Début de la coutellerie en Auvergne de Châteldon à Thiers.


 Coutellerie de Thiers.


couteaux du 14 è siècle

    D'après Henri Martin, Thiers serait un nom d'origine celtique qui signifierait : maison du chef, Sidoine Apollinaire et Grégoire de Tours en parlent dans leurs écrits.
Au XIè siècle, c'était une forteresse dont s'empara Thierry, fils de Clovis.
La Baronnie de Thiers formait au moyen âge, une des terres les plus considérables de la Province d'Auvergne, ses vicomtes descendaient de Montfred, troisième fils d'Astorgue fils de Bernard III comte d'Auvergne qui vivait en 927.
La coutellerie de Thiers parait dater du XIVè siècle, époque à laquelle elle y aurait été importée par les habitants de Châteldon, aujourd'hui l'un des chefs-lieux de canton de l' arrondissement de Thiers, voici dans quelle circonstances :
  Si nous en croyons la tradition, l'industrie de la coutellerie et de la quincaillerie occupait
dès le commencement du XIIIè siècle de nombreux ouvriers à Châteldon et y entretenait l'aisance et même la richesse, aussi les habitants avaient inscrit sur leur bannière, cette devise :
"Chastel-Ondon, petite ville à grand renom"

    La peste qui survint en 1348, produisit à Châteldon une grande mortalité, les habitants furent décimés et ceux qui échappèrent au fléau, se réfugièrent à Thiers et y apportèrent leur industrie.
couteaux du 15 è siècle   Ce ne fut que plusieurs années après ce désastre, ajoute le docteur Desbrest, que la ville déserte fut repeuplée par ses habitants, mais le commerce avait reçu un coup mortel.
De nombreux ateliers aujourd'hui abandonnés et les spécimens que l'on trouve en fouillant la terre, viennent confirmer la tradition.
Cette légende n'est d'ailleurs pas en contradiction avec l'opinion des auteurs qui se sont occupés de Thiers, tels que M. Gustave Saint Joanny qui a écrit l'histoire de la coutellerie Thiernoise.

    Dans un fragment du terrier de la baronnie de Thiers qui porte la date de 1474 et 1477, dit-il, nous trouvons les noms de plusieurs couteliers et comparativement aux autres professions que mentionne cet ancien titre, nous voyons que les couteliers forment le quart environ du total des " manans et habitants "de la ville de Thiers y désignés. Il est possible qu'en réalité ce chiffre soit plus élevé, puisque notre document ne comprend qu'une partie de la ville.
Il faut bien admettre que si au XVè siècle, les couteliers formaient une part aussi nombreuse de notre population, ce développement de notre industrie n'avait dû se manifester que progressivement, par degrés. En sorte qu'il n'y aurait pas d'exagération sans doute à faire remonter l'origine de la coutellerie Thiernoise au XIVè siècle.

La coutellerie existait donc depuis longtemps à Thiers lorsque le 2 novembre 1567 le "procureur des Marchans" réunissait les Maîtres Couteliers au nombre de 170, pour leur faire entendre :

   " La dicte ordonnance faicte suyvant l'hédict du Roy notre sire, sur la facture de leurs marchandises de cousteaulx et iceulx fere bons et biaulx et fere chacun sa marque et carataire et aussy pour eslire et comectre visiteurs experts et ad ce cognoissans affin que abuz ne se comectent à la dicte facture des dictes marchandises " 

En conséquence de cette ordonnance, le 12 mars 1568 furent élus visiteurs :
 Yte Rigodias de la paroisse de saint-Remy.
 Thomas Garnier Vaure de la paroisse de Thiers.
Claude Chevrier de la paroisse de Thiers.
Jahan Bourdier de la paroisse de Celles.

Enfin au mois de mai 1582, après de nombreuses formalités, Henry par la grâce de Dieu, Roy de France et de Pologne, par lettres patentes données à Fontaine-Bleau, leur octroya le règlement suivant :

     " Premièrement seront tenus les dictz maistres coustelliers de la dicte ville paroisse et mandement de Thiers faire les cousteaulx de bonne et loyale estoffe et de la meilleure que leur sera possible de recouvrer que à cette fin chascun d'eux sera tenu prendre et choisir une certaine et spécialle marque distincte et séparés des aultres, que aulcun des dictz ouvriers ne pourra battre faire ne contreffaire la marque des aultres sur peyne de faulx, d'amende arbitraire et de confiscation de la marchandise qui se trouvera estre marquée de marque contrefaicte; que pour dicerner les dictes marques desditz maistres coustelliers elles seront et placquées dans ung tableau de plomb qui pour ce sera faict et demourera en la garde du greffier de la justice de la dicte ville affin d'y avoir recours quand besoin sera.
   Et pour plus estroictement faire entretenir garder et observer ce que dessus, seront esleuz chascun an gens expertz et cognoissans audict mestier jusqu'à tel nombre qui sera advisé par entre eulx, lesquels feront le serment en tel cas requis et seront tenuz de visiter la marchandise de coustellerie et aultres ouvraiges de leurs estat ès maisons et bouticques desdictz maistres une fois la sepmaine et de faire loyal et fidél rapport à justice des abbuz et malversions qu'ils trouveront esdictes marchandises et ouvraiges de leur mestier " 

 Fin de la première partie, à suivre...




Autre article du blog sur le même sujet : La vallée des rouets de Thiers.


Sources : texte et gravures: La Coutellerie de l'origine jusqu'à nos jours, Camille Pagé 1896.
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