Coutumes, usages et parler Riomois, Puy-de-Dôme.

Riom, Puy-de-Dôme.

Riom, Puy-de-Dôme, usages et parler Riomois.

Riom puy de Dôme, le Marché


   Voici ce qu’en 1792 le citoyen La Vallée (le marquis de Bois-Robert) disait de Riom :
   « Riom, est la plus jolie ville de ce département, et l’on peut même dire une des plus jolies de la République.
  Bien bâtie, percée de rues larges et droites, entourée de promenades agréables, située au milieu d’une plaine aussi riante que fertile, elle réunit tous les charmes des villes modernes sans avoir rien de la monotonie qu’elles reçoivent communément de leur régularité.
   La Société est moins liante, moins hospitalière à Riom qu’à Clermont. Le ton y est plus froid, plus cérémonieux, c’est une des villes, ou l’on veut être Paris. La Révolution a cependant, un peu diminué ce faible ridicule. Elle tenait cette espèce de raideur des usages des gens de robe dont elle était pour ainsi dire peuplée sous l’ancien régime. Des juges et des plaideurs, tel fut longtemps le peuple de Riom ; et assurément un peuple de protecteurs et de protégés est
un peuple plein de gravité ».
 
Riom puy de Dôme, la tour de l'horloge

   Ce qui était, peut-être, exact en 1792 ne l’est plus aujourd’hui, car la société de Riom est aussi « hospitalière et liante » que celle de Clermont, et personne dans la cité ne cherche à « être Paris ».
Il est vrai, que les moyens de communication rapide dont nous disposons aujourd’hui ont changé nos manières d’envisager les choses, et si nos aïeux revenaient parmi nous, ils ne penseraient probablement pas, à bien des points de vue, comme ils  pensaient au moment où ils étaient sur la terre. 
   Fléchier, avait remarqué que les Riomois avaient pour leur patrie une tendresse et une piété qui approchait fort de celle qui faisait partie de la religion des Anciens. 
   Cette remarque était parfaitement justifiée, mais le précepteur des enfants de Mr de Caummartin exagérait certainement un peu lorsqu’il prétendait que l’ambition des Riomois a toujours été de faire passer leur ville pour la capitale de la province et que tous savaient, en naissant, ces vers de Chapelain dans « sa pucelle » :
 
  "Riom, chef glorieux de cette terre grasse Que l’on nomme Limagne, au-lieu d’Auvergne-basse."

   Les quatre faubourgs de Riom étaient, jadis, peuplés de cultivateurs, tandis que les gens de justice, les fonctionnaires et les commerçants occupaient le centre de la cité.
Brayaude de Riom
   Les femmes de Riom, passaient pour plus intelligentes, plus vives et plus alertes que les hommes ; aussi laborieuses qu’eux, elles partageaient leurs  travaux les plus pénibles, ce qui ne les dispensaient pas d’être excellentes mères et tendres épouses.
   Le type de la femme est assez joli ; la physionomie est douce ; les yeux noirs, les cheveux bruns rappellent le Midi. Elles sont petites, robustes, bien prises dans leur taille.
   Autrefois, leur costume était très pittoresque : un corset de velours noir retenu par des agrafes et lacé de rubans rouges ; les manches  plates, demi-longues, en laine de couleur ou en étoffe brochée ; le jupon court, relevé et bordé de galons de velours ; enfin, la coiffe blanche, ou le bonnet de bergère, et le fichu, complétaient la toilette d’une paysanne aisée.


