Le Petit Clermontois.
Quotidien, Républicain, Régional.
8 décembre 1886.
Voici, chers lecteurs et lectrices, quelques articles tirés du
journal le Petit Clermontois de 1886, et oui 134 ans auparavant on parlait
de sécurité, d'épidémie, déjà ! Bonne lecture.
Thiers : sur la voie.
Hier, un vieillard de 84 ans, le nommé
Antoine Chattard suivait la route de Vichy. Le pauvre vieux n'y
voit presque plus et n'entend pas d'avantage, aussi, arrivé au passage à
niveaux du chemin de fer, il se trompa et s'engagea sur la voie ferrée qu'il
se mit à suivre paisiblement.
En ce moment arriva le train qui part pour Lyon à 2 heures 46 minutes.
Par bonheur, l'allure du convoi n'était pas trop vive et le mécanicien aperçut
Chattard qu'il se mit à appeler à grands cris.
Vaines tentatives, le vieillard continua son chemin. Le mécanicien ralentit
alors sa marche et parvint enfin à l'arrêter complétement au moment même où la
machine allait atteindre Chattard Légèrement heurté et, du reste,
horriblement effrayé, le pauvre diable tomba et se fit au crâne et au front
quelques légères blessures.
Transporté aussitôt à la gare et de là à l'hospice,
Chattard reçut de M. le docteur Courtade tous les soins
nécessaires. L'état de Chattard n'est pas très grave en lui-même, mais
son âge avancé inspire des inquiétudes.
Lezoux : un mariage au rabais.
Les mariages religieux donnent lieu parfois à des scènes bien
édifiantes.
Il y a quelques jours, on mariait une fille et un garçon de
Seychalles. Les parents de la mariée auraient bien voulu faire des
économies, mais ceux du marié voulaient une messe est tout le tremblement :
seulement, le tremblement coutait cher.
M. le Curé, combien votre messe ?
- Vingt francs ?
- Oh, ça passera bien pour quinze ?
- Non je vous dis : c'est vingt francs.
- C'est que nous ne sommes pas riches, et si vous nous dites que c'est
vingt francs, je vous connais : nous ne ferons point dire de messe.
- Alors ce sera quinze francs, mais c'est bien à cause de vous, et pour
éviter le scandale.
Il arriva que, le mariage célébré, M. le curé oublia sa promesse
et réclama ses vingt francs. Fureur des époux, entêtement du curé,
réclamations des parents, qui ameutèrent la commune . Mais, il n'y a pas eu de
scandale comme l'entend M. le curé. Il est juste de dire que tout ne monde
n'est pas de son avis.
Riom : évasion d'un soldat malade.
Avant hier, le nommé Sage, soldat de la deuxième portion,
en garnison à Riom et incorporé depuis quelques jours seulement, s'est
échappé de l'hospice de cette ville, à la nuit tombante. On pense que cette
évasion est due à un accès de fièvre ou peut-être même d'aliénation mentale.
Des recherches minutieuses sont faites pour retrouver
Sage dont la vie, en présence du froid intense qui sévit sur notre
région, est très menacée. Les recherches portent surtout sur la montagne,
Sage étant originaire de Saint-Jacques-D'Ambur, canton de
Pontgibaud, on suppose qu'il a dû se diriger de ce côté.
Des voyageurs ont assuré avoir aperçu le malheureux, errant sur
la lisière des bois, entre Volvic et Pontgibaud. Ils n'ont osé se
mettre à sa poursuite, craignant d'avoir à faire à l'homme enragé d'Herment ou à un prisonnier évadé de la maison centrale.
L'accoutrement singulier du soldat Sage peut bien, en
effet, prêter à d'étranges suppositions. Il est vêtu du complet de bure grise
des malades de l'hospice, coiffé d'un bonnet de coton et chaussé de sandales.
Ajoutons que la maladie ne doit pas, non plus, lui donner une mine des plus
avenantes.
Sauxillanges. |
La foire de Sainte-Barbe tenue à Sauxillanges,
samedi dernier, a été loin d'avoir, cette année, autant d'importance que les
années précédentes.
Le temps, il est vrai, ne l'a pas favorisée. Il faisait un froid
vif et le sol était couvert d'une couche assez épaisse de neige. Aussi les
vendeurs et les acheteurs ont-ils un peu manqué, il y avait certainement du
monde, mais beaucoup moins. Les marchands étalagistes, dont le succès prouve
le succès de la foire, n'ont pas été, parait-il, très satisfaits de leur
journée.
Le champ de foire comptait 800 bêtes à cornes environ. Sur le
marché, la vente a été assez active, avec une hausse légère. Les bœufs
valaient, en moyenne, 325 fr. et les vaches 250 fr. Les veaux se vendaient
0.80 et 0.90 le kilogramme.
Les porcs gras, peu nombreux, étaient chers. Le prix du kilo montait jusqu'à 0
fr 95. Les nourrains variaient de 17 fr. à 30 fr. la pièce.
Le marché aux grains était assez bien approvisionné. Le setier de
blé de 8 doubles décalitres valait 27 et 28 francs suivant la qualité. Le
double décalitre d'avoine se vendait 1 fr. 35, 1 fr. 40 et 1 fr. 45 également
suivant la qualité.
