Un Auvergnat incroyable, faux Louis XVII.

Louis XVII
Louis XVII

Victor Persat, l'Auvergnat faux Louis XVII (1).








Ndlr : voici une incroyable histoire à dormir debout : un Auvergnat vraiment pas comme les autres.

 " Né à Ennezat ( Puy-de-Dôme ), le 10 décembre 1790, Auguste-Victor Persat était le plus jeune des cinq fils d'Antoine Persat et de Jeanne Cahuzac.
Son père, originaire des environs de Lezoux, avait eu une existence assez mouvementée pour l'époque. Parti fort jeune pour l'Amérique en qualité d'ouvrier forgeron, il avait fini par s'établir à Saint-Domingue et y avait amassé en peu de temps une fortune relativement considérable. Revenu dans sa province natale, il s'était
installé à Ennezat où il avait fait l'acquisition de plusieurs immeubles importants.
Victor Persat, à l'exemple de trois de ses frères, adopta la carrière des armes. A l'âge de 17 ans, il entra dans le 25e régiment de chasseurs à cheval ; il passa ensuite dans le 29e et, plus tard, dans la Garde Impériale. Il fit plusieurs campagnes dans ces divers corps. Une blessure qu'il reçut à la tête et le froid qu'il eut à endurer pendant la campagne de Russie amenèrent un dérangement sensible dans ses facultés mentales.
   Mis en demi-solde en 1816, il rentra dans sa famille à Ennezat.
   Pour s'occuper, il essaya d'abord de l'agriculture et se mit  faire valoir les terres que son père lui avait laissées. Mais son exploitation ne pouvait être bien productive ; il passait une partie de son temps à boire ou à courir la campagne, galopant à cheval sans utilité, sans but arrêté. D'autres fois, il conduisait lui même au marché les produits de son domaine, à Clermont ou à Riom ; puis, après en avoir touché le prix, il le dépensait aussitôt soit en libations au café, soit en largesses populaires. Les rapports de police constatèrent, en effet, que plusieurs fois il fut vu se promenant à cheval dans les rues de Clermont et jetant à pleines mains son argent aux passants.
Un peu plus tard, il vendit tout ce qu'il possédait à Ennezat, et acheta, pour y habiter, une petite propriété à Persignat, commune d'Aubiat, près d'Aigueperse. Il la revendit bientôt.
   Toujours en route, il allait et venait d'auberge en auberge, tantôt à Gannat ou à Aigueperse, tantôt à Riom ou à Clermont, gaspillant sans compter ce qu'il lui restait de son patrimoine. Partout il parlait et gesticulait sans aucune retenue, déclamant à tout propos contre le Gouvernement des Bourbons. Dans les derniers mois de 1817, il se fit emprisonner plusieurs fois, notamment à Gannat et à Clermont. Dans cette dernière ville, il avait parcouru les rues à cheval en tirant des coups de pistolet et en criant : 
" Vive l'Empereur ! "
Il fut à chaque fois relâché comme ayant l'esprit quelque peu dérangé et n'ayant d'ailleurs causé aucun préjudice à personne.
Justement alarmée de ces extravagances réitérées, la famille de Victor Persat chercha à l'éloigner du pays et lui persuada de s'embarquer pour l'Amérique, où déjà un de ses frères était allé chercher fortune.
   Persat quitta le département du Puy-de-Dôme vers le mois d'octobre 1817 et se dirigea sur Cherbourg, où il fit viser son passeport pour Londres. Mais, au lieu de partir, il se mit à parcourir la Normandie, prenant tantôt la qualité de marchand de grains, tantôt celle d'ancien soldat de la Garde Impériale. Il se fit emprisonner une fois pour avoir arrêté un voyageur prés d'Honfleur et l'avoir forcé à crier :
" Vive l'Empereur ! "
   Mais il fut renvoyé faute de preuves. Il voulu ensuite s'engager dans les Dragons du Calvados en garnison à Châteaudun. Le colonel refusa de le recevoir. Ses allées et venues sans motif apparent finirent par donner de l'ombrage aux autorités du pays, et l'on était à chercher les moyens de le faire partir, lorsqu'il disparut.