Riomois
Les hommes portaient le dimanche, un chapeau noir dont la forme a variée avec les époques : ce fut un bicorne en bataille ou en frégate, puis un chapeau à larges bords. L’habit se composait d’une longue veste de drap blanc aux basques plissées, d’un gilet également long, de la culotte courte et des guêtres-jambières de même tissu. Mais, hélas, ce qui constituait l’originalité et la poésie de nos faubourgs s’est effacé et il n’en reste à peu près rien.
   On donnait presque exclusivement le nom de « Brayauds et de Brayaudes » aux habitants des communes  de Riom et de Combronde, Châtel-Guyon, Saint-Hippolyte, Saint-Bonnet, Davayat, etc.,qui, les derniers en Auvergne, ont conservé les costumes primitifs : pour les hommes la veste courte, les longs cheveux, le
Brayaude
chapeau à larges bords et la « Braye » ou culotte en laine blanche ; et pour les femmes : la coiffe blanche avec les deux pans descendant dans le dos qui leur donne l’aspect de religieuse.
 Mais, malheureusement pour ceux qui aiment la couleur locale, ces costumes disparaissent peu à peu. Les « brayauds » s’en vont, s’ils ne sont déjà tous partis !
« Brayaud » veut dire proprement : vêtu de « brayes » ou espèces de culottes larges qui couvrent depuis la ceinture jusqu’aux genoux.
On dit que quelqu’un qui s’est tiré sans encombre d’une mauvaise affaire 

« Il en est sorti, les brayes nettes ! »


  
Brayaudes

Les Brayaudes :

   Elles portent sur la poitrine, au-dessus du tablier, un morceau d’étoffe qui porte le nom de : « Pièce ». Généralement, la «  pièce » est de même étoffe que le tablier, mais les jours de fête, elle est faite d’une étoffe beaucoup plus riche et elle est rehaussée encore parfois de dentelles et de broderies d’or.
   Les vieux Riomois parlaient tous le patois :  quelques-uns le parlent encore. Ce patois et un mélange de mots de la   langue d’Oc et de la langue d’Oil. C’est un effet de la position frontière de l’Auvergne, entre les pays d’Oc et d’Oil qui a produit le patois. Et que l’on ne croit pas que cette langue bâtarde ait été l’apanage exclusif des paysans, des artisans, des basses classes de la société. Les classes supérieures, les lettrés et les familles qui avaient leurs racines et leurs habitudes dans le pays, la connaissaient, et l’employaient même très souvent.
   La plupart, en s’en servant, ne s’imaginaient nullement pêcher contre le langage académique, tant cet usage était profondément enraciné.
   Le recrutement, l’instruction obligatoire et surtout les chemins de fer, en multipliant les relations, en rapprochant des hommes de contrée et d’éducation différentes, ont rudement battu en brèche tout ce qui restait de spécial et de local dans la manière d’être et dans les mœurs de notre cité ; et on peut déjà prévoir l’époque ou malgré la résistance d’habitudes inévitables, les « provincialismes » les idiotismes du langage auront disparu comme ont déjà disparu les costumes de  nos campagnes.
   Si le patois n’est qu’exceptionnellement parlé aujourd’hui à Riom, il a laissé cependant son empreinte dans une quantité d’expressions. Beaucoup d’entre elles peuvent être qualifiées de vicieuses, mais si l’on veut se donner la peine de remonter à l’origine, si on considère l’époque de leur formation et la place qu’elles ont occupé, si, enfin l’utilité de leur existence se comprend et se fait sentir, on n’appellera plus ces mots : vicieux. Il ne s’agit que de locutions arriérées.
   A côté de ces souvenirs de l’ancien patois, on relève souvent à Riom de véritables fautes de langage, telles que l’emploi courant sous une forme active de certains verbes neutres, ainsi : « J’ai tombé mon livre… il a échappé son mouchoir ».
   Si nous ne pouvons citer ici toutes les expressions spéciales à la cité Riomoise, celles que nous rappellerons seront certainement comprises de tous les vieux « baabies ».
« Baabie(1) », tel était le sobriquet sous lequel on désignait autrefois les Riomois. Ce mot pourrait bien n’être qu’une corruption du prénom d’Amable qu’ont porté des générations d’habitants en l’honneur du patron  de la cité. Peut-être aussi, l’allongement de la première syllabe de ce sobriquet est-il un rappel narquois de l’accent traînard Riomois ?
 
