Les chiens de Jeannine, conte de Noël.


Les chiens de Jeannine. 



Jeannine.   C’était un soir, un soir ordinaire, dans un petit village ordinaire, posé simplement dans un creux de la Limagne Auvergnate.
Un de ces soirs d’hiver avant Noël ou la bise s’engouffre dans les petites rues et fait  tourbillonner les flocons blancs, battre les volets et attise les braises dans la cheminée. Comme tous les soirs, Jeannine, une dame du village commençait son repas, quelques morceaux de pain tirés de la couronne, trempaient dans un grand bol de soupe fumante,  quand soudain, un chien couché sur une couverture sous le téléviseur et en face du poêle à mazout leva la tête et dressa les oreilles :

 -Tu as senti la soupe ! Lui dit la dame.

Mais il se leva, en grognant, aussitôt suivi par un autre congénère, qui lui, sauta du canapé, et se dressa sur ses pattes, les oreilles en arrière, aboyant avec rage :

-Et bien, vous avez peur du vent maintenant ! Lança la dame entre deux cuillères.

Entre les aboiements furieux des chiens, trois coups forts se firent entendre sur la porte :

- Diable ! Qui cela peut-il bien être… à cette heure, le clocher de l’église voisine avait déjà lâché les trois salves des vêpres depuis un bon moment, la manière de frapper n’était pas celle de quelqu'un de connu, ni même du village pour que les chiens ne le reconnaisse pas.
Resserrant son tablier, et ajustant les peignes dans ses cheveux blancs, elle alla prudemment entr'ouvrir la porte, un homme apparu faiblement dans la lumière jaune de l’ampoule crépie de neige :

-Bonsoir madame, lança l’homme, je ne voudrais pas vous déranger, mais je suis Michel ……, et je suis le nouveau curé de votre paroisse depuis que le brave père …….. est parti à la retraite. Je fais le tour de mes nouveaux paroissiens pour me présenter d’abord, et puis aussi pour les connaître.

   La brave dame, surprise par cette visite tardive, reste méfiante malgré les propos rassurants de l’homme et ne sait comment couper court à cette conversation et ainsi échapper à cette visite qui l’embarrasse un peu.
Elle respecte bien-sûr la religion, mais ne voudrait surtout  pas être une de ces grenouilles de bénitiers comme elle en connaît, alors entendre les « boniments » non merci ! Et puis, il y a la soupe qui refroidie, les chiens qui n’arrêtent pas… Alors, elle dit à l’homme :

-Bonsoir monsieur l’abbé, je vous remercie mais  je ne peux pas vous laisser entrer car comme vous le voyez j’ai des chiens, et ils ne sont pas très « Catholiques » !

    Lorsque cette dame me raconta l’histoire le lendemain, je ne pus m’empêcher d’éclater de rire, à sa grande surprise.
 Elle aussi reconnu vite sa « bourde » et en rit avec moi.
   Mais elle n’était pas pour autant rassurée et un peu honteuse  de son comportement, le curé allait-il lui en vouloir ? Allait-il la considérer comme une mauvaise paroissienne qui n’a pas ouvert sa porte à un inconnu un triste soir d’hiver… ?

   Heureusement non, le brave curé eut très vite la preuve du contraire, il savait déjà qu'on ne juge pas les gens sur une parole, la dame si charitable avec ses chiens l’était tout autant avec les gens et ouvrait toujours sa porte et son cœur à qui en avait besoin.



Joyeux Noël.






Sources : Texte tiré d'une histoire vraie.
                © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
                 https://www.regardsetviedauvergne.fr/
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