Le navet.


 
   Un pauvre jardinier avait cultivé dans son enclos un navet dont la grosseur surprenait tout le monde.

–« Je veux, dit-il, en faire hommage à notre bon seigneur, car il aime à voir les jardins et les champs bien cultivés. »

En conséquence il porta le navet au château. Le seigneur loua l’industrie et la bonne intention du pauvre horticulteur, et lui fit présent de trois pièces d’or.
Un paysan du même village, fort riche et non moins avide, eut connaissance de cela :

-« Je veux, dit-il, aller offrir mon plus beau mouton à Monseigneur ; s’il donne trois pièces d’or pour un misérable navet, combien n’estimera-t-il pas un si bel animal ? »

Il conduisit au château le mouton qu'il tenait attaché par une corde, et pria le seigneur de vouloir bien l’accepter. Celui-ci, devinant le motif de cette feinte générosité, refusa d’abord le présent ; mais le paysan le supplia de ne pas dédaigner son hommage. Le sage châtelain lui dit alors :

-« Eh bien ! Puisque vous m’y forcez, je consens à le recevoir, mais, comme je ne veux pas me laisser vaincre en générosité, je veux en récompense, vous faire un cadeau qui m’a coûté trois fois la valeur de votre mouton ! »

Là-dessus, il donna au paysan interdit et désappointé le gros navet que celui-ci connaissait parfaitement.

Moralité :

Au cœur franc, généreux, on doit reconnaissance ;

Un don intéressé, n’obtient qu’indifférence …!



Sources: La Morale Enfantine, A. Bordot,
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