Paysans Riomois

   Le « Baabie »

     Il ne partait jamais pour les champs sans être muni de sa hotte qu’il appelait sa « Berte (2)». Cette « berte » grand panier d’osier de forme pyramidale, se portait sur le dos au moyen de deux bras ou leviers de bois, passant en avant des épaules et retenus par les mains.
   Dans la « Berte » on plaçait le « fessou (3) », petite houe à main dont on se servait pour fossoyer, c’est-à-dire pour retourner et ameublir la terre. Au fond de la « berte » se trouvait le « Bousset ou Barlet », dans lequel on emportait le vin.

  Le bousset est d’ordinaire moins grand que le barlet et ne contient que la ration d’un homme. Le bousset était accompagné de quelques provisions pour faire « les  quatre heures ». Dans « L'homme content », poème patois, nous lisons :
 
« Et pu quand le solei commença sa rouleta
D’ una mô son boussé, de l’autre sa fiouleta



Yo se voué eyvenlâ sous quoque granf nughey ».
 
(Et puis quand le soleil commença son tour,
D’une main tenant son bousset, de l’autre sa flûte,
Il va s’étendre sous quelque grand noyer)

Remarque : 
   Dans le patois de Riom, le C et le G latins sont après une série de transformations, devenus TS et DZ. Ainsi, on ne dit pas : le Général, mais Lou Dzénéral. Le chien Dzape pour le chien jappe. Bonjour devient Bondzou.
La terminaison ER de l’infinitif est transformé en O : "Vegne tsanto bé me" : viens chanter avec moi. Somme toute, ainsi que l’a fait remarquer le poète Cantalien, Gandilhon Gens-d-Armes, dans une foule de mots Auvergnats tels que : Tsadeire, tsabre, Tsanto, Martsa, etc, c’est le parisien qui «  Fouchtrasise » en disant : chaise, Chèvre, Chanter, Marcher.
  
chien "garde-bousset"
   En partant pour se rendre à son travail, le Baabie est toujours accompagné de son « Garde-bousset ». On nomme ainsi un roquet chargé de la  surveillance et de la garde des vêtements, des provisions…et du contenu du bousset; Depuis la  loi qui a élevé les chiens à la dignité de contribuables, le nombre des gardes-boussets a considérablement diminué.
   Le cultivateur Riomois évalue l’étendue de ses terres arables en « septerées (4)», surface qui peut être ensemencée avec un « septier » de blé, tandis que l’ « œuvre » est l’étendue qu’un homme peut travailler (opérare) en une journée. On conçoit qu’avec le temps, la surface de l’œuvre ait pu varier. Autrefois, l’œuvre était une mesure qui s’appliquait à toute espèce de terre.
   Le vigneron porte toujours en son gousset, une tasse plate, soit en bois, en fer battu, soit très souvent en argent et dont il se sert en travaillant pour boire quelques « tassées » de vin. 
   Tous les enfants, garçons et filles, portent le nom de « drolles ». on dit « ma drolle » pour ma fille. Si un garçon a grandi trop vite, et qu’il a de longues jambes, un corps efflanqué et que ses habits trop courts lui donnent un air guindé et une apparence ridicule, on dit que c’est «  un grand Gounet » 
    Un nigaud s’appelle : un «fada » ou « fadar », et un brutal et têtu, un « daru ». Dans son poème patois sur les Vendanges, Laborieux dit :
« a qué daru, qué grand jadar qué foey le méchant »
Un enfant dont la figure est sale est un « drôle mouraillé » du vieux mot « moure » qui signifie : visage, « faire le faraud » c’est poser pour l’élégance.
   Un « Bijarrou » est un homme tracassier, ergoteur, un client attitré de la justice de paix.

Les prénoms les plus usités à Riom sont :
Pour les garçons :
Amable, d’où : le Mable, Mablou.
Antoine, d’où : le Toine , le Toinou.
Jean, d’où : le dzan, Jeanot.
Et pour les filles :
Marie, Mariette,  Mion, Miette, Marion.
Antoinette, Toinon, Toinette.
Annette, Nanon, Nanette.
Jeanne, Jeannette, Jeanneton.