Le marché au beurre, œufs, volailles, était aussi bien garni. Le
beurre valait 0 fr. 80 le demi-kilo, les œufs 1 fr. la douzaine, la volaille
était assez bon marché, ont pouvait avoir deux oies magnifiques pour 5 fr. 50
et 6 fr.
Les pick pockets ont fait des leurs, trois porte-monnaie ont
disparu et on a tout lieu de croire que le hasard n'a rien eu à voir dans leur
disposition, car aucun d'eux, malgré les recherches les plus actives, n'a pu
être retrouvé.
Le soir, après le foire, il y a eu un grand bal dans un hôtel de
Sauxillanges et on a dansé avec entrain jusqu'au ... matin.
Clermont :
La fièvre typhoïde :
Nous avons parlé souvent de l'épidémie de fièvre typhoïde qui
règne en ville et nous avons signalé diverses mesures qui nous paraissait bon
de prendre. On a toujours raison d'être prudent et d'observer les règles
d'hygiène, mais cela ne veux pas dire que la situation soit aussi grave que
beaucoup de personnes se le figurent. En somme l'épidémie est bénigne et il
n'y a pas à s'alarmer.
A entendre certaines gens, Clermont serait un foyer de
pestilence duquel il faudrait s'éloigner au plus vite. Il se produit un
commencement de panique qui n'a rien de justifié. La mortalité n'est pas
beaucoup plus considérable que chaque année à pareille époque, si les cas de
fièvre typhoïde sont nombreux, il en est très peu de véritablement dangereux.
Sous ce rapport l'épidémie a plutôt diminué qu'elle ne s'est accrue.
Nos concitoyens feront donc bien de se rassurer, tout en se
soumettant, par précaution, aux mesures hygiéniques que comporte l'état
sanitaire. La municipalité a fait répandre dans les égouts du chlorure de
zinc. C'est un désinfectant d'un emploi facile, et cette opération doit
tranquilliser et non inquiéter les habitants.
Ils feront bien de leur côté, d'avoir chez eux, particulièrement
vers les cabinets d'aisance, du sulfate de fer, substance que l'on peut se
procurer partout et dont les propriétés sont connues. Qu'ils se soumettent à
l'usage des eaux minérales qui sont un préservatif à peu près certain.
Ces précautions, jointes à l'abaissement de la température, peu favorable au
développement d'une épidémie, rendront les cas de plus en plus rares et
bientôt il en restera à Clermont, de la fièvre typhoïde, que les bonnes
habitudes qu'elle aura fait prendre.
D'autre part, comme il s'agit d'assurer la sécurité de l'avenir,
on serait bien avisé de suivre les excellents conseils donnés par M. le
docteur X..., dont nous avons publié les deux lettres. Il faudrait
immédiatement former un comite d'hommes compétents qui forcerait la main aux
autorités et éclairerait les habitants sur les devoirs qui leur incombent.
La Ménagerie Pezon.
La foire s'en va, la foire est partie, car la ménagerie
Pezon a quitté, ce matin, notre ville. C'était le gros
"morceau", lui disparu, le reste ne compte plus.
Dimanche soir, après la représentation d'adieu, les préparatifs
de départ ont commencé. C'est merveille de voir avec quelle rapidité ils
s'opèrent : on mure d'abord messieurs les fauves dans leurs cages, puis,
autour d'eux, les toiles, les poteaux tombent et s'empilent sur les voitures
qui sont là toutes prêtes.
La ménagerie Pezon se rend à Nevers. Elle aura
certainement dans cette ville, comme d'ailleurs dans toutes celles qu'elle
visitera ensuite, le succès qu'elle a eu à Clermont. Nous lui
souhaitons donc une excellente tournée, à condition toutefois qu'elle viendra
la terminer chez nous, à la foire prochaine.
Menus-faits :
Des procès verbaux de contravention ont été dressés :
- A un propriétaire de la rue Saint-Genès pour défaut de tinettes
règlementaires aux latrines de sa maison.
- A un propriétaire du Marché-aux-Poissons pour porte ouverte la nuit.
- A une ménagère de la rue Sainte-Madeleine pour jet d'eau sale sur la
voie publique.
- A des hétaïres, pour excitation à la débauche.
Bruit et tapage :
Hier, sur la plainte d'un débitant de l'avenue Charras, le
nommé B... qui faisait, dans un établissement de cette avenue, un bruit
infernal et injuriait les consommateurs qui s'y trouvaient, a été arrêté et
conduit, malgré sa résistance, à la chambre de sureté.
Ambert :
Départ des conscrits :
Hier matin a eu lieu à Ambert le départ des conscrits de
la classe 1886, ces braves jeunes gens se sont montrés courageux jusqu'au
bout, rassurant et consolant leurs mères qui pleuraient et faisant eux-mêmes
fort bon visage. Tant Mieux.
Sources : texte du quotidien régional : le Petit
Clermontois. © Article et Photos Regards et Vie d'Auvergne. Vous pouvez
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