Le "Canard Clermontois" de 1934.
Les nouvelles sirènes de Clermont. |
Si chacun en faisait autant :
Un monsieur, évidement pressé par des circonstances indépendantes
de sa volonté, se précipite vers un de ses édifices si commodes dont le nom
nous rappelle les splendeurs de l'histoire romaine. Flute ! C'est complet ! Le
malheureux monsieur se tortille, le visage contracté : certainement ça presse
! Finalement, n'en pouvant plus, il se soulage contre le
"temple" dont il n'a pu franchir le portique. Survient
un sergent de ville qui l'apostrophe :
-"Dites-donc, vous ? faut pas vous gêner !"
-" Ah! Monsieur l'agent, je n'en pouvais plus !"
-"C'est pas une raison ! Si tout le monde faisait comme vous ?
-" Si tout le monde faisait comme moi ?... Il y aurait de la place à
l'intérieur !
Ed. Quignon.
Mon chéri ne prends pas froid. |
Animaux nuisibles
M. le Préfet rappelle que les animaux suivants sont
considérés comme nuisibles, dans le département, les animaux suivant : le
blaireau, le chatharet, le gypaete barbu, les pysargues, le balbusard
fluviatile, les faucons de toutes espèces, les milans et les butors.
Cette liste (textuelle) est incomplète, et il sied de lui ajouter :
les zonas, les plésiosaures, les Stavisky, les borahs, les mouchards, les
belugas et les tutti-quanti.
Une belle découverte
Tout dernièrement les employés d'une de nos grandes
administrations trouvèrent dans leur courrier un prospectus d'une insinueuse
honnêteté commerciale et recommandant chaudement une nouveauté indispensable
à leur hygiène professionnelle.
L'agence parisienne Pétrel attirait leur aimable attention sur son appareil
breveté S.G.D.G. nommé l'"Anusthol".
Petit instrument à vent ou plutôt contre les vents puisqu'il
les rend muets !
Alors plus besoin de chercher à les étouffer chose très mauvaise pour la
santé, plus besoin de se gêner pour les voisins puisque l'air s'en trouve
embaumé : violette, rose, jasmin, lilas c'est comme un bouquet de fleurs !
Et le prospectus continue.
" L'Anusthol, pour un léger supplément peut-être à musique. "
C'est très ingénieux, aucune perte de vents, sous leur pression
l'Anusthol, tant vanté, fait entendre des airs de musique à la mode.
C'est la mélodie à la portée de tous.
Et l'astucieux prospectus pousse le cynisme jusqu'à offrir
obligeamment ses services gratuits pour la pose de l'appareil en cas où le
client aurait quelques difficultés à s'en servir...
Un drôle de réveillon.
J'avais retenu une table pour réveillonner ce 31 décembre avec
ma mie Coccinella, à la "Poire tapée" Laquelle n'était encore
l'an dernier qu'un vague bistro. Mais oublions le passé et passons.
Modéré et accessible en somme à toutes les bourses
d'aujourd'hui, le prix du réveillon 1933 à la "Poire tapée", est de
40 francs par tête, vin non compris...
Et voici le menu, qui me parait digne de Lucullus...
" Le velours suprême, Les huitres de la maison, perlées au
clair de lune. Les langues de langouste à l'angoustoura. Le super
dindonneau de Cébazat sur haut-parleur; La mijaurée de foie gras à
l'eau de Lubin. La salade Gyraldose. La glace biseautée. Les
corbeilles de fruits en pyjama.
Mais hélas ! Voici la tuile inévitable des soirs de plaisir. Au
lieu de passer me prendre à l'heure du réveillon,
Coccinella m'avertit qu'elle est affreusement grippée, qu'elle ne
tient plus debout, et que, incapable de sortir, elle se couche avec 48 de
fièvre... elle ajoute :
-" Va souper sans moi, pauvre cher ami, et tâche de bien t'amuser tout de
même."
Eh ! je le voudrais bien ! Mais allez donc à onze heures du
soir, le 31 décembre, dénicher une convive rigolote pour réveillonner à
minuit ! C'est impossible, elles sont toutes retenues !
En vain, je m'élançai, prompt comme la foudre, à la recherche de quelque
bonne copine vacante ! Chou blanc partout.
Alors, à zéro heure 35, ne sachant plus à qui m'adresser,
j'embauchai en désespoir de cause, une malheureuse poule laissée pour
compte.
-"Je veux bien vous rendre le service d'aller bouffer votre
réveillon, me dit-elle, mais ça sera cent francs, je ne me dérange pas à
moins pour le travail de nuit."
Je n'avais pas le choix, je lui payai le salaire demandé... et
elle me suivit à la "Poire tapée"
Là, grâce au champagne, aux liqueurs et aux frais accessoires, mon addition
a atteint sans effort le chiffre de deux cent francs. Et je me suis
royalement embêté. La Poire tapée, c'était moi, non de D...!
A quatre heures du matin, je suis allé voir comment se portait
cette pauvre Coccinella grippée.
Elle était en effet couchée avec "48 de fièvre", c'est-à-dire
avec un jeune gigolo, connu sous ce charmant sobriquet !
Robert Francheville.
Sources : extraits de : le Canard Clermontois de 1934 © Textes et Photos Regards et Vie d'Auvergne. Vous pouvez laisser un commentaire au bas de l'article.
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