait un onguent susceptible de le sauver.
   Le juge de paix informe au sujet de ce terrible événement et fait ensuite passer les résultats de son information au citoyen J.B-René Tournaire, directeur du jury d'Ambert. ( Il n'y a pas à cette date de tribunal correctionnel à Thiers.)

   Le sieur Victor Vincent ne put pas répondre au mandat d'arrêt décerné contre lui par le magistrat directeur, à la date du 27 frimaire an VI. Il était, en effet, très malade à cette époque, puis, quand la convalescence survint, il pensa que le grand air serait préférable pour sa santé à celui de la prison.
   Ce fut donc par défaut que, le 27 floréal an VI, il fut condamné à quatre ans de détention, conformément à l'article 4 de la loi du 24 nivôse précédent, portant que :

   " Tout individu convaincu d'avoir mutilé, abattu ou tenté d'abattre ou de mutiler un arbre de la Liberté sera puni de quatre années de détention ".

   Siégeaient : Boyer, président provisoire, Mandet, Mandosse, Pellet et Collangettes, juges.


   Trois ans plus tard, le 25 germinal an IX (15 avril 1801), après avoir accompli  son tour de France, Victor Vincent se représenta devant le jury de son pays qui, sur les explications de son défenseur officieux, le citoyen Demay, avoué au Tribunal d'Appel à Riom, prononça son acquittement.



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Sources : Les Albums de photos originales et inédites à voir dans la colonne de droite.© Regards et Vie d'Auvergne

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