Les Auvergnats de Paris : le Chaudronnier.

Le Chaudronnier.

Le chaudronnier, Auvergnat de Paris.
Un des derniers Chaudronniers.

   Je voudrais  parler du chaudronnier ambulant, bien que ce petit métier, comme tant d'autres, se soit presque complètement éteint à Paris.
   Dans nos campagnes, on rencontre quelquefois encore de ces artisans qui font leur travail sur la place publique, près de la mairie, de l'église, ou au carrefour des routes. Leur présence se signale de loin par l'odeur de l'étain chaud et la réunion autour d'eux
d'une foule enfantine, car les bambins du village, quand parait le chaudronnier, en perdraient volontiers le manger et le boire et oublieraient facilement le chemin de l'école : cet ouvrier au travail offre un spectacle d'une telle qualité !
   Le métier de chaudronnier est essentiellement auvergnat et leur corporation, peut-être  des plus anciens groupements industriels. Les statuts datent de Charles V et, jusqu'à l'époque de l'abolition des maîtrises, sous Turgot, il fallait, pour être reçu chaudronnier, justifier de six ans d'apprentissage et payer 600 livres, en outre, le brevet coûtait 110 livres, sommes considérables pour le temps.
   Sous Louis XIV, les étameurs de casseroles, pour attirer l'attention des pratiques, sifflaient avec des flûtes de Pan, et un pamphlétaire anonyme de l'époque a écrit sur eux un quatrain assez mordant :

Les Auvergnats de Paris : Le Chaudronnier.
Les Auvergnats de Paris : Le Chaudronnier.

"Avec sa voix de loup-garou,
Et son sifflet rude à l’oreille,
Chacun dit qu'il sait à merveille
Mettre la pièce auprès du trou."

   Quelques années avant 1870, les petits métiers s'accomplissaient dans les rues de Paris avec un pittoresque malheureusement disparu de nos jours. Maintenant, on n'entend plus guère que le cri du vitrier ou celui du marchand d'habits (venu de Palestine en passant par la Pologne...), la cloche du rémouleur ou la trompette du raccommodeur de faïence et de porcelaine.
   Vers 1860, les chaudronniers avaient conservé le costume d'Auvergne : chapeau à larges bords, veste brune et pantalon assez large, dont le fond usé et rapiécé témoignait de contacts fréquents et prolongés avec le trottoir où l'artisan s'asseyait pour accomplir sa tâche.
L'industrie du cuivre est bien en Auvergne. C'est même là que les Bulgares, qui sont d’excellents batteurs de cuivre, ont appris leur métier. Nulle part ailleurs qu'à Aurillac on ne rencontrait un si grand nombre d'artisans du cuivre.
   Les ustensiles faits de ce beau métal, rouge comme la flamme, sont encore précieusement conservés dans le Massif Central, et la fontaine de cuivre, bien astiquée, est l'orgueil de la ménagère auvergnate.
Il est bien dommage que les flibustiers de l'antiquaille se soient emparés de ces fontaines, de ces seaux, de ces louches, de ces introuvables chauffe-lits...
   L'Auvergne est le pays du cuivre ouvré et il était tout naturel que les émigrants eussent choisi un métier qui vive de ce métal.
   Vers 1860, le chaudronnier parcourait les rues de Paris, tenant au bras son réchaud monté sur trois pieds, à la main, une grosse cuillère de fer ou de plomb, et portant à l'épaule des casseroles, des poêles et cent objets divers.
De bonne heure, le matin, son cri montait bien haut vers les étages :

- "Hé ! Le chaudronnier !"
ou
-"Étameur de casseroles !"

   Souvent, il était accompagné d'un "commis", garçon de quinze à vingt ans, dont l'office était de "faire la chine", c'est à dire d'aller de maison en maison, de palier en palier, à la quête des pratiques.
Dans chaque cour son chant retentissait, insinuant et impérieux à la fois. Mais, de peur qu'on ne l'entendit pas, l'apprenti montait les étages, frappait aux portes, et, lorsque ses bras étaient suffisamment chargés d'ustensiles de toute sorte, il revenait auprès de son compagnon, comme le guerrier auprès de son chef, et déposait son butin pour repartir en de nouvelles expéditions.
Mais ce temps est révolu. Définitivement.



Sources : les Auvergnats de Paris texte et dessins François-Paul Raynal, 1924.
©regardsetviedauvergne.fr
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