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De l'arrière saison. (Poème)

De l'arrière saison.


Automne

Parce que les bouleaux effeuillent sur la route
De jaunes petits cœurs et parce qu'au matin
La toile d’araignée en capturant les gouttes
De la blanche rosée éblouit le jardin.

Parce qu'une aile noire à côté d’une autre aile
En s’ajoutant toujours change en fils d’hirondelle
Les fils du téléphone au-dessus des maisons ;
Parce qu’un brouillard mauve habille l’horizon.

Automne

Et parce que les pas sur le chemin montant
Froissant le serpolet ne chassent plus autant
De papillons cendrés, qui sont bleus s’ils s’envolent ;
Parce que les enfants retournent à l’école.

En longs tabliers neufs, j’entendrai dire un jour
D’un certain air songeur : « l’Automne est de retour !... »
Et d’avoir entr’ouvert mon cœur à son attente,
A l’heure où les moutons ennuagent les sentes
Il fera sur le soir, doux et triste à la fois
Comme si le ramier roucoulait dans le bois.

Automne

Je pense à la montagne, au calme cimetière
Où vont finir un soir les rêves paysans
Sous le tassement lourd des glaises nourricières,
A deux pas des labours aux couleurs de bruyère,
A deux pas des forêts aux couleurs de safran.

Sous la brume d’argent et sous le ciel d’étain
Je pense au cimetière en ce soir de Toussaint,
Où n’entre plus d’un bond la chèvre aux yeux de folle
Depuis qu’aux jeux du vent, les feuillages s’envolent
Et ne peuvent offrir la saveur des sureaux
Par-dessus le mur bas chargé de leur fardeau.

Automne

Sous la brume d’argent et sous le ciel d’étain
Je revois ce mur fait comme un mur de chemin
Qu’une mousse livide a rongé de sa lèpre.
Sous l’essor de la cloche, appelant pour les vêpres,
La porte qui miaule en dérouillant ses gonds
Pareille à la chouette aux ruines des maisons ;
Les croix ouvrant leurs bras en un geste qui prie
Et les petits talus sous l’herbe et sous la pluie.

Automne

Sous la brume d’argent et sous le ciel d’étain
Je songe au cimetière aussi vert qu’un jardin ;
Au doux orphelinat que la sœur Blanche endeuille
Comme un rang de fourmis étiré sous les feuilles ;
Aux vieilles, dos voûtes sous le châle et qui sont
Des regrets sans révolte à côté des sillons,
A la procession qui moutonne et moutonne
Derrière un prêtre en noir, berger de ces bergers ;
Aux deux enfants de chœur, visage en fruits d’automne
Dont les surplis sont comme du carton gaufré
Sur les doigts violets ; au chantre sacristain
Clamant au fil de l’heure un barbare latin
Sous la brume d’argent et sous le ciel d’étain…

Marguerite Sapy





Source: L'Auvergne Littéraire, Marguerite Sapy, 1934.
              Photos © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
           Le blog de ceux qui aiment l'Auvergne et de ceux qui ne la connaissent pas.





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