Le Noël de la Cloche Endormie
Conte auvergnat
Dans le petit village de La Roche-sur-Sioule (village imaginaire), blotti entre les sapins givrés et les coulées de lave pétrifiées, on racontait depuis toujours l’histoire d’une cloche mystérieuse. On l’appelait la Cloche Endormie.
Elle reposait dans le clocher roman de l’église, massive, sombre, couverte de motifs anciens. On disait qu’elle ne sonnait que les nuits de Noël, et seulement si le village avait su garder son esprit de solidarité.
Mais depuis des années, la cloche restait muette.
La veille de Noël
Cette année-là, la neige tombait dru sur les toits de lauzes. Dans la maison du vieux Baptiste, ancien berger des Combrailles, la cheminée ronflait. Sa petite-fille Louise, venue de Clermont pour les vacances, l’écoutait raconter les légendes du pays.—
"Pépé, pourquoi la cloche ne sonne plus"
"Parce que les gens pensent trop à eux, ma petite. Une cloche, ça a besoin de cœur pour vibrer."
Louise, qui avait le cœur grand comme un buron, décida qu’elle ferait tout pour réveiller la cloche.
La quête de Louise
Le lendemain, elle partit dans le village enneigé. Elle aida la boulangère à porter ses pains, dégagea le chemin du voisin, apporta du bois à la vieille Margot qui vivait seule près du lavoir. Chaque fois, elle recevait un sourire, un merci, un regard attendri.
Le soir venu, tout le village parlait de cette petite fille qui réchauffait les cœurs mieux qu’un feu de cheminée.
Minuit à l’église romane
À minuit, les habitants se rassemblèrent dans l’église. Le curé leva les yeux vers la cloche silencieuse.
— Peut-être que cette année… murmura-t-il.
Louise, émue, ferma les yeux et pensa à tout ce qu’elle avait vu : les mains ridées de Margot, le rire du boulanger, la neige qui brillait comme des étoiles tombées sur la terre d’Auvergne.
Alors, un souffle léger traversa la nef. Un frisson parcourut les murs de pierre volcanique.
Et soudain…
BOOOONG… La Cloche Endormie venait de se réveiller.
Un miracle simple, comme l’Auvergne
Les habitants se regardèrent, émus. Ils comprirent que ce n’était pas la magie d’un conte, mais celle de la bonté partagée.
Louise sourit à son grand-père.
— Tu vois, pépé… il suffisait d’y croire. — Non, ma petite. Il suffisait d’aimer.
Depuis ce jour, chaque Noël, la cloche sonne. Et dans le village de La Roche-sur-Sioule, on dit que tant qu’un cœur généreux vivra en Auvergne, la Cloche Endormie ne se rendormira jamais.
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