Vichy
Au milieu de vallons, de sentiers embaumés, parmi les saules, les noyers, les hauts et verts peupliers, entre Paris et Lyon, au pied des montagnes du Forez, et de l'Auvergne, s'élève Vichy, petite ville singulièrement favorisée du ciel et de la terre, car de tout temps, elle brilla d'une splendeur sans égale.
L'Aquae Caldae* des romains abrita dans ses murs bien des généraux, des consuls des proconsuls, des matrones, etc...
L'Aquae Caldae* des romains abrita dans ses murs bien des généraux, des consuls des proconsuls, des matrones, etc...
Frappez du pied les quartiers de Moustiers, de Ville-juif, de Ballore, et les vieux débris de sa gloire antique vont jaillir à la surface, statues mutilées, chapiteaux, vases sacrés, haches des vieux Gaulois, épées brisées des Romains, tout dans
ces tombeaux dort du sommeil de la mort.
ces tombeaux dort du sommeil de la mort.
Pourquoi ce mélange d'armes indiquant un rapprochement de races ? C'est que la douceur du climat, la beauté du pays et les vives Gauloises, avaient bien vite fait oublier aux latins charmés, leur première patrie. Le sang Romain s'était mêlé au sang Gaulois, et, d'orgueilleux vainqueurs ils étaient devenus sujets francs.
Je ne vous décrirai pas, combats du moyen-âge, manoirs habité par de preux chevaliers et de belles châtelaines attirant les regards sur leurs blanches haquenées*, escortées de leurs gentils pages, de leurs valets amoureux. Je ne vous évoquerai pas non plus, pieux Cénobites à l'âme bienfaisante, défrichant le sol, soulageant la misère, consolateurs de l'infortuné et dépositaires de la science. Non, vos souvenirs sont trop grands, trop rapprochés de nous pour ne pas parler à nos yeux.
Châteaux forts aux vieilles tourelles, imposants et sombres monastères, basiliques à hautes colonnettes, dont les vitraux flamboyants embrasent le saint lieux des feux de leurs riches couleurs, qu'ai-je besoin de signaler vos merveilles ! Ce n'est pas vous dont je veux chanter la gloire, s'est le Vichy de nos jour qui m'inspire, et dont je veux célébrer les succès bienfaisants.
A vous qui présidez aux sources de Vichy,
Qui m'avez inspiré mes premiers vers, ici,
A vous Vierge Sainte et bénie
Ma gratitude les dédie.
Puits Chomel
Voici la source Chomel, jadis adossée à la maison du Roi, et dont le nom
rappelle celui d'un docteur qui préféra toujours le succès à l'argent. Heureux temps, et surtout heureux malades !
rappelle celui d'un docteur qui préféra toujours le succès à l'argent. Heureux temps, et surtout heureux malades !
Par l'efficacité de tes divines eaux
Puits Chomel ! Bien souvent la pâle hémoptysie
A senti soulager ses maux
Longtemps même, je crois, la princesse Marie
A ton usage a dû de prolonger sa vie.
Source des Dames
C'est la source des Dames que l'administration, depuis peu, a conduite à Vichy.
Source des Dames votre nom
Réveille en mon esprit la douce souvenance
De deux rares beautés, au cœur à l'unisson
Adelaïde et Victoire de France
Votre eau ferrugineuse, au sang trop appauvri
Rend la virilité, le feu de la jeunesse.
Quand la pâle chlorose à vos vertus s'adresse,
C'est qu'elle a vu son mal, par vous, toujours guéri.
Trop fréquemment en proie à la mélancolie,
Aux accès persistants de la noire vapeur,
Le sexe est, grâce à vous, exempt d'adynamie,
Et les filles d'Albion vous doivent leur fraîcheur.
Grand'Grille.
La société est ici nombreuse, cosmopolite et surtout choisie. Quel est ce personnage à la longue tunique, en tissu de cachemire brodé, c'est un prince asiatique, le fameux Mirza-kan, Persan de cœur et d'esprit, depuis longtemps civilis, iI a le pancréas et la rate malade, et vient demander à cette divinité bienfaisante le rétablissement de sa santé, altérée par l'abus de l'eau-de-vie importée d'Angleterre. Il ne parle pas d'avoir trop fumé. Écoutez-le se plaindre j'ai commencé, dit-il par en boire deux doigts, puis quatre toujours arrosée de jus de citrons et d'eau chaude, bientôt chaque jour, tout un bol y a passé. Maudit abus ! Fatal résultat ! Ils appellent ce breuvage eau-de-vie de France ! Ils devraient plutôt le nommer eau de mort ou du diable. Quoi qu'il en soit, au lieu d'être à Ispahan, me voici à la Grand'Grille.
Grand'Grille, de tes eaux le succès est immense !
