De Clermont à Ambert en train, jadis.


Comment le touriste doit aller de Clermont à Ambert.



   Bien que la distance de Clermont à Ambert soit fort courte, 80 kilomètres, le voyage n’est pas chose aisée, et quatre heures ne sont pas de trop pour franchir, en chemin de fer, les vingt lieues.
  Pour les gens pressés, commis-voyageurs, ou apprentis-députés, qui ne songent point à garder en mémoire les paysages sans cesse renouvelés, quatre heures c’est vraiment du temps perdu et je comprends que ces infortunés élèvent, contre la Cie, des plaintes amères. Pour le touriste qui veut voir , qui veut comprendre, qui ne se contente pas d’une vision superficielle, quatre heures ne sont pas de trop, que dis-je, ce n’est même pas assez. Aussi le P-L-M, a-t-il créé un étonnant service pour aller de Clermont à Ambert. Il doit fonctionner depuis fort longtemps, mais je crois être un des premiers à l’avoir
utilisé l’an dernier et encore ma découverte n’est-elle que l’effet du hasard.
J’étais arrivé à Clermont à 10 heures du matin.
Le train pour Ambert, me dit un employé : vous en avez un à 11h5, et un autre à 1h 30. Et il sourit mystérieusement.
J’allais déjeuner et à 1h 30, je quittai Clermont après avoir salué le Vercingétorix équestre, qui en dira la psychologie, au galop figé…
Une série de petites gares : Pont-du-Château,Vertaizon ( à Vertaizon toutes espèces de maux) Lezoux,   enfin Pont-de-Dore.
-« La correspondance pour Ambert ? »
-« A 7 h. 33. »
-« Mais… »
Le chef de gare me tourna dédaigneusement le dos. Tout bas, je lui jetai :
-« Va donc, eh cornard ! »
Il n’était pas 3h 30, et cinquante kilomètres me séparaient d’Ambert.
Attendre quatre heures dans cette petite gare me parut un supplice, je pris la route. Vous connaissez le problème des mobiles, un voyageur marchant à raison de 6 kilom.à l’heure, part de Pont-de-Dore à 3 h 30. A quelle heure et à quelle distance de cette localité sera-t-il rejoint par un train partant du même lieu à 7h 33, sachant que la vitesse du convoi est de 25 kilom. à l’heure ?
Je marchais, me disant :
« Quand le train me rejoindra, je le prendrai ! »
Arrivé à Courpière, je m’arrêtais dans une auberge, compliquant ainsi le problème. Je bus une canette et contai mon aventure à la patronne. Il faisait chaud, le silence engourdissant régnait.
Tout à coup… non, je n’étais pas fou…j’écoutai :
-« Tchou, tchou, tchou, tchou… »
Un train ? Oui, un train !…Un train de marchandise.
Ce fut devant deux litres d’un bon petit vin que se fit la discussion avec le chauffeur, le mécanicien, le chef de train. On m’acceptait avec les « ballots ».
En route…Tchou, tchou, tchou…, nous démarrâmes lentement.
A la première gare, le chef de train me dit :
-« On va aller prendre quelque chose ».
Le pays était à trois cents mètres, nous allâmes y faire un tour. J’admirai la Basse-Auvergne.
A la seconde gare, le mécano me dit :
-« On va aller prendre quelque chose.
Le pays…(voir plus haut).
A la troisième gare le chauffeur…(voir plus haut…)
A la quatrième gare, je dis à mes compagnons :
-« Si nous allions prendre quelque chose. »

8 h 30 nous vit pourtant à Ambert, en avance d’une heure sur le train qui partait à 7 h 33…de Pont-de-Dore !

Jean Bouchary

Sources : Auvergne littéraire.
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