Le journal de Marcelin B.
Ambulancier au 401ème R.I.
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Le carnet de Marcelin B. 1914/1918
Brancardier au 108 régiment d'infanterie
de Bergerac |
Début décembre 1914, il quitta sa douce campagne de la Limagne Auvergnate, et le petit village de Moissat pour un grand voyage qui devait l'emporter loin de sa terre natale, pour une destination et une durée inconnues.
Il n'avait sans doute pas beaucoup eut l'occasion d'aller au-delà de la limite du canton de Vertaizon, de prendre le train, et surtout d'abandonner sa famille, sa terre, et ses bêtes, les foins étaient rentrés dans les granges, les vendanges prometteuses terminées, le
sol gelé et enneigé avait déjà était retourné, alors... Puisqu'il fallait y aller obligatoirement à cette sale guerre, c'était finalement le moins mauvais moment si l'on peut dire.
Il est incorporé au 401 ème Régiment d'Infanterie, puis transféré le 16 décembre 1914 à la 26 ème compagnie du 108 ème Régiment d'infanterie de Bergerac (Dordogne). Après plusieurs mois d'instruction en caserne, c'est le départ pour le grand voyage.
Verdun :
Dès le printemps, direction pour commencer, le camp de la Courtine dans la Creuse, puis Maximieux dans l'Ain, passage rapide par la banlieue de Paris, l'occasion de s'émerveiller de quelques monuments fameux.
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Marcelin B 1914. |
Ensuite les difficultés commencent, au fil des déplacements vers l'est, de jour comme de nuit le paysage change, les lignes ennemies se rapprochent de plus en plus, les canons tonnent au loin, des convois militaires sur toutes les routes, les tranchées. Saint-Hilaire-le-Grand dans la Marne, Verdun dans la Meuse et la route continue vers l'est, campement à Traubach-le-Bas dans le Haut Rhin, la frontière Alsacienne se rapproche, l'ennemi aussi. De ce poste de secours, pour Marcelin et les autres brancardiers, les opérations de récupération des blessés en première ligne et hélas des cadavres s'enchaînent jour et nuit.
Il faut aussi assurer le ravitaillement du camp, du lait, du pain, et du vin, dans les villages environnants, sous la mitraille et les tirs d'obus, les "crapouillots " (mortiers d'artillerie), le terrible gaz asphyxiant poussé par le vent.
La sale guerre prend là toute sa signification.
Le carnet de guerre, bleu :
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Le carnet de Marcelin B.
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Lorsque pour la première fois, je me suis trouvé avec ce petit carnet bleu dans les mains, en feuilletant une à une les pages numérotées et soigneusement datées, j'ai d'abord pensé en retirer quelques textes et les recopier, mais cela aurait, à mon avis, enlevé la simplicité et la spontanéité de l'écriture.
On imagine Marcelin, chaque soir quel que soit le temps, sortir de la poche de sa vareuse "ce" carnet et un petit crayon pour témoigner inlassablement de la vie au front. Parfois les doigts durcis par le froid, la douleur ou l'émotion, l'écriture devient fine et hésitante, un autre jour elle est ronde et pleine d'espoir, toujours en mots simples, comme on parlait à la campagne en début de siècle, le style parfois phonétique n'enlève rien de son charme ni de son intérêt.
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Photo inédite, 1914/1918 des ambulanciers au front |
Citation: Ordre du régiment no: 235
"Marcelin B., brancardier d'un courage et d'un dévouement dignes de tout éloge. du 24 au 28 octobre 1916, de jour comme de nuit s'est inlassablement prodigué dans la relève des blessés sous les plus violents bombardements. "
signé, le Lieutenant colonel
le 3 novembre 1916.
Marcelin B.: "A été blessé aux deux jambes par des éclats d'obus en janvier 1917, alors qu'il effectuait une mission pour secourir des soldats blessés, il est décédé le 20 janvier 1917 à Landrecourt-Lempire dans la Meuse, il avait 23 ans."
L'album complet ci-dessous :
Comme pour tous les autres albums, toutes ces photos sont originales et inédites sauf utilisation dans un article de ce blog.
Le carnet de guerre de Marcelin B.
Du 16 décembre 1914 au 6 janvier 1916.
Incorporation le 16 décembre 1914, 108e régiment d'infanterie, 26e compagnie de Bergerac Dordogne.
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Direction : saint Christophe, La Valbonne, Dijon, Juvisy, Versailles, Clermont sur Oise. |
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Saint Hilaire le Temple, Marne. |
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Distribution de masque à gaz et casque. |
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Direction les lignes arrières. (fin du 1er carnet de guerre) |
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27 novembre, c'est le baptême du feu au front. |
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Premiers obus, premiers morts. |
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Les fortifications allemandes.
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Notre commandant se blesse au pied avec son revolver.
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" Je suis blessé à la main par un éclat d'obus "
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Passage à saint hilaire le grand, bombardé, il n'y a plus une maison.
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Passage de la nuit à saint Hilaire au Temple, dans la Marne.
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Départ en train dans des wagons à bestiaux. direction Belfort.
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Mardi 12, un peu de repos. |
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Puis direction Montbéliard, à pied, 35 km. |
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Les revues du Capitaine et du Général n'ont finalement pas lieu.
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Mercredi 20, avec mon camarade de pays, Antoine Coutarel on va boire des verres en villes.
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Dimanche 24, nous allons voir un match de football la 8e compagnie contre les champions de Montbéliard.
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Nous arrivons à Foussemagne, près de la frontière alsacienne. |
Nous sommes à quelques centaines de mètres des fronts.
Nous sommes maintenant en Alsace à Traubach le bas, direction les tranchées.
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1er novembre, nous portons de l'eau aux premières lignes. |
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1er novembre, c'est la Toussaint nous recevons quelques colis.
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Ravitaillement au village de Gildwiller.
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Nous allons à l'enterrement d'un poilu de la 6e compagnie tué par une balle explosive.
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On vit dans un gourbi assez confortable avec des lits de planches et de paille.
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Bombardement pendant 2 heures, beaucoup de blessés.
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Nous allons vers Falkviller où nous logeons dans une superbe maison.
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Les boches tirent des obus près de nous, pas de blessés.
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Les montagnes des Vosges sont couvertes de neige.
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Il a neigé, nous allons en première ligne en relève, le front est calme. |
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Vendredi 19 novembre, Il a gelé très fort cette nuit, et sa bombarde.
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On a beaucoup de travail au poste de secours "Rossignol"
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Dimanche 21 novembre, nous allons à la messe, il fait beau sur le bois Rossignol.
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Comme tous les soirs, nous allons au village chercher la soupe pour le camp.
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Nous partons distribuer des masques "Vermorel" au cas ou les boches lanceraient des gaz. |
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Notre caporal infirmier nous fait des photographies dans notre gourbi.
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Nous allons rejoindre les hommes de la 8e compagnie dans un boyau.
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Les obus, les "crapouillots" tombent de partout.
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On ramasse les cadavres, les blessés, tous les brancards sont occupés.
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De nuit et sous la pluie, nous partons au village chercher un cercueil.
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Jeudi 2 décembre, le front est calme, il faut approvisionner le lait le matin, la soupe le soir.
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Mardi 7, fin, lire la suite dans le second carnet. (ndlr ce carnet a disparu) |
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Le carnet de guerre 1914/1915.
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Sources : Les Albums de photos originales et inédites, collections à voir dans la colonne de droite.© Textes et Photos Originales Regards et Vie d'Auvergne. Vous pouvez laisser un commentaire au bas de l'article.
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