Courtoisie.


Bonnebaut-Bonnelance erre dans la campagne.
Il chevauche à travers les blés de la Limagne
Semblant chercher quelqu’un. C’est un beau chevalier
Qui vient, avec Géraud, sire de Boutelier,
Du bourbonnais pour faire aux anglais rude chasse.
Il a vingt ans à peine. Il est fier, plein d’audace
Et charmant. Mais déjà la souffrance d’Amour
A pâlit son front. Or, la veille de ce jour,
La dame dont le cœur est plus dur qu’une roche
Et qui ne permet pas que Bonnebaut l’approche,
Lui dit :
« Je souffrirai que vous baisiez ma main,
Si vous me ramenez un prisonnier demain. »

Bonnebaut, escorté de ses dix hommes d’armes,
Ne voyant rien venir, versait presque des larmes.
Devant lui, tout à coup, obstruant les sentiers,
Se dressèrent cinquante Anglais :

« Sus aux routiers ! »

Cria-t-il, bien qu’il vit la partie inégale.
Le grillon se blottit dans l’herbe et la cigale
Cessa son chant, au bruit terrible de l’estoc
Du chevalier brisant les morions. Le choc
Fut sanglant. Bonnebaut, tuant d’une main preste
Trente des compagnons, fit prisonniers le reste ;
Et, suivi des routiers, vers sa dame il revint :

« Sur la joue un baiser, ma dame, en voici vingt ! »








Sources : Poèmes d’Auvergne, Gabriel Marc.
© Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
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