La grande pitié de Noël.
Noël des pauvres |
Noël ! La fête de la tradition, que célèbre aussi bien le fidèle que l'incrédule !
La fête du Christ pour certains, mais pour tous la fête de la famille !
Quelle évocation !
L'aïeul est assis à la table familiale, entouré de ses fils et de ses petits-enfants.
Les fronts sont graves mais sereins. Toute querelle s'apaise ! L'atmosphère est de Paix, de Fraternité et d'Amour !
Noël !
Le monde n'est-il pas notre grande Famille ? Les peuples ne devraient-ils pas oublier en ce jour leurs haines, et leurs discordes, faire taire leurs jalousies, étouffer leurs nouveaux désirs ?
Ne devraient-ils pas se promettre de S'AIMER... enfin ?
HELAS!
Pour la cinquième fois, Noël revient depuis le dernier coup de canon de la guerre. Et qu'a-t-on fait pour la Paix de ces peuples, créés cependant pour s'aimer, pour s'aider et que l'on ne pousse qu'à haïr ?
RIEN
Plus encore qu'avant les capitalismes rivaux excitent les masses ! Ils les poussent à se détester et à se battre... toujours à leur profit.
C'est la grande pitié de Noël !
Du luxe, des lumières, des fleurs, des musiques, c'est la fête, cinq ans sont passés ! Mais le monde a-t-il jamais cessé de ripailler ce jour-là, même aux heures les plus tristes de la guerre ?
NOËL !
Dans la zone rouge, les ruines s'allongent encore, lamentables, sinistres, sous l'œil glacé de la lune de décembre. Point de maisons, des masures démolies, des gites de fortune, en bois, en papier, en tôle ! Les sinistrés fêtent Noël en se rappelant, en pleurant ! Les vautours sont passés par là. Ils se sont enrichis de ces ruines, et se gobergent en cette nuit trépidante dans les palaces trépidants !
C'est la grande pitié de Noël !
Des ombres rodent dans les rues, faméliques. Elles grelottent sous des hardes légères. Elles tremblent, elles ont faim. L'odeur de la fête les attire. Et derrière les glaces, même pas voilées, sans pudeur, elles peuvent contempler les riches, ou ceux-là qui font semblant de l'être. Femmes parées, tangos, champagne !
C'est la grande pitié de Noël !
Le pain augmente, les truffes étaient payées jadis moins cher qu'aujourd'hui, les pommes de terre, la viande vaut son pesant d'or. Une pelletée de charbon est un luxe. Monsieur Chéron, pléthorique, se réjouit et sourit d'aise, il sera réélu par son collège d'électeurs paysans.
Et dans les logements tellement chers, mais si petits, toute la nichée tient mal à l'aise ! La tuberculose rode par là. L'ouvrier, le petit employé, à cinq cents francs rêvassent, à quoi ? Ils pensent que c'est Noël, et qu'autrefois on faisait réveillon même chez les humbles !
C'est la grande pitié de Noël.
Et nous sommes toujours en guerre. Guerre économique peut-être, mais qui exige tout de même des mitrailleuses, des canons, quelquefois du sang.
Et dans la Ruhr nos petits soldats montent la garde dans la boue froide, sous le ciel noir et lugubre de l'est.
C'est la grande pitié de Noël.
Ah ! Christ ! Qu'elle soit vraie ou légende, que d'enseignements devraient cependant nous apporter ton histoire !
Paix sur la terre à tous les hommes de bonne volonté !
Paix à tous les travailleurs. De part et d'autre des frontières des hommes souffrent. Qu'ils se tendent enfin la main !
AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES, et pourquoi pas ?
Et si vous devez avoir une haine, qu'elle soit commune, et confondez-y seulement ces affameurs, eux-mêmes affamés d'or, à la mêlée, et qui, eux, ont su faire une internationale, mais pour leur seul profit, pour la satisfaction de leurs ignobles instincts.
Ah ! Peuples ! Puisse mon vœu devenir un jour une vivante vérité. Quelque langue que vous parliez, quelque pigmentation qui vous colore, unissez-vous fraternisez !
Et travaillez ensemble, tous, pour l'Œuvre commune de Vérité et d'Amour, l'Œuvre de Paix, l'Œuvre de Vie.
Georges Barthélémy, député.
Sources : Texte de G. Barthélémy, © Regards et Vie d'Auvergne. N'hésitez pas à laisser un commentaire ou à vous abonner aux publications du blog, au bas des articles. Merci de votre visite et à bientôt.
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