Les nouvelles de Clermont-Ferrand selon le "Canard Clermontois" de 1923.

 Le Canard Clermontois.

21 avril 1923
Clermont-Ferrand place de Jaude 1923

Merci à tous :

   Le "Canard" ne s'adresse qu'aux gents d'esprit, disions-nous samedi dernier. A en juger par le nombre de ceux qui ont bien voulu nous témoigner spontanément leurs sympathies dès le premier jour, il y a à Clermont et dans notre département beaucoup moins de sots qu'on l'aurait pu craindre.
   Agréablement surpris par cette constatation et profondément touché des ces sympathies le "Canard" va donc faire tous ses efforts pour se montrer digne de l'intérêt dont il est l'objet.
   Que nos deux grands confrères "La Montagne" et "l'Avenir" qui ont cru devoir, en nous souhaitant la bienvenue, faire des vœux pour la réalisation de notre programme reçoivent ici nos meilleurs remerciements, l'assurance formelle que nous ne faillirons pas à nos promesses.
   Le "Canard", nous le répétons bien haut, n'a aucun fil à la patte.
   Amis lecteurs, faites lui donc confiance, vous ne le regretterez pas.
  G. Fournier.

Ndlr : quelques nouvelles extraites du journal :

M. le Maire a peur d'une terrible explosion.

Il interdit qu'on remette les vitraux de la Cathédrale...


Cathédrale de Clermont-Ferrand
Cathédrale de Clermont-Ferrand

   On sait que les vitraux de la Cathédrale, enlevés au cours de la guerre, à un moment où l'on redoutait une explosion des Gravanches, devaient être remis en place très prochainement.
   Les quelques quinze mille francs nécessaires étaient depuis quelques jours déjà dans l'escarcelle de M. du Ranquet qui a généreusement pris l'initiative de faire appel à nos bourses et tout était prêt, les ouvriers n'attendaient plus qu'un signal pour commencer les travaux.
Or, voici que sur un ordre venu hier de l'Hôtel-de-Ville, les travaux ont été soudain décommandés et ajournés à une date indéterminée.
   D'une enquête rapide à laquelle nous nous sommes aussitôt livrés, comme c'était notre devoir, il résulte que c'est de la crainte d'une explosion bien plus terrible que celle des Gravanches que M. Dr Marcombes aurait décidé de rapporter l'autorisation précédemment donnée.
   Le premier numéro du "Canard" aurait dit M. le Maire é déchainé dans tout Clermont de tels éclats de rire qu'y a tout lieu de supposer que le deuxième et le suivant provoqueront une véritable explosion à laquelle rien ne résistera. La prudence la plus élémentaire me commande donc de prendre toutes précautions en conséquence...
   Ce faisant, M. Marcombes piétine un peu lourdement la modestie du "Canard" mais au nom de tous les gens d'esprit qui nous lisent et même en celui des quelques imbéciles qui ne nous liront jamais, nous applaudissons de tout cœur à son geste de sereine prudence, d'autant plus que ce geste là, au moins, ne coûtera rien au contribuable !
 

MM. les Coiffeurs vont lâcher le rasoir pour prendre le fusil :

   Le "Canard" avait annoncé samedi dernier que ceux qui n'avaient pas su profiter de l'occasion de ce faire raser gratis pendant la grève ne tarderaient pas à le regretter. Le "Canard" était bien informé.
   Les patrons coiffeurs viennent, en effet, de décider d'augmenter leurs tarifs dans le plus bref délai.
   Pour se faire couper les "tifs" il en coûtera donc désormais la bagatelle de 2 francs cinquante et dans les maisons de premier ordre il faudra 25 sous pour se faire gratter la barbe.
   Que ceux qui ne sont pas disposés à payer ces prix exorbitants se hâtent donc de profiter du tuyau et qu'ils courent se faire raser et tondre pour le reste de l'année.
   A moins qu'ils préfèrent venir tout simplement nous offrir l'apéro, moyennant quoi, nous leurs donnerons gratuitement l'adresse d'un coiffeur honnête et avisé qui les rasera demain comme hier sans les écorcher ! 

