Brèves nouvelles de Clermont-Ferrand, le 1er janvier 1887.

 Clermont en brèves.

Cpa Clermont-Ferrand


Un Phénomène, à Clermont.

   Hier, une surprise était réservée aux habitants de Jaude et de la rue de l'Ecu (1). Les passants étonnés s'attroupaient, les gens du quartier s'avançaient sur le seuil des maisons, chacun voulait être témoin du rare phénomène qui se produisait.
Qu'arrivait-il donc ?
   Nous ne le donnons ni en cent ni en mille, car on ne devinerait pas. Voici ce qui se passait : De braves gens, que le ciel leur soit propice ! trainant derrière eux de longs tuyaux, répandaient à flots une eau bienfaisante, ils lavaient les pavés !
   Personne ne pouvait en croire ses yeux. Il y a si longtemps qu'on avait vu laver les pavés ! On n'espérait plus. De bonne foi, on croyait que cet usage suranné de nettoyer les rues avait été rayé du programme de l'édilité Clermontoise, on s'imaginait qu'on avait reconnu l'inutilité de cet exercice, que la boue était le macadam de l'avenir, et que de même que les plumes de l'oiseau sont faites pour voler, les nageoires des poissons pour nager, les pieds de l'homme avaient été donnés pour patauger.
   Il a fallu pourtant se rendre à l'évidence surtout lorsqu'un citoyen avisé s'est écrié du ton d'Archimède prononçant son :

" Euréka, J'ai trouvé !Je sais, maintenant, pourquoi qu'on "balie" ! C'est à cause des étrennes. A partir d'aujourd'hui on "baliera" comme ça tous les ans !"

   Nous ne savons si ce citoyen à dit vrai ni s'il faut réellement nous réjouir : la rue de l'Ecu et la place de Jaude ne sont pas tout Clermont et nous craignons qu'un si beau zèle s'arrête en chemin. Et puis, il y a des quartiers qui ne sont pas pavés... la boue s'y est amassée en telle quantité que tous les tuyaux, tous les balais, toutes les pelles et tous les tombereaux réunis s'y enfonceront sans résultat.
   Décidément, un nettoyage par an ne suffit pas. Ca devient trop difficile, et nous tremblons qu'on y renonce encore.

1) NDLR, La rue dite de l'Ecu n'existe plus de nos jours, avec la rue Saint-Louis elles sont devenu l'avenue des Etats-Unis.

Captures de chiens :

   Dans les trois derniers jours, il a été capturé sur le pavé de Clermont cent vingt-huit chiens, dont 43 hier, 42 avant hier et 43 mardi.
   Il y a deux mois, on en avait pris de sept à huit cents. Au mois de mars, une centaine. On estime qu'en totalité, un millier de chiens ont été supprimés depuis le commencement de l'année.
   Qui s'en douterait, à voir les quantités de chiens errants que l'on rencontre encore dans nos rues ?
   Il est alloué 1 franc par chien à l'homme chargé de capturer ces animaux, 50 centimes sont payé à l'enfouisseur et une certaine somme est en outre dépensée pour nourrir les chiens pendant qu'ils sont en fourrière.

Le gaz et l'électricité

   La lutte entre l'éclairage électrique et l'éclairage par le gaz se poursuit dans notre ville. Bien que les gros bataillons soient encore du coté du gaz, les désertions sont nombreuses et il n'est pas difficile de voir de quel côté restera la victoire.
   L'électricité a pris l'offensive... le gaz se défend tant bien que mal. Depuis quelques jours on peut voir sur la Place de Jaude des essais de nouveaux becs intensifs destinés à rivaliser avec les lampes Edison. Mais déjà l'expérience est faite et les intensifs sont condamnés. Quand le temps est clair, tranquille, les nouveaux becs éclairent assez bien, mais que l'atmosphère devienne humide, et la flamme devient jaune, fumeuse, elle fait même mine de vouloir s'éteindre.
   Or, c'est justement quand la nuit est sombre, le temps brumeux, qu'on a besoin d'un éclairage plus intense. Sous ce rapport la lumière électrique l'emportera toujours, et il n'est besoin pour s'en convaincre que de comparer les feux jaunes et tremblotants des becs placés là  pour la démonstration, avec la lumière éblouissante des lampes électriques du voisinage. Les secondes éclipsent presque totalement les premières, et les becs intensifs n'auront servi qu'à rendre éclatant l'immense supériorité de l'éclairage électrique.

La fièvre typhoïde et les eaux :

   M. le docteur Chantemesse a pris à divers endroits des échantillons des eaux de la ville. Il ne pourra les analyser qu'à son laboratoire de Paris. Sans rien préjuger, M. Chantemesse a admis la possibilité de l'infection par les eaux, et, par mesure de précaution, il a proposé de retrancher de l'alimentation les eaux de Royat, en n'admettant dans les conduites que les eaux des Combes.
   Pendant quelque temps, la quantité d'eau dont nous disposions sera, par suite de cette mesure, restreinte dans d'assez grandes proportions.
   Il a été décidé en conséquence que l'eau cessera d'être distribuée de 9 heures du soir à 5 heures du matin, jusqu'à ce que la situation se soit modifiée.

Brèves du conseil municipal :

Habillement des Sapeurs-Pompiers :
   M. le Maire expose qu'il a dressé un cahier des charges pour la mise en adjudication publique, pendant les années 1887 et 1888, de la fourniture des effets d'habillement des sapeurs-pompiers. La cahier des charges dont il s'agit est soumis au conseil municipal qui l'approuve.
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Le dépôt des fumiers :
   M. le maire expose que l'administration a loué pour ce dépôt une parcelle de terrain de deux hectares au domaine de Mondésir, appartenant aux Hospices. Un bail a été passé pour cinq années, au prix annuel de 1,000 francs. Un bail à ferme a été aussi passé avec les administrateurs des Hospices afin de permettre à la ville de conserver ce terrain pendant dix années, au prix indiqué ci-dessus. Ces deux baux sont soumis à l'approbation du conseil municipal, Adopté.



Source :
Texte : extrait du journal quotidien : le Petit Clermontois, de janvier 1887.
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