Regards sur l'Auvergne : la Chaise-Dieu en 1924.

La Chaise-Dieu, Haute-Loire.


CPA La Chaise-Dieu, Haute-Loire, Auvergne.
CPA La Chaise-Dieu, Haute-Loire, Auvergne.

   " L'arrivée à la Chaise-Dieu est grandiose, que se soit par la route de Brioude ou par la ligne Arlanc-Le-Puy qui, depuis la Chapelle-Geneste, la côtoie presque constamment. En plein ciel se détache, apparition brusque, la massive abbaye, dont la puissante architecture domine, écrase le fouillis des maisons grimpant la pente, s'étalant sur la hauteur, dont le gris noir tranche sur le bleu vif de l'azur et sur l'ocre des toits. A peine réserve-t-on un coup d’œil à la vallée cahoteuse. L'église et le village attirent invinciblement le regard, grandissant peu à peu, obsèdent.
   Coin d'Auvergne célèbre où le cardinal de Rohan connu l'exil, où repose un pape sous les larges dalles, coin que fréquentent chaque été de nombreux touristes.
   L'abbaye, d'abord, que fonda saint Robert, la " cathédrale " comme on dit là-bas, dont le
porche s'ouvre au sommet d'un vaste escalier, face à la vieille fontaine, la " cathédrale " avec ses clochers assez lourds, qui donne une impression de force assez rare. Intérieur : le jubé, d'abord, splendide, où l'on se sent perdu, écrasé par ses proportions vraiment émouvantes, l'orgue, les cariatides. Puis une grille franchie, les stalles des moines aux anciennes sculptures, entre les tapisseries inestimable, qui, là-haut, pendent, déroulant leurs scènes évangéliques ou bibliques entre les piliers. Dans la pénombre d'un bas-côté, sur la muraille court, un peu détériorée, la dans macabre célèbre, sarabande, où la mort,  mi-squelette, mi-cadavre, entraîne différents personnages de l'époque en posture de supplication ou figés par l'effroi.
   Derrière l'église, la tour Clémentine, le donjon de défense qui surveille l'horizon. A droite, le cloître, incomplet, mais si pur, si reposant, avec ses ogives, ses dentelures fines.
   Une curiosité encore, et non des moindres : la salle de l'écho. Aux quatre coins de la pièce rectangulaire on se place contre le mur, on parle à mi-voix, très bas, même. Rien n'est perdu par celui qui, en face, dos tourné, écoute, rien, aucun mot, aucune modulation, aucun soupire.
   Les touristes connaissent bien la Chaise-Dieu. Tous ceux dont les autos filent vers Le Puy dans ce village, s'arrêtent. Les amateurs de cure d'air y afflueraient, je suis certain, ( altitude 1100 m.) si les habitants, comprenaient mieux leurs intérêts, s'ingéniaient à aménager des logis plus confortables, si une publicité d'envergure suffisante était tentée. Ils y afflueraient d'autant mieux que les excursions de manquent pas. La grande forêt qui sépare la Chaise-Dieu d'Arlanc, dont les premiers sapins touchent presque les dernières maisons du bourg, offre une variété d'aspects remarquables. Dans la même direction, plus loin, ce sont : le pont du Merle, site sauvage, avec les rochers qui le dominent, et la belle plaine jusqu'à Ambert, rêvant le long de la Dore. Ce sont, ailleurs, les deux routes, fort originales, qui mènent à Brioude, et les gorges de saint Pal, et le curieux lac de Malagay qu'épousent, d'un côté les prairies, de l'autre le deuil mystérieux des bois, et Allègre avec sa potence, et Craponne, centre renommé de dentelles, et, plus près, Sembabel, Malvières, La Souchère, etc.
   Les journées y sont magnifiques, les nuits étonnamment limpides, féeriques les couchers de soleil. Et, par dessus tout, l'air vif inonde les poumons, les âpres parfums de montagne enivrent, les yeux s'emplissent de merveilleuses visions. "

Louis Aufauvre.


   Sources : extrait de : l'Auvergne littéraire et Artistique, 1924. © Textes et Photos Regards et Vie d'Auvergne.Vous pouvez laisser un commentaire au bas de l'article.

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