Tribune pour tous

   Comme nous l'avions prévu, les lecteurs du "Canard" ont accueilli avec empressement l'offre que nous leur avons faite de mettre nos colonnes à leur disposition pour y signaler des abus et émettre les critiques qu'il leur plaira.
   Du volumineux courrier qui nous est déjà parvenu nous nous borderons aujourd'hui, faute de place, à extraire trois lettres qui nous ont paru sinon les plus intéressantes tout au moins les plus urgentes; Les voici :

Télégrammes :

   "Savez-vous combien on peut, dans une ville de plus de 100 000 habitants comme Clermont, expédier de télégrammes dans une journée ?" 
Nous écrit un excellent ami :
   " Une centaine à peine, si le service d'acceptation fonctionne tout le temps comme certains matins, au Central de 7 à 10.
   " Pour envoyer une dépêche, j'ai du, en effet, samedi dernier 14 avril, attendre de 8h 34 à 9 h 11, soit 39 minutes très exactement.
   Or pendant ces 39 minutes l'unique employé qui était là n'a reçu que trois télégrammes dont un pour Le Boucheix près des Ancizes et le mien, cet employé est un vieux brave homme qui fait de son mieux, il n'est donc pas à incriminer, mais l'administration, elle, est sans excuses de se moquer ainsi du public en ne mettant pas le personnel nécessaire pour assurer un service aussi important."
   Parfaitement, mon cher correspondant, l'administration est sans excuses, mais elle se fiche de vos doléances bien plus encore qu'un député de ses électeurs car elle ne craint pas la concurrence. 
   Nous nous faisons cependant très volontiers l'écho de votre indignation auprès de cet excellent M. Vaisse. Après tout on ne peut pas savoir !

Montferrand, quel malheur !

Tramway Claret Clermont-Ferrand
Tramway Claret Clermont-Ferrand

   Nous écrit un lecteur de Montferrand, que le grand séminaire ne soit plus chez nous. Nous aurions eu la bonne fortune ces jours derniers de pouvoir au-moins aller au cinéma à Clermont sans être obligé de revenir à pied.
   M. Claret qui nous refuse, systématiquement un service régulier entre Clermont et Montferrand à la sortie des spectacles n'a pas hésité, en effet, à mettre ses voitures à la disposition des soixante séminaristes qui regagnaient Richelieu chaque soir pendant toute la durée du Congrès diocésain.
Peut-être aurions-nous pu en profiter ?
   Peut-être mais pas sûr. Car sachez-le, cher lecteur, il est des services, sinon des faveurs qu'on peut impunément refuser à des milliers de braves gens calmes et résignés comme vous, et qu'on accorde, sans difficulté aucune, à une poignée d'autres parce que les plus remuants.
   Et puis, si vous êtes privé de cinéma que voulez-vous diable que ça lui fasse, à ce bon M. Claret ? Vous n'avez qu'a venir habiter à Clermont, ou acheter une auto. Votre premier adjoint se passe bien du tram, faites comme lui !

Le square Blaise Pascal :

"Traversez-vous quelques fois le square Blaise Pascal le soir après neuf heures ?
Square Blaise Pascal, Clermont-Ferrand
Square Blaise Pascal, Clermont-Ferrand

  Nous écrit un habitant du quartier St-Hérem.
   " Il y a quelques couples qui ne s'embêtent pas je vous assure. L'endroit est discret, l'ombre propice et les bancs nombreux sinon confortables.
Mais qu'attend donc M. le Maire pour faire installer un tourniquet payant aux trois entrées ?
   Ceux qui y viennent pour faire l'économie d'une chambre d'hôtel consentiraient très certainement à verser quelques sous, la morale ne s'en trouverait pas plus mal et les finances municipales s'en porteraient mieux.
   On pourrait aussi, au lieu de vulgaires lampes électriques, mettre de belles lanternes rouges avec entrées. Mais peut-être s'exposerait-on à un procès pour concurrence malhonnête, de la part, des voisins de la petite rue des Fauchers ?
Notre correspondant va un peu fort, comme dit l'autre. Nous transmettons dons son vœux à M. le Dr Marcombes que sous toutes réserves.
   D'ailleurs au prix où sont les chambres dans le moindre taudis, ne pensez-vous pas que les amoureux pauvres soient quelque peu excusables d'aller à Blaise à l'œil !

Sources : © textes extraits du journal hebdomadaire et satirique  "le Canard Clermontois" du 21 avril 1923  N'hésitez pas à laisser un commentaire ou à vous abonner aux publications du blog, au bas des articles. Merci de votre visite et à bientôt. 

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