la tour de Maurifolet de Perrier

Tour de Maurifolet et les roches de Perrier.


   "Si l'on suit la vallée de la Couze pour se rendre à Besse, l'on aperçoit sur la droite, à peu de distance d'Issoire, une longue falaise volcanique de couleur grisâtre.
   Tantôt dressés en hautes murailles, tantôt amoncelés en gigantesques éboulements, les rochers offrent, pendant plusieurs kilomètres, les perspectives les plus variées.
   Au-dessus du village de Perrier leur aspect devient singulièrement pittoresque, minés, rongés par l'action persistante des pluies, ils se sont découpés en mille
formes bizarres, qui profilent sur le ciel des silhouettes fantastiques.
Plus bas, s'ouvre en désordre, les unes au-dessous des autres, des grottes profondes, semblables à celles que l'on rencontre sur les bords de la Loire et auxquelles donnaient accès des escaliers en grande partie disparus. Pendant des siècles, ces grottes ont servi d'habitation à quelques pauvres familles, elles sont presque toutes abandonnées aujourd'hui.
A l'ouest, sur une petite terrasse, se dresse, comme une colonne rustique, un gros bloc surmonté d'une sorte de chapiteau et d'une tour en ruine appelée "Tour de Maurifolet".
   Ce bloc, entièrement séparé du plateau voisin dont il faisait autrefois partie, a été creusé dans toute sa hauteur, une chambre très irrégulière occupe le rez-de-chaussée, au sommet de la voûte, une ouverture, à laquelle on n'arrive qu'au moyen d'une échelle, conduit à l'escalier qui monte à la tour.
Au point de vue archéologique, cette construction, dont il ne reste plus qu'une maçonnerie de moellons sans caractère, présente peu d'intérêt.
L'on ignore à quelle époque elle fut élevée, tout ce que l'on sait, c'est qu'elle appartînt, à une époque très reculée, à un sieur "Morin Follet" dont elle a conservé le nom, et qu'en 1403, Jean de Chalus, seigneur de Tours, la vendit à "Morinot de Tourzel", seigneur de Tourzel.
Sa destination n'est pas mieux connue, il ne semble pas d'ailleurs qu'elle est jamais fait partie d'une fortification quelconque.
   D'après une tradition rapportée par certains auteurs, le village de Perrier aurait été, au IIIè siècle, le théâtre du martyre de Saint Austremoine, premier apôtre de l'Auvergne.
   La montagne de Perrier a pour base un lit de calcaire au-dessus duquel s'étend une épaisse couche de galets de basalte, de trachyte, de quartz, de granite, que recouvrent des sables fins. Puis viennent des conglomérats ponceux renfermant, au milieu de cinérites d'argiles et d'arkoses, des blocs de trachyte d'une dimension souvent considérable.
Ces conglomérats sont divisés horizontalement par deux couches de cailloux et de sable, coupées au-dessus de Perrier par une faille qui en a affaissé la portion orientale, des alluvions plus récentes recouvrent le tout.
Depuis bien des années, ces roches ont attiré l'attention des géologues, et leur mode de formation a soulevé bien des discussions qui ne paraissent pas encore terminées.
Le capitaine Rozet y vit les débris d'une montagne de trachyte détruite par un tremblement de terre. (Mémoires géologiques)
Bravard les attribua à une éruption volcanique qui les aurait lancées du Mont-Dore. (Monographie de Perrier)
L'abbé Croizet admis cette provenance, mais seulement à la suite de pluies et d'orages ayant charié au loin les fragments arrachés à la montagne. (Recherche sur les ossements de Perrier)
Julien, ayant remarqué l'existence de stries sur un grand nombre de blocs, pensa que leur transport était dù à l'action des glaciers. (De l'existence d'anciens glaciers quaternaires)
Lecoq combattit cette opinion par le motif que les stries se croisent en tout sens au lieu d'être notamment parallèles comme celles produites par des glaciers, la montagne de Perrier ne lui parut être qu'une grande nappe de conglomérats trachytiques déposées par les eaux pluviales et névéennes. ( Considération sur les phénomènes glaciaires de l'Auvergne)
Enfin, M. de Lapparent, frappé de la grosseur, de la forme anguleuse des blocs de trachytes et de l'étrangeté des éléments du dépôt, propose une dernière explication :
"Ce pourrait être, dit-il, la place d'une ancienne solfatare où l'effet volcanique se serait borné à amener à la surface une intumescence trachytique à demi transformée en boue par les émanations acides, et remaniée plus tard par les agents ordinaires d'érosion. (traité de géologie, 1893)

   Au-dessus des roches de Perrier s'étend le plateau de Pardines qu'une terrible catastrophe rendit célèbre au siècle dernier.
Le 23 juin 1733, à la suite d'infiltrations produites par des pluies d'orage, le terrain, sur lequel était bâti le village de ce nom, se détacha de la montagne, entraînant avec lui pèle-mêle champs et maisons.
 Cet éboulement dura trois jours et bouleversa une grande étendue de terrain, soixante bâtiments furent détruits, aucun habitant ne périt.
Les traces de ce désastre subsistent encore. "



Sources: l'Auvergne historique et  littéraire, 1893.
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