Coin d'Auvergne.
Un coin d'Auvergne. |
L'Auvergne, en d'autres lieux, a des splendeurs sauvages,
La nudité des pics, l'amas des granits roux,
Les sapins noirs montant à l'assaut des herbages,
Les volcans assoupis peuplés de loups-garous.
Elle a l'immensité rude des brandes fauves,
Les lacs, morceaux du ciel tombés sur nos sommets
Que hante une druidesse en blanc, les plateaux mauves,
Dont la bruyère au vent ne s'effeuille jamais.
Notre vallée à nous n'a point l'aspect sévère
La gravité des Puys mais couché dans ses prés,
Nous éprouvons, bercé par la Monne et la Veyre,
Le charme vierge encore des pays ignorés.
Les côteaux bas ont la sobre douceur des lignes
Que brisent les taillis par endroits, sur leurs flancs
Octobre féérique, errant parmi les vignes,
Jette aux ceps dépouillés des vêtements sanglants.
Mais le printemps revêt de grâce la vallée,
Sur les pommiers, tendant leurs bras en oraison,
Il fait neiger son odorante giboulée,
Alors le val entier n'est qu'une floraison.
Tout l'été, l'eau ruisselle à travers les prairies,
Pénétrant de fraîcheur le calme de nos soirs,
Puis les regains fauchés prêtent aux rêveries
Leurs feniers embaumés, où les pommes font choir.
Ici coule la vie obscure, aux jours tranquilles
Qui s'en va des labours aux cueillettes de fruits.
Paisible, renonçant aux hâtes inutiles,
Douce aux cœurs trop longtemps excédés de vains bruits.
Mais sur elle s'étend l'aube d'or de l'histoire,
La jeune Liberté passa sur nos chemins,
Gergovie, là-haut dresse son promontoire,
Ecueil de la puissance et de l'orgueil Romains.
Et je rêve souvent aux légions des Gaules
Marchant vers l'oppidum, à travers nos forêts,
Depuis qu'un matin d'août, redressant les épaules,
J'ai vu partir d'ici, nos gars, au péril prêts.
Leur suprême regard cherchait la blanche Vierge
Et le faisceau Gaulois, pour se donner du cœur,
Car ce double idéal dans notre pays émerge,
L'espérance divine et le passé vainqueur !
Marguerite Perroy (1)
de l'Ecole de Limagne.
1) Marguerite Perroy, écrivaine Auvergnate, romancière, historienne, née à Clermont-Ferrand en 1891, a publié aussi sous le pseudo de : Guy d'Albert. On lui doit aussi "Coeur interdit", "impossible amitié", "Sainte Bernadette" etc. Elle écrivit notamment pour les "Jeannettes" du mouvement scout.
Autre poème de l'auteur sur ce blog : il pleut bergère
Sources :Texte de Marguerite Perroy dans "L'Auvergne littéraire" janvier 1925 © Regards et Vie d'Auvergne. N'hésitez pas à laisser un commentaire ou à vous abonner au bas des articles. merci de votre visite et à bientôt.
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