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Chaudeyrolles, Haute-Loire, le village à truites.

Chaudeyrolles, Haute-Loire.


Chaudeyrolles. Haute-Loire.
Chaudeyrolles. Haute-Loire.

   Le cimetière est près de l’église, et il n’y a pas d’enfants pour jouer avec moi ; il souffle un vent dur qui rase la terre avec colère, parce qu'il ne trouve pas à se loger dans le feuillage des grands arbres. Je ne vois que des sapins maigres, longs comme des mâts, et la montagne apparaît là-bas, nue et pelée comme le dos décharné d’un éléphant.

   C’est vide, vide, avec seulement des bœufs couchés, ou des chevaux plantés debout dans les prairies !
Il y a des chemins aux pierres grises comme des coquilles de pèlerins, et des
rivières qui ont les bords rougeâtres, comme s’il y avait du sang : l’herbe est sombre.

  Mais peu à peu cet air cru des montagnes fouette mon sang et me fait passer des frissons sur la peau ;
J’ouvre la bouche toute grande pour le boire, j’écarte ma chemise pour qu'il me  batte la poitrine.
Est-ce drôle ? Je me sens, quand il m’a baigné, le regard si pur et la tête si claire !...
C’est que je sors du pays du charbon (Saint-Etienne) avec ses usines aux pieds sales, ses fourneaux au dos triste, les rouleaux de fumée, la crasse des mines, un horizon à couper au couteau, à nettoyer à coup de balai…

   Ici le ciel est clair, et s’il monte un peu de fumée, c’est une gaieté dans l’espace, elle monte comme un encens, du feu de bois mort allumé là-bas par un berger, ou du feu de sarment frais sur lequel un petit vacher souffle dans cette hutte, près de ce bouquet de sapins…

 
   Il y a là : le vivier, où toute l’eau de la montagne court en moussant, et si froide qu’elle brûle les doigts. Quelques poissons s’y jouent. On a fait un petit grillage pour empêcher qu'ils ne passent. Et je dépense des quarts d’heure à voir bouillonner cette eau, à l’écouter venir, à la regarder s’en aller, en s’écartant comme une jupe blanche sur les pierres !

   La rivière est pleine de truites. J’y suis entré une fois jusqu'aux cuisses : j’ai cru que j’avais les jambes coupées par une scie de glace. C’est ma joie maintenant d’éprouver ce premier frisson. Puis j’enfonce mes mains dans tous les trous, et je les fouille. Les truites glissent entre mes doigts ; mais le père Régis est là, qui sait les prendre et les jette sur l’herbe, où elles ont l’air de lames d’argent avec des piqûres d’or et de petites taches de sang.

 Jules Vallès.




Sources:  Le Velay et le région de Brioude . L.Doupy, E. Locussol, 1913.
               © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
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