Ne leur dites jamais.
Ne leur dites jamais le chemin qui déroule
Sa fuite de serpent dans le parfum des menthes,
Et contre ma maison se détord et se coule
Pour baiser à mon seuil la pierre qui s'argente
Des clairs petits yeux du mica.
Ne leur dites jamais le mur blanc qui s'éveille
Entre les bras rougis des vignes de septembre
Dont les tièdes raisins bienaimés des abeilles
Sont gouttes de soleil dans une perle d'ambre.
Ne leur dites jamais la rumeur de la porte
Entr'ouverte au matin sur un bleu carré d'ombre,
Ni l'âpreté de son bois dur veiné de sombre
Que la force du vent chasseur de feuilles mortes
Parmi l'automne fait gémir.
Ne leur dites jamais la couleur de ma robe
Penchée au bord du puits, quand la fraîcheur liquide
Remonte en s'égouttant du fond qui se dérobe
Dans un gémissement de vieille rouille humide.
Et ne leur dites pas mes yeux et mes paroles
Pour que nul ne découvre en la frôlant, mon âme,
Pour que mon cœur, pareil aux grives qui s'envolent,
N'agite point d'émoi, sous les arbres en flammes
Qu'un gel d'argent effeuillera.
Marguerite Sapy
Autre texte de Marguerite Sapy sur ce blog : L'Autobus.
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Source : texte de Marguerite Sapy, 1936. © Regards et Vie d'Auvergne. N'hésitez pas à laisser un commentaire ou à vous abonner au bas des articles. merci de votre visite et à bientôt.
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