La révolution en Auvergne en 1792 à saint Bonnet-Lès-Orcival

Désobéissance à la loi relative au culte
à saint-Bonnet-Lès-Orcival.

Saint Bonnet lès Orcival
Saint Bonnet lès Orcival

17 avril 1792.


 1) François-Joseph Cougoul des Vergnes, âgé de 52 ans, maire de Saint-Bonnet-lès-Orcival;
2) Jean Rendanne, 46 ans, cultivateur au village de Villejacques;
3) Jacques Fournial, 41 ans, cultivateur au lieu de Nonfaye, tous les deux officiers municipaux:
4) Jean-Baptiste Ladevie, 38 ans, ex-vicaire insermenté de la paroisse de Saint-Bonnet depuis 1778;

   Sont prévenus, les trois premiers, d'abus d'autorité municipale, et tous ensemble de désobéissance à la loi et d'agissements tendant à exciter le peuple à
la révolte en l'empêchant de reconnaître le citoyen Périer pour son évêque et le citoyen Bonnet pour son curé.

  Le citoyen Bonnet, appelé à la cure constitutionnelle de Saint-Bonnet-Lès-Orcival, n' avait eu aucun agrément dans sa nouvelle résidence. Cinq à six particuliers seulement assistaient à ses offices, tandis que les messes de l'abbé Chirent, ancien desservant de la paroisse pendant trente-huit ans, et celles de l'abbé Ladevie, ancien vicaire, réunissaient tous les fidèles. Les mères refusaient de lui faire baptiser leurs enfants; les maris grondaient. Or, dans les catholiques montagnes du Puy-De-Dôme, le paysan avait la tête chaude, et les curés constitutionnels de Cros et de Trémouille-Saint-Loup venaient d'en faire l'expérience. L'autorité municipale se montrait absolument hostile à l'égard du nouveau venu et ne lui ménageait aucune tracasserie. Abreuvé d'avanies et criblés de dettes, il perdit patience et, dès le milieu de janvier 1792, il abandonna son poste et partit à Clermont.
   La municipalité n'attendait que cette retraite, qu'elle avait un peu provoquée, pour rendre le calme à la paroisse. La fête de Saint-Blaise et de Saint-Sébastien, patrons de Saint-Bonnet, la Purification, la Chandeleur approchaient. Au lieu d'avoir recours au citoyen Blanchot, curé constitutionnel de Vernines, elle requit ses anciens prêtres de reprendre les fonctions curiales et d'administrer les sacrements.
   Les dimanches 22 et 29 janvier, les jeudi 2 et dimanche 5 février, les cérémonies du culte furent donc célébrées en grande pompe par les abbés Chirent et Ladevie, qui baptisèrent dix enfants le même jour et conduisirent une imposante procession à travers les rues du village.
    L’événement avait fait du bruit, et les patriotes criaient à la trahison. L'abbé Ladevie, disaient-ils, avait prié au prône pour Mgr de Bonal, évêque de Clermont, en ajoutant qu'il ne fallait pas prier pour les excommuniés ni pour ceux qui sont séparés  de l'église. Il avait aussi prié pour le seigneur et les dames de la paroisse. On avait fait circuler dans le temple des vases d'eau bénite par les prêtres réfractaires, alors que le bénitier était plein de l'eau bénite par le curé Bonnet. La municipalité avait assisté à la messe dissidente en corps et en écharpe, était allée à l'offrande, et avait suivi la procession un cierge à la main. Elle avait offert le pain consacré, en en refusant aux partisans de la Constitution civile du clergé, qui avaient été injuriés et malmenés.
   Sur ces dénonciations tapageuses, M. Joseph-Marie-Amable Dufraisse, juge de paix du canton d'Olby, verbalisa, dès le 6 février 1792, contre l'abbé Ladevie qu'il fit conduire à la maison d'arrêt de Clermont, et contre le maire et les officiers municipaux de saint-Bonnet, de la personne desquels il ne put parvenir à s'emparer.
   L'instruction, conduite par le citoyen Etienne Bonarme, directeur du jury du district de Clermont, aboutit au renvoi de l'abbé Ladevie devant l'officier de police correctionnelle et au renvoi des trois autres prévenus devant le Tribunal Criminel du Puy-de-Dôme.
   Par bonheur, le Tribunal criminel, qui en était à ses débuts, ne connaissait pas encore l'inflexible rigueur des sentences révolutionnaires.
   Après un éloquent plaidoyer de Me Touttée fils, défenseur officieux, et sur la déclaration favorable du jury, les trois prévenus, qui s'étaient présentés au cours des débats, furent acquittés :

     " Attendu, porte le jugement, que si les prévenus sont convaincus d'avoir autorisé les sieurs Chirent et Ladevie, anciens curés et vicaire de la paroisse de Saint-Bonnet-lès-Orcival, à faire les fonctions curiales les 22 janvier et 2 février derniers, cette autorisation, vu l'absence constatée du Sieur Bonnet, curé constitutionnel de ladite paroisse, n'est ni un abus d'autorité municipale ni une provocation de désobéissance à la loi. " 



 Siégeaient : Prévost, président; Dupuy, Tournadre et Andraud, juges.




Sources : le Tribunal Criminel du Puy-de-Dôme, Marc de Vissac 1897.
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