Sans nous la mesurer, un dieu nous la dispense.
Le matin prise à jeun, on dirait d'un bouillon
Qui stimule l'esprit, assainie la raison.
Baume réparateur ! À la nuit agitée
Que du Dieu du sommeil les paisibles pavots
N'ont que rarement visitée,
Toi seul fait succéder le calme et le repos.
Par toi, plus de jaunisse ou d'obstruction tenace
En moins de quinze jours qui ne cède la place,
Le triste lymphatique y reprends sa gaîté.
Pour son froid estomac, non, le soir en famille,
Il n'est pas je l'affirme un plus savoureux thé.
Que ne te doit-on pas ! Toi par qui la santé
Comme un tendre carmin au front du sexe brille !
Sois bénite ! À l'organe en nos corps affecté,
Ô Grand'Grille ! C'est toi qui rends la liberté !
Source du parc ou de Brosson
Ce kiosque embelli par le plus frais ombrage
Est la source du Parc ou celle de Brosson.
Et Vichy , selon moi, devait bien rendre hommage
Aux vertus de l'auteur, en lui donnant son nom.
Fontaine de l'Hôpital.
les verres qui sont aussitôt vidés par une société d’élite. La soutane y frôle la mantille légère, le capuchon de bure, le voile de dentelle, le poète y coudoie l'innocence, la superbe opulence, l'humble médiocrité, et tous y viennent dans un but commun, à la recherche de la santé.
Duchesse de Mouchy ! Soyez-ici bénie !
C'est à vous que Vichy doit ces divines eaux.
Ah ! La reconnaissance est de tous les fardeaux
Le plus lourd pour le cœur un jour qui l'a sentie.
Aussi de sa vertu, nul instant démentie.
. J'aime à constater les bienfaits. L'homme épuisé par de nombreux excès renait, et l'estomac brisé de longues veilles a bientôt retrouvé son élasticité. Que par elles, j'ai vu s'accomplir de merveilles! Gastrite, hémorragie et poumon affecté, fausses digestions, rate gonflée et dure, motivent un succès que leur pouvoir assure.
Source Lucas.
Cette source, abritée sous un petit chalet, donne une eau tiède, sulfureuse, gazo-ferrugineuse, d'un effet certain contre les irritations de la peau et du sang.
La gentille Antoinette vous y servira, et, soyez-en sûr, vous en serez satisfait.
Puits-Carré et Source des Acacias
Et cependant tous sont satisfaits, Il faut bien l'avouer, il est impossible de faire mieux les choses.
Puits-carré, par tes bains que Bénarès envie!
Source des Acacias où l'on puise la vie;
Vous procurez au corps la force et la santé;
Et grâces à vos eaux,à leur suavité,
On peut voir, à Vichy, qu'en en faisant usage,
Les naissances aux morts sont à son avantage.
Source des Célestins ou des Bons Vivants.
Prés des bords de l'Allier, au pied de noirs rochers surmontés des ruines d'un pieux monastère , voyez-vous ces deux sources pétillantes et gazeuse ce sont celles des Célestins .
L'une, antique répand depuis des siècles ses bienfaisantes eaux , l'autre, née d'hier embellie par Le Faure, s'est déjà rendue chère à la localité. Approchons sous ce temple Greco -Romain où la foule, en respirant la brise des montagnes, aspire la santé, se trouve la grotte agreste séjour de cette divinité bienfaisante.
Oui, c'est là que le ciel aux humains favorable
Leur offre de ses eaux là fraîcheur délectable.
L'affreuse maladie a-t-elle de leurs jours,
Menacé d'abréger ou de trancher le cours.
On boit, on est guéri, c'est à crier merveille.
Le viveur, le gourmand, l'amateur de la treille
Et celui, croyez le, de mainte chose encore
Se remettent sur pieds en buvant à plein bord.
Avec l'or, on l'a dit, tout hélas ! N'est pas rose.
C'est aussi par ses eaux que le riche goutteux
Voit de ses os gonflés se fondre l'ankylose,
Le diabète sucré, triste métamorphose,
S'y guérit en buvant, et plus d'un graveleux
Y laisse ses calculs et partant sa souffrance
Dont il n'a plus dès lors à compter la fréquence.
Qui dirait que ses visages aujourd'hui si frais, si heureux de bien-être, sont ceux de magistrats, de financiers, de guerriers naguère souffrants, venus des quatre parties du monde puiser à ces sources la force et la santé, en y buvant l'espérance.
Ah! c'est qu'ici-bas chacun a son lot: si nos mères on mangé du fruit vert, les enfants s'en ressentent, si le pauvre a sa misère, le riche a ses douleurs, et dieu, tout en nous laissant notre libre arbitre nous a donné, dans sa bonté, le remède aux maux que nous avons encourus.