Voici encore quelques expressions locales :

« Triser le sel », c’est le broyer, le mettre en poudre dans un mortier où un égrugeoir.
« Détramer », (latin ; trames : chemin) c’est débarrasser, ranger des objets en désordre.
« Embarrer un lit », c’est le border étroitement, afin de concentrer d’avantage la chaleur et d’empêcher l’air d’y pénétrer.
« Un retrouble », c’est un champ récemment moissonné ou ne restent que les chaumes.
« Se faire chaner », se faire trainer par quelqu’un dans une voiture à bras  ou même à pieds, ainsi, quelqu’un qui s’appuie lourdement au bras  d’un compagnon de promenade en se laissant traîner comme à la remorque, se fait « chaner ».
« Rebourser chemin », revenir en arrière, prendre en quelque sorte son chemin à rebours. Quelques-uns disent « Rembourser chemin ».
« Le fougeassou  » est une espèce de pâtisserie ordinairement en forme d’X faite de farine, d’œufs et de laitage (Origine : « Fougas » feux de joie)
C’est un proche parent des « échaudés (6) » composés de pâte cuite d’abord à l’eau, puis passée au four.
Les «  échaudés » avec ou sans beurre, étaient une spécialité du carême  et étaient l’enjeu du jeu de « Capio » (Latin : je prends). Ce jeu n’exigeait que deux joueurs, et pouvait durer toute une journée. Se cacher, se déguiser pour surprendre son adversaire et lui dire avant qu’il ne vous ait reconnu ou devancé : « Capio ». Voilà le jeu dans toute sa simplicité. Le perdant devait offrir une ou plusieurs douzaines « d’échaudés » au vainqueur.
   « Porter la Rotie » est une expression qui se rapportait à une plaisanterie d’un goût douteux, qui dégénérait quelquefois en querelle. Les jours de noces, après les cérémonies d’usage, lorsque les nouveaux mariés étaient couchés, tous les jeunes gens invités se réunissaient pour leur porter en grande pompe, soit un poulet rôti, soit un bouillon, soit du vin chaud, parfois poivré, avec des tranches de pain grillé, soit même, un simple verre d’eau.

   « Les Brandons (7)», étaient des feux que l’on allumait dans chaque quartier de la ville pour y brûler un mannequin de paille que l’on appelait : un « Carmentran » (Carème entrant) image du carnaval agonisant.  On ne manquait pas non plus, d’allumer un feu semblable le jour de la Saint-Jean. Et autour de ces feux, c’était les éclats de rire, des danses effrénées arrosées de nombreuses tassées de vin.
   Il y avait autrefois un très grand nombre de noyers autour de Riom. Aussi, casser les noix avant de les porter au moulin à huile, eut été chose longue et fastidieuse si l’on n’avait pas eu recours aux amis et aux voisins.
  Les hommes cassaient les coquilles, tandis que les femmes épluchaient les amandes. L’opération durait d’ordinaire plusieurs soirées consécutives, soirées toujours agrémentées de quolibets et de chants. Une fois le cassage terminé, on faisait les « Rates ». C’était un souper froid où l’on buvait ferme, où l’on ripaillait, et après lequel on se couchait de fort bonne heure…puisqu’on n’avait pas pu le faire tard ! 

   On y mangeait généralement du petit salé, du poulet, et des « gaperons ». Le « gaperon » est une sorte de fromage en forme de boule, et composé de « gape » pétrie avec du sel, du poivre, de l’ail et des épices. Quant au poulet, on le tuait en lui coupant la « courniole » (le gosier).
   Il était d’usage qu’un paysan qui tuait un porc offrit à ses amis les plus chers « la fricassée ». C’était un choix des meilleurs morceaux de la bête. Dans une « fricassée », figuraient ordinairement, partie du filet ou grillade, du boudin et un morceau de foie.

   Le « Melard » est un grand vase de terre dans lequel on conserve l’huile de noix. Habituellement le  « Melard » n’a pas de bec ou anche, et ne se vide qu’à l’aide d’une grande cuillère ou « Losse ». Avec cette « Losse » on remplissait la « Buire », vase également en terre, mais plus petit et muni d’un bec. En Français on connaît son diminutif : burette. Le « Melard », souvent fait en terre poreuse, laissait transsuder l’huile. Un homme en transpiration : « sue comme un melard ».

