Beaumont, Puy-de-Dôme.

 23 pluviôse an VI (11 février 1798).


François Peghoux, jardinier à Clermont, âgé de 26 ans.
Est prévenu d'avoir, par ses discours, provoqué le rétablissement de la Royauté, la dissolution de la représentation nationale et le massacre des Républicains.

   Voici une formidable accusation pour quelques divagations d'un "pochard".

   François Peghoux avait commencé sa journée, le 16 brumaire an VI, à cinq heures du matin, en allant absorber pour cinq sous d'eau-de-vie dans un cabaret près de la Fontaine de la Pucelle, à Clermont. Il avait ensuite avalé deux litres de vin, avait fait demandé 6
francs à sa mère par un camarade, et s'était rendu à Beaumont en faisant de fréquentes stations dans les guinguettes sur la route.
   A huit heures du matin, nous le retrouvons attablé dans l'auberge de Jean Daureyre, pérorant à tors et à travers en racontant toutes les insanités qui troublent, parfois, les cerveaux trop échauffés.
   Il arrivait, disait-il d'un air de mystère, de Paris et de Lyon, où il avait bu avec les émigrés : dix mille de ceux-ci marchaient sur la capitale, six départements s'étaient soulevés pour les soutenir, on organisait une nouvelle Vendée, l'insurrection deviendrait générale, la Convention allait sauter, il y aurait bientôt un Roi qui ferait sa résidence à Lyon. Les nobles l'avaient chargé de relever, dans le Puy-de-Dôme, la liste des patriotes dont on devait se défaire, l'agent municipal de Beaumont lui avait remis une liste de quarante noms, et, maintenant, il allait continuer ses recherches à Romagnat, Aubière, Chanonat, etc.

  Prévenu et effarouché du rôle qu'on lui prêtait, l'agent municipal, Jacques Pageis, qui travaillait dans sa cave, accourut, se saisit de l'ivrogne et l'amena incontinent devant le juge de paix de Beaumont le citoyen Marc-Antoine Fouquet-Lomboy, qui ne put obtenir de son prisonnier une réponse à peu près sérieuse que ...le lendemain.
   Il n'y avait dans toutes ces histoires rien de vrai, et la conspiration devait se dissiper avec les fumées du vin, néanmoins, on traita le pauvre diable en grand criminel. François Cothon décerna contre lui un mandat d'arrêt, le jury spécial fut convoqué et tout ce qu'il consentit à faire, le 23 pluviôse, en faveur de l'accusé, fut de lui accorder des circonstances atténuantes.

   En conséquence, François Peghoux fut condamné à la déportation.


(Défenseur officieux : Huguet, homme de loi à Clermont.)
Siégeaient : Prévost, président; Chapsal, Mandet, G. Rougier et Astier, juges.





Sources: le tribunal criminel du Puy-de-Dôme, Marc de  Vissac 1897.
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