La Basilique Notre Dame d'Orcival, Puy-de-Dôme.


 Orcival.

Notre Dame d'Orcival.
   -Entre deux collines resserrées qui terminent les montagnes du Mont-Dore et qui s’étendent jusqu’à la grande route de Bordeaux, comme deux tumulus romains, le terrain se déchire et laisse entrevoir, dans une fente profonde, le clocher d’une église et les toits d’un village.
Notre Dame d'Orcival.    C’est le village et la vallée d’Orcival, vraie vallée de l’Enfer. On dirait en effet que c’est par là qu’un jour l’Enfer a essayé de regarder le ciel. Orcus, Orci, l ’enfer en latin poétique, où auraient vécu des ours, dite aussi vallée des Fers, à cause des prisonniers délivrés, dont les fers et les chaînes sont dans la chapelle. Le village est dominé par des montagnes, sur le Sioulot, affluent de la Sioule, affluent de  l’Allier.
   Orcival, nommé dans les anciens titres : Urcivalh, Orcivalhe, est une seigneurie qui a appartenu aux Dauphins d’Auvergne ; elle passa vers le milieu du seizième siècle, à la Maison de Chabannes ; Jeannes de Chabannes la vendit, en 1582, à la Maison d’Allègre.
Orcival, Orcivallis,  est à une demi-lieue et à l’est de Rochefort. C’est
un bourg célèbre dans les environs, par l’ancienne dévotion à une image de la Vierge, qui est, dit-on, fort miraculeuse. L’image de la Vierge, qu’on y révère, est petite ; on tient pour tradition qu’elle fut sculptée par l’Apôtre  Saint-Luc, et, c’est encore l’opinion de quelques chanoines du pays.
   On promène, une fois l’an, cette image avec beaucoup de vénération, et surtout dans les temps de calamités.
Notre Dame d'Orcival.   On conserve aussi, dans la même église, un reliquaire de cristal, qui contient un morceau du suaire, des cheveux et du lait de la Vierge, même un peu de sa chemise. Le chapitre de Notre-Dame y fut, dit-on, fondé en 1242, par Gilbert de Chabannes et Françoise de Boulogne son épouse.  
   Cet établissement détermina la pieuse libéralité de plusieurs Seigneurs et Prélats qui concoururent à enrichir cette église. La dévotion que les peuples avaient, au douzième siècle, à l’image qu’on y conserve s’étant soutenue jusque dans ces derniers temps, les dons des zélés croyants ont encore accru les richesses de ce chapitre.

     " Description de J. Branche."
"L'Image de la Saincte Vierge est de bois incorruptible, et, taillée comme l'on croit, de la main de S.Luc, ce pourtraict, nonobstant son antiquité, n'est aucunement corrompu n'y carié, il est beau à ravir, ne montre pas au vray qu'il soit peint à la face, qui est un peu brune, et plus longue que large, le reste du corps est argneté, quoy que l'argent pour son antiquité soit devenu presque noir, il est assis sur une chaire d'autre bois que luy, et un peu carié, et tient son petit sur le giron.
   Quand aux reliques, qui sont dans ce sainct Temple, on voit l'Espinglier de nostre Dame, faict en trois languettes de matière inconnue, tissu de soye, violette, avecque ces mots au-dessus, escrits en lettres Gautique: Hic est Crumena Marie Virginis, il est plié dans un reliquaire de cristal, et d'argent travaillé à Rome en façon de montre, donné par madame de sainct Marc. il y a du laict, du poil, de la chemise, du Suaire, des lacets du sépulchre de nostre Dame, et plusieurs autes Reliques de divers Saincts."

Le pèlerinage :


    « Dimanche dernier, c’était la fête du lieu. La foule s’y pressait. Dès quatre heures du matin, des troupes de pèlerins, partis la veille de leurs hameaux, arrivaient en chantant de pieux cantiques ou en récitant des prières. Ils se dirigeaient aussitôt vers l’église byzantine, véritable chef-d’œuvre dans son genre, s’y asseyaient, puis descendaient dans la crypte et attendaient. D’autres venaient, s’agenouillaient ou s’asseyaient comme les précédents et l’église s’emplissait, et les derniers venus faisaient queue à la porte. Chacun tirait de son panier ou de sa poche un saucisson et du pain, et tout le monde mangeait comme chez soi. Si on blâmait cette inconvenance, ce manque de respect envers le lieu saint, on admirait, la foi de ces populations simples et laborieuses qui accouraient, par familles, de dix lieues à la ronde, pour célébrer le fête de la Bonne-Dame-d ’Orcival. »

Notre Dame d'Orcival.

