Les vieilles d'Auvergne.
Les Vieilles de mon pays.
Elles ont encor sur la tête
Des coiffes ou des bonnets ronds.
A l’église, les jours de fête,
Un voile enveloppe leurs fronts.
Au bord d’un près, sous quelque frêne,
Et, doucement, filer la laine,
Les Vieilles de mon pays.
Le long des chemins, leurs galoches
Courent à menus pas pressés.
On trouve toujours dans leurs poches
Des chapelets aux grains usés.
Elles font des pèlerinages,
Et mettent des rubans bénits
Aux poignets des poupons bien sages,
Les Vieilles de mon pays.
Leur figure est pleine de rides,
Leur dos s’est voûté bien des fois.
Seuls, par les côtes arides,
Elles allaient glaner du bois.
Elles font tout haut la prière,
Elles ont, sous un brin de buis
Un christ pour garder leur chaumière,
Les Vieilles de mon pays.
Elles cherchent, les nuits d’orage,
Leur cierge de la chandeleur.
Par leurs mains, quand le temps fait rage,
Brille sa tremblante lueur.
Puis, dans un doux bruit monotone,
Elles bercent les tout petits,
Près du foyer, les soirs d’automne,
Les Vieilles de mon pays.
Un jour proche, hélas ! La dernière,
Dans le cercueil qu’on porte à bras,
Ira dormir au cimetière.
Le passé ne revivra pas.
Et c’est pour l’âme une souffrance :
Avec vos jours évanouis
Meurent quelque chose de la France,
Ô Vieilles de mon pays.
Berthe Colardeau,
prix d’Honneur de l’Ecole de Limagne, 1929.
Sources : Auvergne Littéraire et Artistique,1929.
© Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
Le blog de ceux qui aiment l'Auvergne, et de ceux qui ne la connaissent pas.
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