   Vers la fin de 1818, on le retrouve à Ennezat, de retour de ses pérégrinations. Dans l'espoir de la retenir, en le soumettant à une discipline sévère, ses parents faisaient alors des démarches pour qu'il pût entrer dans la Garde Royale. Malheureusement, l'autorité militaire ne voulut pas se charger d'une pareille recrue. Victor Persat continua donc de vagabonder à sa guise, parcourant, le fusil sur l'épaule, les communes du canton d'Ennezat et des cantons voisins. Le 20 mai, le brigadier de gendarmerie de Cunlhat, allant à Riom pour affaires de service, rencontra Persat sur la route de Vertaizon. Voyant un homme porteur d'un fusil, il lui demanda son permis de port d'armes. Pour toute réponse, il reçoit un coup de feu qui le blesse grièvement. Traduit pour ce fait devant la Cour d'Assises, Persat eut la chance d'être défendu par un avocat persuasif, M. Taillaud, et il fut acquitté le 19 novembre 1818.
   A la suite de ce procès, la famille Persat n'eut plus qu'un souci, se débarrasser à tout prix d'un personnage compromettant et aussi dangereux. Cédant enfin aux instances ou aux menaces de ses proches, Victor Persat se décida à partir et s'embarqua pour l'Amérique.
   Ayant, après plusieurs péripéties, relâché à la Havane, il eut à subir des vexations et des avanies de la part des autorités espagnoles. Ces persécutions produisirent sur sa faible raison en effet déplorable. C'est à la suite de cet incident, vers 1821, qu'il eut, disait-il plus tard, la révélation de sa qualité véritable de fils de Louis XVI. Il raconta dès lors qu'il avait été enlevé de la prison du Temple au mois de février 1793, par un joueur d'orgue qui le cacha dans sa caisse et mit à sa place un enfant du même âge. De la caisse du joueur d'orgue il passa ensuite dans la boite d'un colporteur qui le fit ainsi arriver à un château situé à trois lieues de Riom. Là, on lui fit prendre un breuvage destiné à le rendre muet, et on le substitua à un enfant appelé Victor Persat, dont il usurpa le non et la place. A dix ans, la parole lui fut rendue parce qu'on cessa de lui administrer le breuvage qui produisait le mutisme. A dix-sep ans, il s'engagea dans la cavalerie, et fut, après la retraite de Moscou, pensionné sous le même nom emprunté de Victor Persat.
   Ayant ainsi, grâce aux confidences tardives de prétendus libérateurs, reconstitué son véritable état civil, Persat passa aux Etats Unis. Là, il écrivit dans les journaux différentes lettres qu'il signait du nom de : Charles X, Roi de France et Duc de Navarre, et envoya même des communications au Congrès de Washington, qui, dit-il, lui fit fort bon accueil. Il faisait encore parler de lui en 1824, et promettait des mémoires qui n'ont jamais vu le jour. Plus tard, il lança des proclamations dont on retrouverait le texte dans les journaux français du temps.
   Enfin, il s'avisa de vouloir se faire reconnaître dans son pays, et il quitta New-York pour venir réclamer devant toute la France sa qualité de Roi.
A peine débarqué au Havre, il fut mis en prison, et ensuite, en 1829 à Bicêtre. Il n'y resta guère qu'un an et trouva le moyen de s'évader au mois d'octobre 1830.
Nous ne savons ce qu'il devint alors.
   Huit ans après, au mois d'octobre 1838, il fut enfermé de nouveau dans le même hospice, pour en sortir encore au bout de quelques mois.
   Revenu en Auvergne, un peu calmé par l'âge et les privations, il mena une existence à peu près paisible, allant parfois dans les villages montrer la lanterne magique aux enfants. Il est mort, parait-il, il y a environ vingt-cinq ans (1861), ne se souvenant plus de sa Royauté imaginaire. "
 Francisque Mège.



1) Louis XVII : " Le nombre est assez grand des charlatans ou des maniaques qui ont voulu se faire passer pour le dauphin  Louis XVII. Il en a paru en Allemagne, en Angleterre, en Amérique, mais surtout en France. Dans son intéressant travail intitulé : les faux Louis XVII M. de la Sicotière en compte une trentaine. De son côté, l'historien de Louis XVII, M. de Beauchesne, dit, dans une lettre du 18 mai 1862 :
" Mme la Dauphine m'a fait dire dans le temps qu'il y avait vingt-sept Louis XVII qui lui avaient écrit en lui donnant le nom de "soeur" 




   Sources : Originaux et excentriques d'Auvergne, Francisque Mège, 1886.  Vous pouvez laisser un commentaire au bas de l'article.


Commentaires

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