Description pittoresque des habitants de l’Auvergne.
Les Auvergnats.
« Les habitants des villages semés dans la Limagne sont actifs, laborieux, énergiques. Toujours chargés d’une hotte, dont les deux bâtons placés sur chaque épaule menacent sans cesse les passants, ils portent très-loin de lourds fardeaux. A l’aide de cet instrument, ils déplacent le sol, en prenant la terre végétale dans les lieux où elle est abondante pour la déposer sur des pentes arides et même sur des rochers. Quelques années après, on est surpris de voir une vigne ou un champ là où il n’y avait auparavant que la roche nue.
 Mais aussi ils sont batailleurs.   
    Quand ils sortent des « bouges » de Clermont où ils se sont enivrés d’une     mauvaise bière et d’eau de vie frelatée, ils se cherchent facilement querelle et leur     main est bientôt armée de leur terrible couteau de poche qui ne les     abandonne jamais.   Ils ont une grande tendance à vivre indépendants.
    Il faut même le dire, ils n’aiment pas l’autorité ni les représentants de l’autorité ; et il n’est pas rare de les voir lutter contre les gendarmes pour leur arracher ceux d’entre eux qu'ils     ne croient pas coupables, à moins qu'il n’y ait eu déshonneur.   
   Ils répugnent à toute  espèce d’impôt, excepté à la conscription     qui flatte leurs instincts belliqueux. Ne leur parlez pas des habitants des villes, ils ont pour eux une haine naturelle.   
   L’amour du gros sou est     inné chez eux, surtout chez les femmes. Elles ne craignent pas de faire  plusieurs lieues pour  en gagner quelques-uns. Chaque matin, elles vont  à la ville   vendre certaines denrées, et, lorsqu’elles  n’ont plus autre chose     , elles chargent leur tête d’un faix de bois sec et l’offrent, sur la place, aux     passants  . Elles donnent un sou pour leur droit de vente, vendent leur bois deux sous, total : un sou de bénéfice !   
   Et elles s’en retournent contentes.   
Dans les villes, l’apathie est toute orientale.
    
   Les montagnes sont si belles, l’air est si pur, le ciel     si méridional qu'on se croirait en Italie, si la couleur et l’architecture des maisons ne rappelaient pas qu'on est à Clermont.    
Vous aurez bientôt connu les qualités et les défauts des     habitants ; leur caractère n’est pas caché : ce qui se montre le     premier ce sont leurs défauts .   
 L’égoïsme y est froid et railleur. Chez les marchands, l’envie va jusqu’à la haine : le fond de leur caractère est la jalousie, seule passion qui leur donne de l’énergie et de l’activité ; car leur tempérament lymphatique les porte à     l’inaction ; mais la cupidité les rends âpres au gain. La jeunesse y est inoccupée et passe son temps dans les cafés. Les marchands eux-mêmes, fatigués d’être restés assis dans leur boutique     à attendre les clients ou de s’être promenés en baillant le long de leurs banques, vont achever leur journée au café. Ces établissements     sont d’un excellent rapport à Clermont.
    
  Le dimanche, des flots de robes débouchent des églises ; mais avec     une telle lenteur qu’on se demande s’ils remuent. Quelques-unes  plus pressées sont obligées de pousser les autres pour s’ouvrir un passage. Les marches de l’église deviennent un passage.     Les marches de l’église deviennent un salon de conversation ; une demi-heure après l’office, on y voit encore des femmes qui causent. Ce jour-là, la ville entière se promène dans les     rues. 
Henri est très dévot, il a assisté à la procession de la Fête-Dieu  à Clermont. Voici la description qu'il m’en a     faite :   
   « C’est d’abord, sur deux rangs, une file de gamins armés de     lances au sommet desquelles flottent des oriflammes blanches, rouges ou bleues ; puis des jeunes filles accoutrées en blanc ; au centre, un groupe de chanteuses qui glapissent ou bêlent     plus fort les unes que les autres, et roulent, sous d’épais voiles blancs, de gros yeux inquiets de l’effet qu’elles produisent ; plus loin entre deux rangées de femmes pieuses, trois     pauvres petits enfants à moitié nus, représentent : des Jean-Baptiste, des Jésus au désert, revêtus seulement d’une peau de mouton. L’un d’eux même,     pour plus de ressemblance, conduit un agneau attaché à une corde. Le vénérable évêque, précédé de son clergé, avait beau passer, en portant sous son dais, le Saint-Sacrement, la foule s’en     occupait peu ; elle n’avait d’yeux et de cris d’admiration que pour ces trois pauvres petits malheureux qui grelottaient sous leur fourrure. J’en ai été indigné. C’est une comédie déplacée     qu’un goût dépravé peut seul tolérer ;   
-« Mais, vous savez bien que la comédie est sortie de l’église ! »   
-« Je le sais. Et c’est parce qu’elle en est sortie, que je ne voudrais pas l’y voir rentrer ! »   
Louis Nadeau, 1862.   
 
   
Sources : © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
                Le blog de ceux qui aiment l'Auvergne et de ceux qui ne la connaissent pas.
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