   « Le Peillaraud » ou chiffonnier, collecteur de « peilles » (on dit aussi de « petas » ) parcourt encore les rues de la ville, le sac sur l’épaule et la balance romaine à la main en criant : « Au Peillaraud » sous-entendu : venez ! Le « peillaraud » achète aussi les peaux de lièvres et de lapins, et toutes les gloires passées et trépassées sont confondues dans son sac.


  
Riom, l'eglise saint-Amable

La grande fête religieuse de Riom

Est la procession de Saint-Amable du 9 juin. La chasse du Saint y est portée par seize «  Brayauds » vêtus d’une veste de drap blanc plissée à l’ancienne mode. Leur gilet, leur culotte sont également du même drap ; un jabot de dentelle un chapeau de velours noir forme frégate et des gants blancs complètent ce costume.
    Sur le parcours de la procession, toutes les maisons sont tendues de draperies blanches rehaussées de fleurs épinglées, et les fenêtres sont garnies de tapisseries et d’oriflammes. Autrefois, les membres de la famille de « Rochebriant-Chavance » à laquelle appartenait Saint-Amable avaient la prérogative de suivre la procession avec une aumusse de chanoine sur les bras, et de tenir la main sur la chasse pendant le parcours.
    D’ailleurs, le sceau de l’Abbaye de Saint-Amable n’était autre que celui de la famille de Rochebriant, ce qui semblerait prouver, que le fondateur de cette abbaye était de cette maison.

Riom le pélerinage de Marsat
La Roue de la saint Amable
   La chasse est suivie d’une immense roue en fleurs, tournant sur un axe, et portée jadis par les personnes les plus considérables de la ville. L’origine de cette roue est assez curieuse. En 1635, la peste sévissait à Riom d’une manière terrible. Les échevins firent vœu de faire don à l’église de Notre-Dame de Marsat d’une quantité de cire suffisante pour faire un cierge aussi long que la distance (2 kilomètres) qui sépare Riom de Marsat. La peste cessa, et pour exécuter son vœu, la ville fit tremper dans de la cire fondue un fil de la longueur voulue, fil que l’on enroula sur une bobine en bois. 
  
   Cette bobine fut transportée processionnellement à l’église de Marsat et suspendue à la voûte de l’église, en avant de la statue miraculeuse de la Vierge. Les années suivantes, une roue de cire de la même longueur était portée à Marsat ou le clergé paroissial venait la recevoir vers une croix située sur les limites des deux paroisses.
    La procession continuait sa route jusqu’à l’église ou était chantée une grand’messe, à la suite de laquelle la roue de cire était suspendue à la voûte, à la place de celle de l’année précédente.
    Et c’est en commémoration de ce vœu de la ville, qu’une roue de fleurs remplace de nos jours, la roue de cire d’antan
.

   Bien des légendes 

   Se transmettaient jadis de génération en génération, telles : la légende de la Croix de Fer, histoires de diablotins « babauds ou babo (7) » apparaissant parfois aux voyageurs allant de Riom à Châtel-Guyon, et la légende de cette poule noire qui pondait la nuit de Noël sur un énorme bloc de granit rose situé près de la Varène, sur l’ancienne voie Romaine. Ce monolithe, est sans doute, un débris de dolmen.
   Il existait autrefois, à Riom, dans la rue traversant la ville du Nord au Sud, deux fontaines. L’une s’appelait la « fontaine des Lignes », l’autre la « fontaine des Lions ». Ces deux fontaines avaient inspiré la chanson suivante fort en honneur chez les enfants :

                  « Mon peloton dévide, dévide,
                    Mon peloton dévide toi donc,
                    Depuis la fontaine des lignes
                    Jusqu’à la fontaine des lions. »

   -Nous vous prions, amis lecteurs, de nous pardonner le décousu de ces quelques notes écrites à la hâte, après avoir glané partout où nous avons pu le faire avec fruit. Il est aujourd’hui, bien peu de vieux Riomois, auprès desquels on puisse se renseigner sur les anciens usages et sur les expressions locales.    Dans bien peu d’années, la chose sera devenue impossible. Toutes ces expressions, souvent pittoresques, qui imprimaient à notre jargon populaire un réel cachet d’originalité auront bientôt disparu et seront allées rejoindre nos vieilles danses régionales, la Bourrée et la Montagnarde, qui tout d’abord détrônées par la Valse, le Quadrille et la Polka, sont aujourd’hui remplacées par le Charleston et le Tango.

