L'Auvergne sous la Révolution, un procès à Montferrand.

A Montferrand, le 22 Vendémiaire an VII

( 13 octobre 1798 )


CPA Rue de la Rodade à Montferrand Auvergne.

1° Le fils de Georges Roche, boulanger à Montferrand,
2° Etienne Turgaud, dit Ganne, cultivateur au même lieu,
Tous les deux déserteurs des armées de la République.

Sont prévenus de propos et cris tendant au renversement du gouvernement républicain.

   La proclamation de la paix entre l'Empereur et la France et la notification dans les rues de Montferrand de l'arrêté municipal ordonnant une illumination générale en signe de réjouissance, donna lieu à quelques désordres.
   Cette double proclamation avait commencé le 9 brumaire an VI, à 5 heures du soir, et s'était continuée le lendemain vers les 8 heures du matin. Elle était consciencieusement faite par Michel Massis, tambour de la garde nationale, qui, après chaque annonce, levait en l'air son chapeau et criait :

" Vive la République ! "

   A ce chaud vivat poussé sur la place de la Liberté, Etienne Turgaud répliqua avec non moins d'ardeur par ces propos indécents :

   " M.... pour la république ! M....pour les républicains ! Qu'elle aille se faire f..... cette f..... République ! "

Cela fit un mauvais effet, mais on se douta bien qu'il était ivre.

 Arrivé dans la rue de la Roddade, à l'entrecroisement des quatre rues, le crieur public n'eut pas davantage de succès. Le fils Roche, en effet, leva à son tour son chapeau en l'air en vociférant :

" Vire  la République ! M.... pour les mangeurs de boudins ! "

   Ce qui à Montferrand, était considéré comme une injure à l'égard des républicains. 
De plus ce scélérat : 

   " Brava la garde nationale en donnant des coups de bâton contre le coin du mur où elle faisait son service, et il méconnut les magistrats du peuple décorés des marques distinctives de leurs fonctions. "

   Les 3 et 4 nivôse an VI, des mandats d'arrêt furent décernés  contre les deux jeunes gens, mais cette formalité judiciaire n'aboutissait effectivement que lorsque les accusés le voulaient bien. Une femme inconnue répondit à l'huissier chargé de mettre les mandats à exécution, qu'elle ne connaissait pas Trugaud, et la mère de Roche lui promit de :

" Le prévenir quand son fils lui donnerait de ses nouvelles..."

   Le jury spécial fit entre les prévenus une différence notable, car, le 13 octobre suivant, par deux jugements distincts, sa justice distributive acquitta Turgaud  :

" Comme n'ayant pas poussé les cris séditieux qu'il avait proférés dans l'intention de provoquer le rétablissement de la royauté " 

Et condamna Georges Roche à la déportation.


Siégèrent : Durif, président par intérim, Tournaire, 

Mandosse, Mandet et Rougier, juges. 


   Source : Extrait de : Tribunal criminel du Puy-de-Dôme, Marc de Vissac, 1897.

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