L'âne et le loup.
Un jour, après souper, un grand malheur survint à un pauvre âne qui était tout affamé.
Il quitta l’étable pour s’en aller paître un carreau de blé bien vert, bien tendre qu’il voyait luire, par le « fenestrou », sous les bois de la Rode.
Quand il fut dans le blé, le loup sortit du bois et, en ces termes, lui déclara la guerre :
« Descendons à la Catinotte, le vent nous attend, et il y a bruyère bourrue pour se rouler ! Nous nous porterons quelques bottes, nous nous découvrirons et verrons lequel de nous deux sera le plus courageux ! »
Arrivé à la Catinotte, le loup brusquement, dit à l’âne :
« Tu es l’âne de Marti le meunier ! C’est toi qui as assommé mon cousin ! Tu lui as donné, par derrière, un coup de barre dans les bois du Sagui sans lui crier gare et sans rémission ! »
Alors le pauvre âne de répondre poliment :
« Brave loup, vous vous trompez ! Martinou n’est pas mon maître, je n’ai jamais été loué ! Je suis l’âne du château des Maumours et si vous étiez une si fine lame de me vouloir faire tort, par ma foi, notre madame se vengerait de ma mort ! »
Le loup retroussa ses babines et reprit :
« Que tu aies droit, que tu aies tort, je vais t’étriper comme un porc, je vais t’étriper le foie et les boyaux et te déchirer les quatre pieds ! »
Alors, le pauvre âne de se lamenter :
« Jacques ! Jacques ! Mon valet, viens à mon secours ! Par ma foi, si tu tardes, tu n’assisteras même pas à mon enterrement ! »
A peine avait-il achevé, que le loup lui sauta sur le poil, le saisit au poitrail et, au premier coup de patte qu’elle reçut sur le corps, la pauvre bête d’âne tomba raide morte.
(Vieille fable recueillie en Artense)
© Alain Michel Regards et Vie d'Auvergne.
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