Jean De Lacoste de Laval


1)  Baabie : on a donné comme étymologie : Babaud, pluriel : Babis ! Je persiste à croire, jusqu’à preuve du contraire, que le mot Baabie vient d’Amable dont il est une corruption. Dans mon enfance, passée à Riom tous les Amable de ma connaissance, et à commencer par mon frère, M. le Curé du Marthuret, n’était jamais appelé que « babe », et cet E final avait presque la consonance de l’I.
2)   Berte : vient probablement du mot roman «  Bers » qui signifie : claie d’osier, même étymologie que : berceau. L’habitude du paysan de faire corps avec la berte a été définie par l’anecdote suivante : un étranger villégiaturant à Enval veut faire porter une lettre à Riom. Il en réfère à son aubergiste qui se met en quête d’un porteur complaisant. Celui-ci reçoit la lettre, l’examine et accepte en disant : «  y vo l’y mné, i téne pas ma barte, ma lo vo né quarre » (je vais la porter, mais comme je n’ai pas ma berte, je vais la prendre)…et la lettre s’en fut à Riom au fond de la berte…
3)   Fessou : vient sans doute de fossum, du supin du verbe latin : fodere, dont une des acceptations est : retirer en creusant ; peut-être aussi du verbe de la basse latinité : fossodare, qui a à peu près la même signification. Le fessou est une espèce de binette. Or la binette de binus, double, est l’outil au moyen duquel on donne une seconde façon aux terres en creusant un sillon peu profond d’avant en arrière pour aérer le sol et par conséquent le retourner superficiellement et le débarrasser des herbes qui l’on envahi.
4)   Septerées : prononcer : «  sterée », de même que cheptel se dit « ch’tel ».
5)   Fougeassous : les « Cornards » du lundi de Pâques ceux que vous trouvez en ville ou à la fête de Beaumont ne sont que de la simple brioche. Une marchande s’est indignée, quand je lui rappelais le fromage râpé qui croustillait jadis sur l’épiderme de ces pâtisseries : 
 « On ne voudrait plus manger de ces saletés-là »
 Aux environs de Riom on prépare encore le « fougeassou » avec les recettes d’autrefois, mais cela ne fait pas assez « distingué » pour les campagnards transfuges qui peuplent la grande ville.
6)  Echaudé : Les Clermontois se rappelleront les « échaudés » de Riom et leurs marchandes, authentiques Riomoise qui, le carême durant, débarquaient du train du matin pour parcourir nos rues en chantant. Tel est cet ancien « cri de Clermont », que j’ai pu transcrire fidèlement, tant il résonne encore dans mes souvenirs d’avant-guerre.
"Hirondelles Riomoises qui annonçaient Pâques prochaines et la fin de l’hiver boueux de la ville. Vous avez disparu avec vos pauvres gâteaux à 3 pour 2 sous, narguées par tant de luxueuses pâtisserie jusqu’en nos quartiers populeux où l’on oublie les anciennes traditions et le carême lui-même."
7)  Brandons : le dimanche des Brandons était celui de la Quadragésime. En certaines provinces on y brûlait les masques et oripeaux  du carnaval. La fête celtique du Renouveau qui célébrait, aux alentours du 24 juin, Teutatès, le père du feu, s’est perpétuée dans les feux de la Saint-Jean.
8)   Babaud : ou plutôt « babo », est à Riom un être ou animal imaginaire au moyen duquel on effare les enfants : «  si tu n’es pas sage, le babo t’emportera », Le babo est très laid et très noir d’où « noir comme le Babo ».





Sources: Auvergne littéraire, 1927.
                 © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
                   Le blog de ceux qui aiment l'Auverge et de ceux qui ne la connaissent pas.

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