En 1876 :
   Ce pèlerinage est d’une renommée extraordinaire, non seulement en Auvergne, mais aussi dans les provinces environnantes. On y vient en effet  du Limousin, du Bourbonnais, du Velay, du Berry, du Poitou, etc…Et aujourd’hui encore, malgré les réductions et les facilités de nos voies de transport, bon nombre de pèlerins accomplissent leur pieux voyage à la manière rude et pénitente des pèlerins d’autrefois, le bâton à la main, à pied, et souvent à pieds nus.
Le sentier qui conduit au Chancel est trop étroit, la foule s’y précipite et le garnit ; bientôt il est envahi de la base au sommet ; il faut alors pour frayer un passage à la statue de Marie rejeter sur les flancs de la colline ces masses humaines qui se cramponnent aux rochers, aux arbustes rabougris et se tiennent suspendues  au-dessus de l’abîme comme des grappes déjà mûres. On n’entend pas un cri, pas une protestation, mais toujours une prière ou un chant.

Notre Dame d'Orcival.
L’image de Marie est portée par quatre prêtres et quatre montagnards aux pieds nus ; des paysans armés de piques forment son escorte, mais cette escorte est bien faible contre l’élan de la vénération. Le flot des pèlerins est plus pressé là que nulle-part ailleurs. Les porteurs défendent difficilement leur précieux fardeau des pieuses indiscrétions de la foule ; et quand ils le déposent enfin sur le piédestal qui lui est réservé au sommet du Chancel, leurs pieds meurtris et ensanglantés témoignent des difficultés du chemin et disent également la ferveur de leur foi. C’est alors que se présentent les dévots clients de Notre-Dame d’Orcival. Durant tout le parcours on a fait toucher à la robe de la Bonne-Mère et aux pieds de son Enfant, des chapelets, des croix et des médailles ; mais là se sont les infirmes, les malades, les aveugles, les paralytiques, les misérables disgraciés de la famille humaine qu’on lui présente et qu’on lui fait toucher.

La basilique d’Orcival.

 
Notre Dame d'Orcival.
   Église monumentale classée ; tout est à voir dans cet intéressant édifice, qui est un des plus beaux du diocèse. Cette église a un beau  clocher de transition, avec une crypte qui porte au recueillement. La patronne est Marie, Notre-Dame(Assomption).

 
Notre Dame d'Orcival.
Magnifique église romane, des XII et XIIIe siècle, à deux étages, porte à inscriptions du XIIe siècle, vaste nef, au milieu de laquelle est un escalier conduisant à la crypte, grilles romanes, beau chœur, au maître autel statue en bois incorruptible de N-D d’Orcival ou des Fers.
  
Notre Dame d'Orcival.
Ce beau sanctuaire a été construit par les moines de la Chaise-Dieu, qui fondèrent un prieuré dans cette paroisse vers la fin du XI e siècle. La statue miraculeuse de Notre-Dame d’Orcival, dont on fait la fête le jour de l’Ascension, avec le concours d’une foule immense, venue de tous les points du diocèse et des diocèses voisins, a un cachet incontestable de la plus grande antiquité, où on bénit la foule du sommet du mont Chancel. On prétend qu’elle fut sculptée par St-Luc lui-même, (comme celle de Vassivière) ce qui est assez difficile à démontrer. Cette statue représente la Vierge-mère assise tenant sur ses genoux le St-Enfant Jésus. 

Notre Dame d'Orcival.
   Pendant la grande révolution, en 1793,  des personnes pieuses la cachèrent et la sauvèrent ainsi de la profanation. Avant cette lamentable époque, les murs de l’église, étaient couverts d’ex-voto, des grâces obtenues, parmi lesquelles  on peut signaler la cessation d’un incendie en 1631, la résurrection d’un enfant en 1806 et en 1834.

 
Notre Dame d'Orcival.
     