Coulez en paix ! sources bénites !
Présents que nous on faits les cieux,
De nos douleurs tenez-nous quittes,
Rendez-nous la santé, ce bien si précieux !
Mais l'or, non, jamais l'or de la reconnaissance
N'acquittera le prix de votre bienfaisance.
Et vous, qui aspirez à en jouir, adressez-vous aux nombreux ministres de ces divinités, consultez les, Ils vous guideront vers ces eaux salutaires, ayez confiance en eux, vous serez satisfaits.
Source Larbaud.
Sexe charmant, visant au mariage
Jeune fille accourrez, c'est en ces lieux bénits
Que vous recueillerez les roses du bel âge
Dont l'éclat, on le sait, attire les maris.
Source Lardy
Traversons ces prés où le taureau mugit auprès de ces compagnes, oû l'Allier coule depuis tant de siècles sous l'ombre des saules et des peupliers. Montons au parc, il y a toujours de bonne compagnie.
Cette vasque en Volvic, en un bloc taillée
Rejette de ses flancs en torrents écumeux
La précieuse santé trésor du malheureux.
Longtemps la sensitive, en elle repliée
Heureuse en y plongeant, se retrempe au bonheur.
Ce beau lis dont la tête inclinait sur sa tige,
Cette rose déjà qui perdait son prestige
Te doivent leurs beauté, leurs premières fraîcheur
Ainsi de tes vertus tout redit l'étendue.
Dans ce kiosque charmant qui s'offre à votre vue
Sanctuaire chéri, de bonheur, et de plaisir,
Par ces douleurs, parfois, que le ciel nous envoie,
Combien de cœurs atteints ont retrouvé la joie !
Et que de teints flétris se sont vus refleurir !
C'est qu'au sexe, en effet, je ne saurais le taire
Le gaz si pétillant de cette eau salutaire
Prise à jeun , le matin en bonne quantité,
Rends en très-peu de temps la force et la santé.
Quel admirable panorama ! Des châteaux, des forêts, de riches moissons, l'Allier déployant à nos pieds la fraîcheur de ses eaux, et au dernier plan les montagnes d'Auvergne se perdant dans l'espace. Je ne m'étonne pas que le bon duc Louis, d'immortelle mémoire, y désirât finir ses jours
.
C'est à toi bonne Vierge Marie, que nous sommes redevables de ses eaux enivrantes surgissant à chaque pas dans ces vallées embaumées rafraîchies par les brises du Sichon.
Qui donc, un jour, inspiré par la reconnaissance, élèvera à ta gloire un monument digne de toi dans ces lieux où fut jadis ton temple.
Que la volonté divine est précieuse, immense !
De ses eaux que sa main nous verse en abondance,
Chacune a sa valeur, et jamais en effet,
La douleur vainement n'en invoqua l'effet.
Dans ce groupe amoureux dont l'instinct nous évite,
Le mystère aux amants a su plaire toujours
J'aperçois plus d'un sein qui d'émotion palpite
En effeuillant du doigt, la blanche marguerite.
Pour consulter l'oracle infaillible en amours
De ses bénignes eaux, un pareil badinage
Me semble être un effet bien naturel surtout.
Voyons ! « je t'aime un peu, beaucoup...oh doux présage! »
Car en Amour un peu n'eût rien été du tout...
Que de propos galants, sous ces épais ombrages !
Que de plans de bonheur par le temps avortés !
Que de serments d'amour, de prochains mariages,
Sur l'aile de Zéphire aussitôt emportés !
Avez vous la jaunisse, mal au foie, à la rate, êtes-vous resserré ?
« Croyez moi, buvez à la Grand'Grille. »
Souffrez-vous de calculs, de la pierre, de la gravelle, de la goutte, du diabète?
« Buvez aux Célestins »
Avez-vous l'estomac délabré, paresseux ?
« Buvez à l'Hôpital ».
Votre sang appauvri, échauffé, a t-il affaibli votre constitution ?
« Buvez à Lardy où à la fontaine des Dames ».
Ces conseils sont le résumé de dix ans d'expérience, et, quant à mon médecin à Vichy, je n'en ai pas d'autre que les eaux.
Un mot de reconnaissance ici à l'excellente Sœur Sophie, cet ange de bonté, de savoir et de dévouement, dont les soins à mon avis valent tous les médecins, et je le sais, si ces messieurs aiment les maladies, la Bonne Sœur aime les malades.
*haquenée : jument docile et d'allure douce
* Aquae caldae : aqueduc Romain
Sources: Vichy et ses fontaines, P-L. Hartville,(1860), Gallica
© Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
Le blog de ceux qui aiment l'Auvergne, et de ceux qui ne la connaissent pas.
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