Poème : l'hiver dans la montagne.

L'hiver dans la montagne.


(à Mr et Mme Anatole Tournadre, en remerciement)

  Voici chers lecteurs et lectrices, un vieux document très touchant, il s'agit d"une grande feuille de papier jauni, l'écriture à la plume est soignée on ne sait rien de l'auteur, c'est signé mais illisible.


"Le ciel est tout d'acier, triste, froid, lourd et bas;
Il a neigé huit jours, et durant ces journées,
La cloche du village a sonné bien des glas :
Et toutes les douleurs ne sont pas terminées.

Il a neigé huit jours; la tourmente et l'écir (vent)
Se sont un peu calmés sans beaucoup s'adoucir;
Mais les sentiers sont pleins, mais la neige est profonde.
Et la pauvre cabane emprisonne son monde.

Il a fallu d'abord dégager l'huis muré,
Déblayer la fenêtre et creuser la "congère",
Et puis il a fallu cependant démarrer,
Chercher au bourg voisin, du pain pour la chaumière.

Alors, l'homme, un vaillant, tranquille et dédaigneux
Comme l'aigle des puys, qui plane sur la plaine,
Possesseur des sommets, seul maître de ces lieux
Et qui n'a pour tout bien, que les fruits de sa peine.

Bien loin de sa maison, s'en va chaque matin,
A travers tous les temps, ou qu'il vente, ou qu'il neige,
A la recherche hélas ! D'un gibier incertain, 
Jusqu'au jour, ou l'hiver enfin, lève le siège.

Et la femme des monts, comme celle des mers,
N'a-t-elle pas aussi, mêmes transes en somme,
Pour les mêmes dangers, mêmes chagrins amers,
Qui lui font prier Dieu de protéger son homme.

Ah ! S'il allait mourir ! Mais enfin le voilà !
C'est lui, là-bas, tout noir, sa moustache est givrée,
Mais le carnier est plein, maintenant il est là,
Du foyer rempli, monte une flamme dorée.

Ne sauront-ils jamais, nos heureux jouisseurs !
Eux sur qui la Fortune à pleines mains déverse,
Enchantements, plaisirs, ivresses et douceurs,
Et toute à les gâter, inlassable les berce.

Ne sauront-ils jamais, durant les longs hivers,
Faisant plus longs les jours, par les longues veillées,
Combien il a fallu filer de quenouillées,
Dans la chaumière ouverte à tous les vents des airs ?

Combien il a fallu, doutant du lendemain,
Trimer, sans cesse, sans repos ni relâche,
Frapper cent et cent coups, tout un jour de la hache,
Pour gagner non de l'or, mais un morceau de pain."



   Sources : Les Albums : CPA, Vieux Papiers, Photos originales et inédites, collections à voir dans la colonne de droite.© Textes et Photos Regards et Vie d'Auvergne.Vous pouvez laisser un commentaire au bas de l'article.

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