Lettre des Dames de Billom à la Duchesse de Berry.



Adresse des Dames de la ville de Billom, en Auvergne, 
à son Altesse Royale 
Madame la Duchesse de Berry.

S.A.R. Duchesse de Berry Marie-Caroline de Bourbon-Siciles.
S.A.R. Duchesse de Berry
Marie-Caroline de Bourbon-Siciles.





En protestation, de leur part, contre son arrestation et sa détention.














  Auguste Princesse, objet sacré de notre vénération et de notre amour.

   A la première annonce de votre arrestation, et de toutes les circonstances qui ont précédé et suivi, nous avons été plongées dans la consternation et dans la douleur la plus profonde.

   La plaie que l'horrible assassinat de votre auguste époux avait faite sur nos cœur, s'est rouverte ...; elle saigne encore...; Notre douleur profonde se renouvelle...; nos larmes ne tariront pas.

   Auguste Princesse, le nouvel événement de votre arrestation finit de nous accabler...; il s'empare de toutes les facultés de notre âme.

   Tous vos malheurs nous sont présents comme à vous-même...; ils nous déchirent le cœur...; nous désirerions, nous toutes, partager votre captivité... pour jouir de votre auguste présence.

   Que ne pouvons-nous être admises pour otages et vous rendre la liberté !

   Vénérable Princesse, ce qui seul est capable de porter quelque adoucissement à notre profonde douleur, c'est la considération du courage surnaturel et héroïque que vous avez déployé dans votre glorieuse entreprise.

   Votre grand objet a été de sauver la France, dont tous les intérêts vous sont chers.... Vous avez voulu prévenir l'invasion dont vous avez vu qu'elle était menacée... Enfin, au nombre de nos vœux, vous avez manifesté le grand vœu, celui de faire revivre le loi fondamentale de l'état, celui de la succession légitime et directe au trône...; succession que le crime le plus affreux avait tranché dans sa racine...; droits sacrés qu'une révolte sanguinaire, astucieusement préméditée et concertée depuis longtemps, vient de compromettre, le tout par la force et la violence contre le droit.

   Vertueuse Princesse, votre héroïsme vous met au-dessus de toutes les femmes...; et votre tendresse maternelle vous met au-dessus de toutes les mères...; Vous êtes l'exemple et le modèle de toutes...; croyez qu'à ce double titre vous régnez sur tous nos cœurs... Nous vous jurons l'amour et la fidélité la plus incorruptible, daignez en agréer l'hommage.

   Hélas ! à la vue du courage héroïque et surnaturel que vous venez de déployer, malgré tous les dangers auxquels vous saviez que vous vous exposiez, qui pourrait ne pas voir que votre mission est toute céleste...? 

   Qu'une inspiration toute divine vous dirige et vous conduit ? Il n'y a que vos cruels ennemis, les impies et les irréligieux, qui ont renié leur Dieu, qui puissent ne pas se rendre à cette conviction.

   Par toutes ces puissantes considérations, nous toutes, d'un commun accord, nous déclarons en face du ciel et de la terre, que nous réclamons et que nous protestons, tant contre votre arrestation que la détention de votre auguste personne.


D... D...

( A la minute sont les signatures)

Histoire d'Histoire :

   Née le 5 novembre 1798 près de Naples,  Maria Carolina Ferdinanda Luisa Di Borbone, elle épousa en 1816 Charles Ferdinand d'Artois, Duc de Berry, celui-ci fut assassiné le 13 février 1820 lors d'une représentation théâtrale à l'Opéra de Paris. Le Duc était, semble-t-il, plus là pour admirer une de ses nombreuses conquêtes sur la scène que pour le spectacle lui-même, malheureusement le destin voulu qu'il tomba sur son meurtrier : Louis Louvel.
 En 1832, Marie Caroline se présentant comme future régente, pour son fils, elle tenta de remettre la monarchie sur le trône de France, mais sans succès. Elle espérait le soutien des Girondins et des Vendéens pour remettre la Couronne en place, mais, comme on le comprend dans ce texte c'était surtout ici, en Auvergne, que se trouvait une partie de ses plus fidèles admiratrices.  Aventurière, libre, un peu provocatrice, on eut aussi noter que celle-ci fut une ardente "défenseuse" de la place de la femme dans la société, aujourd'hui on dirait, une féministe, étant même à l'origine du raccourcissement des robes, des premiers bains de mer et des stations thermales. 
En Auvergne, elle demeura quelques temps au château d'Effiat après l'assassinat de son mari, une pierre gravée en témoigne près du Domaine Royal de Randan propriété de la Princesse Adélaïde d'Orléans.




 


Sources : BNF Gallica, Vous pouvez laisser un commentaire au bas de l'article.


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