 
     

Coutumes et croyances,miracles :


Notre Dame d'Orcival.
« En 1383, Louis II, Duc de Bourbon, fit un pèlerinage à N-D d’Orcival, pour accomplir un vœu, qu’il avait fait pendant la guerre des Anglais. »

« Une coutume se pratique à Orcival, but d’un pèlerinage célèbre, elle consiste à faire rouler une pierre du haut d’une montagne, autant de sauts elle fait, autant d‘années avant le mariage… ! »

« Les nouveaux époux ont l’habitude d’assister à ce pèlerinage dans le but de rendre leur union heureuse et féconde. »

« Une croyance voulait que les gens qui désiraient avoir des enfants mâles allaient se frotter autour d’un certain pilier de l’église… ! »

« Autre coutume, tous les bons paysans emportaient dans leur poche un petit morceau d’une pierre plate située sur la colline, sous le prétexte que c’était le Tombeau de la Vierge … !

« En 1758, à Chapdes-Beaufort, canton de Pontgibaud, une épidémie emporta, en quatre mois, 80 personnes, parmi lesquelles on comptait le curé et le vicaire. Le nouveau curé fit faire un vœu à N-D d’Orcival, et l’épidémie disparut tout-à-coup de cette paroisse. »

«  En 1401, à Chatel-Guyon, la peste fit des ravages, elle y reparut en 1631, les habitants firent alors un vœu à N-D d’Orcival, qu’ils accomplirent en 1632. »

"En 1641, la veille de Nostre-Dame de septembre, le feu s'étant pris à un endroit du bourg, d'où il s'avançoit sur le reste, avecque telle violance, qu'on se craignoit d'un embrasement universel, jusques-à ce qu'ayant sorty la saincte Images en procession, le feu passa pas plus avant, quoy que le vent se fut levé contraire, et, qu'il poussat les flammes avecque violence" (J.Branche)


Notre Dame d'Orcival.
« A 150 mètres au Nord-Ouest du lac de Servières, au sommet d’une éminence qui domine la petite route du Mont-Dore, on remarque trois prismes de basalte, debout, près les uns des autres, et qui n’ont pas été dressés là par la main de l’homme. On ne peut, dit-on, y toucher sans éprouver un frisson. Ces trios monolithes sont célèbres dans le voisinage, et l’objet d’une vénération mêlée de terreur. Les jeunes filles et les jeunes garçons, sous prétexte de cueillir des airelles, vont, en automne, en pèlerinage à Servières. En arrivant, la petite caravane court se prosterner au pied des trois pierres, images, chacune, d’une Vierge. Tout ce monde et à genoux, les mains jointes, demandant grâce pour les anciens habitants de Clermont, engloutis jadis avec leur ville, au fond du gouffre, où ils expient leur attachement à leur "fausse divinité" et à leurs abominables superstitions.
   L’histoire, vous dira-t-on, en est si véritable, que, si vous penchez l’oreille au bord de l’eau, quand sonnent les cloches de l’église du Port, vous entendez celles du lac qui leur répondent, mais sur un ton si plaintif, que cela vous serre le cœur… ! »
« La Source d'Orcival, c'est à cette source que Sainte-Anne venait laver les langes de l'Enfant Jésus. Après le pèlerinage, on va demander aux sœurs quel miracle a fait la Vierge, et elles racontent qu'un enfant mort sans baptême qu'on transporta à Orcival, reprit vie aussitôt et put être baptisé. Le manteau de la Vierge est distribué à chaque pèlerin, par les sœurs. C'est un petit morceau de soie verte avec des franges dorées. »

« Notre-Dame du Puy, céleste citadelle
Qui, par trois cents degrés s’ouvre au peuple fidèle…
Mainte autre dans les monts, dont l’aspect est plus grave,
Celles que mon Auvergne arrache de sa lave,
Brioude en ses vergers, en ses bois Orcival,
Notre-Dame du Port où médita Pascal… »

Notre Dame d'Orcival.





Sources: Textes divers, F. Pommerol, Ch. Daveluy, Auvergne littéraire, J.A
                  Dulaur,
               la Gazette d'Auvergne, Jacques branche, La vie des Saincts 
                d'Auvergne.
               Gravures: BNF.
               Photos: © Alain Michel Regards et Vie d'Auvergne.
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