L'étrange Comtesse Brayère.


La comtesse Brayère.


Comtesse Brayère, contesse G    A mi-côte et à l’est du Puy-de-Chanat on voyait, il n’y a pas très longtemps encore, les ruines d’un château ayant appartenu à la comtesse Brayère, qui avait un goût très prononcé pour la chair des enfants nouveau-nés.
   Elle exigeait souvent des habitants du village de Chanat le sacrifice de quelques-uns de leurs enfants qu’elle se faisait apporter par son maître-queux.
   Un jour, cet homme éprouva des remords et résolut de faire revenir la comtesse à des sentiments plus
humains. Il pris un veau nouvellement né, l’accommoda de la même manière que les petits enfants et le fit servir à la table de la comtesse, qui fut complètement trompée.
   Elle n’avait pas encore achevé son repas, lorsque des gémissements plaintifs se firent entendre dans la cour du château ; elle envoya quelqu’un s'enquérir de ce qui se passait, et on lui rapporta que ce quelle venait d’entendre était le mugissement douloureux poussé par une vache à qui on venait d’enlever le veau et qui, pour le chercher avait rompu les liens qui la retenaient à l’étable.
   A ce récit, la comtesse fût émue, elle plaignit la pauvre bête, et donna des ordres pour qu’on lui rendit son veau ; mais on lui dit que la chose était impossible, puisqu’on venait de lui servir à la place d’un enfant !
  
A ces mots, la comtesse étonnée fit venir son maître-queux, lui demanda les motifs de sa conduite, et lui fit de vifs reproches sur sa dureté est sur sa tromperie. Il lui répondit :
 
   « Et vous, madame n’avez vous rien à vous reprocher ? Vous plaignez aujourd’hui une pauvre vache dont on a enlevé le veau, parce que vous avez vu sa douleur, mais n’éprouvent-elles donc rien ces pauvres mères dont vous faites enlever les enfants ? Vous ne croyez pas en leurs larmes, parce que vous ne les avait pas vues, mais si vous en aviez été témoins comme moi, vous cesseriez d’exiger ce tribut de sang. »

A ses paroles la comtesse s’écria :
  « Désormais plus de pareils sacrifices, je reconnais mes crimes, et, je les déplore amèrement, je réparerai mes torts. »

   Elle tint en effet parole et fit de pieuses fondations. Entre Menat et Montaigut, existent, à se qu’on croit, sur un monticule, les ruines du château de la comtesse Brayère. On vous montre dans le ruisseau qui coule au bas, un trou circulaire où elle avait la précaution de précipiter les enfants pour les laver avant d’avoir sa nourriture.

   Plusieurs villes, plusieurs châteaux, Issoire, Pontgibaud, Montferrand, Orcival, Olloix, Chanat, se disputent l’habitation de la célèbre comtesse Brayère, fondatrice d’un magnifique temple à Issoire, d’un monastère à Montferrand, et chacun a des anecdotes à rapporter sur son compte ; dans la montagne principalement, où les longues veillées d’hiver sont employées à raconter des histoires de revenants et de sorciers, la comtesse joue toujours un grand rôle.

  A propos de la comtesse Brayère, personnage mystérieux de l'Auvergne, que l'on nomme à Montferrand: comtesse G,  un livre ancien: Essai sur les églises Romanes et Romano-Byzantines du département du Puy de Dôme nous apporte quelques précisions à son sujet:

Extrait:
  
église saint Austremoine d'issoire, Puy-de-Dôme
Eglise saint Austremoine d'Issoire.
"L'église et l'abbaye d'Issoire est la plus ancienne de la province d'Auvergne, fondée par une comtesse nommée: Natarie, autrement la comtesse Brayere, laquelle se voyant sans enfants donna de son vivant une partie de son bien à l'église, et fit bâtir plusieurs temples, entre autre le monastère de Montferrand et le magnifique temple d'Issoire bâti à la mosaïque, au-dessus d'icelui avait une pyramide si haute qu'elle semblait menacer le ciel.
   Cette construction et fondation fut faite l'an de notre seigneur 318, sous l'empire de Constantin-le-grand, comme l'on remarqua l'an 1575, en une platine de cuivre trouvée dans le sépulcre de cette dame, lorsque les soldats de Merle l'eurent rompu pensant y trouver de l'argent, où ceci est gravé: Natariaco Bragmé fond. en DLCC  XVIII, et afin que l'on sache pourquoi elle s'appelait comtesse Brayère, faut noter que outre la division des Gaules faite par César en gaule, Belgique, Celtique et Atitanique, il y avait une autre division plus ancienne à savoir:
   Gallia togata et Bragata, de cette dernière gaule qui en français ne saurait nommer autrement que: Brayère, cette comtesse était dame voila pourquoi on la nommait: Comtesse Brayère, la construction de cette église nous fait voir que cette dame était une grande princesse, riche et opulente. Cette princesse ayant fait bâtir de son vivant cette église, elle   voulut y être enterrée, et ordonna que son corps serait mis dans une caisse de pierre postée devant le grand-autel, soutenu sur de grosse barres de fer, au-dessus de la voûte de la souterranne, lesquelles barres plusieurs personnes encore vivantes ont vu et moi aussi, lorsque les soldats de Merle, pensant que dans cette caisse il y eut de l'argent, la défire et n'y trouvant que de la poudre et certaines lames de cuivre où était contenue les fondations de l'église, s'en allèrent tout étonnés, voilà tout ce que j'ai pu lire ou apprendre de la fondation de cette antique Abbaye, laquelle fut fondée par cette princesse, à l'honneur de saint-Pierre et saint-Austremoine."




Sources :Littérature Orale d’Auvergne, Paul Sébillot, Gallica 
              Photo: © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
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