Les métiers et corporations d'hier en Auvergne : les Charrons.

Les Charrons.

 Patron saint-Eloi (1er décembre)


   Les Charrons étaient autorisés à établir, à vendre et à faire exécuter tous les ouvrages en bois qui entrent dans les grosses voitures, telles que tombereaux, charrettes, guimbardes, camions, fourgons, traîneaux, calèches, berlines, carrosses, etc... et leurs attirails. Ils faisaient aussi les trains et les roues des carrosses, mais les corps ou caisses étaient entrepris par d'autres.
   Le Roi Louis XII donna aux Charrons de Paris leurs premiers statuts, et les érigea en corps de jurande(1) par lettres patentes du 15 octobre 1498. Louis XIV leur en donna de nouveaux en 1668.
Louis XV accorda une protection marquée aux Charrons de son royaume. Il leur accorda
exclusivement à tous autres le privilège de fabrication des charpentes de carrosses, coches, chariots, tombereaux, bacs, brancards, litières, charrues, herses, râteliers, brouettes, etc...
   Ils possédaient aussi le droit exclusif de raccommoder les objets de leur dépendance, à tel point qu'un fripier qui achetait un vieux carrosse, ne pouvait le raccommoder, sous peine d' une amende arbitraire. Les maréchaux ne pouvaient non plus recevoir dans leurs ateliers aucune pièce de charronnage non visitée et marquée du sceau des gardes des charrons.
   On ne peut se faire une idée de la quantité de contestations qui eurent lieu en Auvergne au seizième et dix-septième siècle, entre les Charrons et les selliers, les bourreliers, les bâtiers, les tourneurs, les tapissiers, les taillandiers, etc. Les tribunaux, fatigués de ces contestations, les renvoyèrent par-devant Sa Majesté pour obtenir des statuts plus explicites.
L'apprentissage et le compagnonnage des Charrons étaient de chacun trois ans. Chaque maître ne pouvait avoir qu'un apprenti à la fois. Il lui était loisible d'avoir autant de compagnons qu'il pouvait en occuper. Tout aspirant à la maîtrise devait faire un chef-d'oeuvre en présence des gardes, s'il n'était fils de maître, ou s'il n'avait épousé la veuve ou la fille d'un maître : en ce cas il était exempt du compagnonnage, et n'était tenu qu'à la simple expérience, même sans frais.
   Les compagnons ne pouvaient quitter leurs maîtres qu'en les avertissant un mois d'avance et les maîtres en avertissant les compagnons quinze jours d'avance. Ces derniers ne pouvaient entrer chez d'autres maîtres de la ville que du consentement par écrit des maîtres d'où ils sortaient. Faute de ce consentement, ils étaient obligés de sortir de la ville au moins pendant un mois avant d'y entrer pour chercher de l'ouvrage.
   Les gardes dudit métier étaient tenus de faire des visites au moins quatre fois par an, ils pouvaient en faire d'avantage, s'ils le jugeaient nécessaire, et quand bon leur semblait. S'ils trouvaient des ouvrages mal conditionnés, ils les faisaient saisir et réclamaient la confiscation du lieutenant de police et la condamnation à l'amende.
   Chaque maître devait avoir sa marque particulière et devait marquer son ouvrage, sous peine d'amende.
   Les bois que les maîtres Charrons devaient employer dans leurs ouvrages, étaient l'orme, le frêne, si estimé en Auvergne, le charme, le chêne et l'érable, quoique très-rare, mais le frêne et l'orme étaient plus généralement estimés. On les employaient à faire les pièces les plus essentielles et qui fatiguaient le plus, telles que les jantes, les roues et les moyeux. Il était bon qu'il ne fut pas d'un diamètre au-dessus d'un pied, parce que plus il était gros, moins il était dur et plein dans l'intérieur. On choisissait pour les brancards de carrosses ou de chaises les jeunes frênes de six pouces à un pied d'équarrissage, et un peu courbés naturellement.


Communauté :

   Une communauté de Charrons, réunie aux menuisiers et aux charpentiers, était organisée à Maringues, elle portait sur sa bannière :


Bannières des Charrons de Maringues, Auvergne
D'azur, à un chevron d'Or,
 accompagné en chef d'une roue de même 
et d'un rabot d'argent en pointe.


Les Charrons de la ville de Riom étaient réunis aux menuisiers, aux charpentiers, aux vinaigriers et aux chaudronniers de la même ville :


Bannières des Charrons de Riom, Auvergne



1) Jurande : jurés choisis ou élus d'une même corporation de métiers, composée de compagnons et maîtres, chargés de faire prêter serment pour le respect des règles du métiers.




Sources : Histoire des communautés  des Arts et Métiers de l'Auvergne avant 1789, J-B Bouillet.
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