1780, L'Assemblée provinciale du Puy-de-Dôme honore
Robert Heyrauld, du Crest.Auvergne, Le Crest, près de Saint-Amand-Tallende, l'église et le village. |
Pour couronner dignement ses résolutions bienfaisantes, l'Assemblée, obéissant aux vœux de la province entière, voulut rendre hommage à la charité éprouvée et reconnue d'un de ses membres les plus modestes : Robert Heyrauld (1), bourgeois du Crest. Par un vote d'acclamation, elle décida qu'elle solliciterait pour lui, le cordon de l'Ordre de Saint-Michel.
Après avoir été pendant quelques temps intendant du seigneur
d'Opme, Robert Heyrauld (né à Clermont vers 1712) était
venu s'établir au village du Crest. Là, dans
uns maison qu'il avait fait bâtir et qui existe encore, il donnait libre
cours à son humeur charitable et bienfaisante. Rebouteur des plus habiles,
expert dans l'art de guérir les luxations et les foulures, de raccommoder
les membres cassés, aussi désintéressé qu'humain, il ne se contentait pas de
courir les campagnes et d'aller où on l'appelait. De sa maison, il avait
fait un Hôpital où il soignait gratuitement et nourrissait à ses frais
autant d'éclopés que ses appartements pouvaient en contenir.
De toutes les extrémités de l'Auvergne, dit
Legrand d'Aussy qui avait pu s'en convaincre, on vient au
Crest implorer ses soins, et très-souvent on y a vu cinquante ou
soixante personnes à la fois, qui toutes lui disaient comme jadis les
malades à Jésus :
" Maître, guérissez-nous !"
Et, quand sa maison ne suffisait pas, il les logeait dans d'autres maisons
du village.
" Jamais, dit Legrand d'Aussy, il n'a refusé un pauvre. Sa femme et
son fils le secondent dans son inépuisable bienfaisance. On croirait voir
une famille d'anges sur la terre.
Appuyée sur un pareil dévouement à l'humanité, la popularité de
Robert Heyrauld était immense. Aussi en se l'adjoignant comme
collègue, et ensuite en demandant pour lui une distinction honorifique, les
membres de l'Assemblée provinciale n'avaient-ils fait que subir l'ascendant
de l'opinion publique.
Quel fut le sort de cette demande formulée par l'Assemblée
provinciale ? Nous avons le regret de le dire, la demande n'aboutit
pas.
A plusieurs reprises, après la session terminée, la Commission
intermédiaire sollicita instamment du Gouvernement une solution conforme au
vœu de l'Assemblée provinciale (2). Plusieurs fois, le président,
M. de Beaune, alla lui même recommander aux ministres cet homme
qu'une province entière acclamait comme un bienfaiteur. Démarches inutiles,
Robert Heyrauld était de trop basse extraction, et c'était déjà bien
de l'honneur qu'on lui avait fait en l'appelant à siéger dans l'Assemblée
provinciale. On ne soucia pas autrement de l'émotion populaire qu'un tel
refus pouvait produire.
Il a été fait lecture, dit le procès-verbal des délibérations
de la Commission intermédiaire, séance du 25 août 1788, il a été fait
lecture d'une lettre, de M. Laurent de Ville-Deuil du 23 du présent,
par laquelle ce ministre annonce qu'il a rendu compte au Roi de la
délibération que la Commission avait prise, le 24 juin dernier, au sujet du
sieur Heyrauld, pour lequel l'Assemblée provinciale demande des
lettres de noblesse. Sa Majesté a vu avec satisfaction le zèle avec lequel
l'Assemblée provinciale et le Commission intermédiaire s'empressent
d'encourager ceux qui se rendent utiles à leurs semblables, mais elle a
considéré que, quelque recommandables que soient les services du sieur
Heyrauld, ils ne sont pas de la classe de ceux qui méritent une
distinction aussi précieuse que celle de la noblesse, et que l'Assemblée
provinciale, après avoir admis ce vertueux citoyen au nombre de ses membres,
ce qui est déjà très honorable pour lui, pourrait peut-être trouver, dans
les moyens qui sont à sa disposition, celui de le récompenser encore en
délibérant à chaque tenue la remise qui lui serait faite d'une somme
quelconque pour ajouter aux actes de bienveillance qu'il exerce. Ce ministre
prie la Commission de communiquer sa lettre à l'Assemblée provinciale, afin
de lui faire connaitre les intentions de Sa Majesté. Arrêté que la lettre
demeurera déposée aux archives, et qu'elle sera communiquée à L'Assemblée
provinciale lors de sa prochaine tenue.
1) Robert Heyrauld, né en 1712, il est mort en 1795 dans sa propriété des
Domeries, commune de Flat, près d'Issoire.
2) L'Assemblée provinciale de la généralité de Riom siégeait à Clermont,
elle pris fin en décembre1787 sur ordre du Roi, elle laissa la place à la
Commission intermédiaire.
Sources : texte extrait de : Chroniques et essais de la
Révolution dans la ci-devant Basse-Auvergne, de F. Mège 1867. © Textes et
Photos Regards et Vie d'Auvergne. Vous pouvez laisser un commentaire au bas de
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