Propos d'un Poilu. février 1920.




Bulletin des anciens combattants du Puy-de-Dôme
Bulletin des anciens combattants du Puy-de-Dôme

Ceci est une histoire vraie.


 "  Le 2 Août 1914, au moment où j'allais rejoindre mon régiment, je me rappelai que j'avais reçu un avertissement des contributions et que je n'avais pas payé mes impôts. 
   Je pensai que mon pays aurait besoin, pour la guerre, d'avoir de l'argent, beaucoup d'argent, et que ce serait un crime contre lui que d'oublier un devoir devenu plus nécessaire que jamais.
   On ne refuse pas un morceau de pain à un homme qui meurt de faim. On ne refuse pas des impôts à sa patrie quand elle en a besoin pour sauver son existence et sa liberté. Je ne voulais pas partir avec un remords, et il me semblait qu'un geste
d’égoïsme à ce moment-là m'eût porté malheur.
   Je retournai donc chez moi et, pour payer la somme de 496 francs que je devais, je pris un billet de 500 francs. Puis, sans perdre de temps, je courus chez le percepteur.
Il n'y avait pas foule : seule, une brave femme, qui avait peut-être son fils soldat et qui avait eut la même pensée que moi, versa une centaine de francs en pièces de cent sous et de quarante sous ( c'était le bon temps ! ) 
Je tendis à mon tour mon avertissement et mon billet de 500 francs, assez fier de mon petit geste et comptant sur une parole aimable.
- Vous n'avez pas de monnaie, me demanda le percepteur en fronçant les sourcils ?
- Non, mais...
- Lisez l'affiche, reprit cet homme sévère. Le débiteur est tenu de faire l'appoint. Vous ne savez pas lire ?
- Mais je suis mobilisé aujourd'hui, si vous croyez que j'ai le temps de chercher la monnaie.
Le fonctionnaire fit un geste qui voulait dire : Que voulez-vous que j'y fasse ?
- Alors, prenez le tout, je peux bien faire cadeau de quatre francs à mon pays.
- Je n'ai pas à recevoir 500 francs, mais 496, dit cet intègre gardien du règlement. Reprenez votre argent.
   Je suis entêté. Je courus pour chercher de la monnaie, je revins. J'affrontai de nouveau le visage rébarbatif du représentant du fisc. Je payai et je partis pour cette grande excursion qui dura près de cinq ans, admirant la force et la grandeur de cette administration que l'Europe nous envie. Alors que tout le monde s'énerve, s'affole, s'agite, la bureaucratie reste impassible. Elle conserve le RÈGLEMENT et veille à ce qu'il soit respecté. Elle nous guette, et, chaque fois que nous voulons agir, elle nous arrête en disant : 
- Ce n'est pas réglementaire ! "
   L'avons-nous entendue, cette phrase, au cours de la guerre ! Et puisque nous sommes dans les souvenirs, cela ma rappelle les cache-nez qu'on avait envoyé à la troupe. Ils étaient de bonne laine chaude et douce et on les avait reçus avec joie ; seulement il était interdit de les porter, parce que ce n'était pas réglementaire.
   Alors plusieurs hommes eurent les oreilles gelées. Oui, mais cela, au moins, n'était pas contraire au règlement. "


Le Voltigeur.


   Sources : Texte extrait  de : Bulletin Mensuel de l'Association des Anciens Combattants du département du Puy-de-Dôme (guerre 1914/1918) 1er février 1920.  Vous pouvez laisser un commentaire au bas de l'article.



Commentaires

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