Automne.
L'automne, cette année, a des douceurs d'avril,
Le chant voluptueux d'un jeune été qui rêve,
Et ce charme attendri de déclin où s'achève
L’éphémère beauté qui pressent le péril.
Les bouleaux ont doré leurs longues chevelures,
Et l'éclat fulgurant de leurs fauves toisons
Retient, captive et fière, aux amples frondaisons
La pourpre du soleil saignant dans les ramures.
"Vous êtes des joyaux faits de lumière d'or
Bouleaux, frissons légers de paillettes qui tremblent
Et vous, sequins d'argent aux ramilles des trembles,
Des colliers scintillants pour un Conquistador !"
Et les longs peupliers sur leurs quenouilles fines,
Avec un bruit léger filent un réseau clair,
Un voile délicat, pour abriter de l'air
Notre maison frileuse entre ses deux collines.
Pourtant bientôt, demain ! Dans un souffle mortel
Les fuseaux tomberont au sable des allées,
Les joyaux rejoindront les choses envolées
Et le cœur poursuivra son mirage éternel.
Non ce n'est pas l'avril avec ses grâces mièvres,
Ni l'été rayonnant avec son goût de fleurs,
Car dans l'air imprégné d'amertume et de pleurs,
Automne, j'ai senti ton baiser sur mes lèvres...!
M.T. Mazelreix-Tallon.
Sources: Auvergne Littéraire Artistique et Historique, 1934.
© Regards et Vie d'Auvergne.
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