Le hérisson malheureux.



Certains êtres connaissent
La plus grande détresse :
ce sont… ce sont…
Les hérissons
Qui ont une maîtresse.

Comment faire sa cour,
Risquer une caresse,
Comment faire l’amour
Et le bonheur des filles
Quand on possède un corps tout hérissé d’aiguilles ?
Il faut qu’ils aient l’esprit subtil.
Comment font-ils ?

L’un d’eux souffrit maintes tortures,
Fit épiler ses noirs sourcils,
Ses bras et ses jambes aussi,
Et, pour lisser sa brosse dure
Comme une souple chevelure,imagina
De l’enduire de Gomina Argentina
Il se frotta de cosmétique,
Fut héroïque,
Ne se donna point de repos
Qu’il n’eût fait une raie au milieu de son dos.
Puis s’en alla vers sa belle,
S’étant bien rasé le museau,
Se trouvant beau.

Vous me semblez, dit-elle,
Trop raffiné, efféminé :
Je vous aime bien mieux quand votre barbe pique.
Vous avez, maintenant, l’air d’un petit cochon d’Inde,
 mon cher, ou bien d’un chien bichon,
Et je rêvais d’un porc épique.

Le cœur a ses raisons, nous enseigne Pascal :
Pour un bossu, pour un bancal,
L’amoureuse s’enflamme,
Et, chez les hérissons,
Aussi bien que chez les garçons,
On ne sait comment plaire aux femmes...

 



Sources:Auvergne Littéraire et Artistique, Jean de Quirielle, 1933,Gallica
             © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
             
Le blog de ceux qui aiment l'Auvergne et de ceux qui ne la connaissent pas.





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