Le Bateau de Joze

 

Joze, puy de Dôme


Pendant que le soleil à l'horizon se couche,
Dardant ses traits de feu, comme un guerrier farouche,

L'église le clocher en pointe, les maisons
Du village, émergeant parmi les frondaisons,

Se profilent en noir sur la rouge lumière,
Au-dessus du coteau qui borde la rivière.

L'Allier large et profond, aux clairs scintillements,
Semble dans ses flots bleus rouler des diamants.

D'un coté, sur sur ses bords, les saules et les aunes
Ourlent d'un vert léger l'or fin des sables jaunes,

Que le soleil mourant crible de ses rayons.
De l'autre, c'est la plaine aux arides sillons,

Couverte de cailloux, nue ainsi qu'une grève.
Cheminant à pas lents, comme le jour s'achève,

Des paysans portent des bêches ou des faux,
Des femmes aux pieds nus ployant sous leurs fardeaux,

Des bergers ramenant les bêtes du pacage
Viennent prendre le bac pour rentrer au village.

Le bateau primitif les attend, amarré
Prés des poteaux unis en croix de Saint-André,
 
Le pont de Joze

D'où la corde noircie, au dessus de l'eau vive,
S'étend comme un serpent, de l'une à l'autre rive.

Un mat grossier se dresse au flanc du lourd bateau;
Il s'appuie au cordage, et, reflété par l'eau,

Un homme est là, debout, une main sur la barre.
Mais tous sont embarqués, et, dénouant l'amarre,

Le passeur gravement donne un coup d'aviron.
On entend sa voix rude, où se mêle un juron,

Et l'agreste radeau glisse le long du câble.
Charmant tableau ! Les flots, les arbres et le sable

Étincellent. Le globe énorme du soleil
Va bientôt disparaître à l'horizon vermeil.

Les vaches et les bœufs passent l'onde à la nage.
Les uns en mugissants atteignent le rivage,

Les autres , sur les flots, lèvent leurs mufles roux;
Et, du bord, les bergers leur lancent des cailloux.




Sources:Poèmes d'Auvergne,Gabriel Marc, Gallica
               © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
              Le blog de ceux qui aiment l'Auvergne et de ceux qui ne la connaissent pas.

 

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