Le temple de Vasso, au sommet du Puy-de-Dôme, Auvergne.

Le temple de Vasso.


 
Le temple de Vasso au sommet du Puy-de-Dôme

Lorsque l’aigle farouche, à la serre implacable,
Du vol de l’alouette eut arrêté l’essor,
L’oiseau cher aux guerriers, de son cri lamentable
Attristait notre ciel, mais palpitait encor.

La Gaule aux cheveux blonds ne pouvait être esclave.
Rome la dominait en lui tendant la main
Et nos pères bientôt, vêtus du laticlave,
Vinrent délibérer dans le sénat Romain ;

Et les dieux ennemis du Tibre et de la Seine,
De l’encens des mortels ne furent plus jaloux.
Vaincu par Jupiter, Esus n’eut plus de haine.
Teutatès regarda Mercure sans courroux.

Alors, sur le sommet où le vautour se pose,
Remplaçant le dolmen encor rouge de sang,
Un temple s’éleva superbe et grandiose,
Découpant dans l’azur son beau portique blanc.

     Pour résister au choc terrible des orages,  
Ses murs étaient scellés par des crampons de fer,
Et son fronton sculpté, perdu dans les nuages,
Méprisait la tempête et la foudre et l’hiver.
 
temple de Vasso

Tenture d’Orient, tapis, coupes d’albâtre,
Lampadaires, flambeaux aux reflets opalins,
Sièges d’ivoire, autels en porphyre verdâtre,
Ou mêlant le Paros aux marbres Cipolins.
 

Escaliers de granit, colonnes ioniques,
Exèdres réservés au corps sacerdotal,
Hémicycles, lambris couverts de mosaïques
S’abritaient sous un toit de brique et de métal.


Et plus haut, le colosse, œuvre de Zénodore,
Le Mercure Gaulois, immense et sans pareil,
Rayonnant sur le mont sacré que Phoebus dore,
Le caducée en main affrontait le soleil.

Temple de Vasso; Mercure

Et les peuples nombreux, suivant la large voie,
Aux pieds de la statue apportaient leurs présents ;
Les prêtres de Vasso chantaient l’hymne de joie,
Et dans les trépieds d’or faisaient fumer l’encens.

Mais bientôt, sous le vent des divines paroles 
Du Christ, se conquérant par la grâce et l’amour, 
On vit se dissiper les dieux et les idoles,
Ainsi qu’une fumée au lever d’un beau jour.
 
Temple de Vasso, vestiges

Et le Germain barbare, épouvantant l’empire,
Plus sombre qu’Attila, Krochk, ce fléau de Dieu,
Accourut des déserts du Nord et vint détruire
Le vaste monument par le fer et le feu.
 
Ô temps évanouis ! Ô grandeurs ! Ô désastre !
Le temple merveilleux n’offre plus aux regards
Que des fondations, des tronçons de pilastres,
Des chapiteaux brisés et des fragments épars…




Sources : Poèmes d’Auvergne, Gabriel Marc, 1882.
                  © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
                   Le blog de ceux qui aiment l'Auvergne et de ceux qui ne la connaissent pas.
 
                



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