La chapelle de Saint-Aubin.
Manson.
Le petit village de Manson, qui fait partie de la vaste commune de st Genès-Champanelle, a une église qui ne fût, d’abord qu’une simple chapelle, que l’abbaye de Saint-Alyre à Clermont permit d’élever en 1693, mais en 1803 à l’organisation des paroisses du diocèse, elle devint succursale pour Manson, Thedes et Champeaux.
Manson, l'église. |
L’ancienne chapelle fut démolie et remplacée, L’évêque de Clermont la bénit le 12 novembre 1839. L’abbaye de Saint-André de Clermont levait la dîme à Manson dès 1558, elle la percevait encore en 1789. Cette succursale avait des Sœurs de Saint Vincent de Paul et avait pour patron Saint-Aubert (Aubin) évêque d’Angers.
Prés de ce village il a été trouvé un trésor archéologique Gallo-Romain, d’après les Mémoires de l’Académie des Sciences de Clermont-Ferrand de 1873, dont voici quelques extraits :
« Le 12 janvier 1873, Jean Tournel, berger de Manson, aperçut dans un vieux chemin, tracé au milieu des bruyères, des parcelles de cuivre qu’il retira : mais en en apercevant beaucoup, et ne voulant pas les briser, il fit une fouille et en retira plus de cent objets. Dans ces objets, il en est vraiment de très intéressants comme par exemple des espèces de plastrons (crepitaculum) qui devaient servir à protéger le poitrail des chevaux Gaulois, des pendeloques du genre des phalers des romains, qui devaient servir à orner les brides ou les courroies du devant des chevaux, et produire du bruit, comme des grelots, lorsque le cheval était en mouvement, des épingles des stylés pour écrire, des boutons jumelés qui ont dû servir pour réunir deux courroies d'harnachement, des anneaux creux très légers et très finement travaillés, un beau couteau à douille dont le manche en bois a disparu, lame de poignard, haches celtiques, fer de lances, bracelets de différentes grandeurs et de différents modèles. Des recherches doivent êtres faites pour savoir si sur le lieu de la découverte, ne se trouverait pas l’emplacement d’une hôtellerie ( Mansio ), de laquelle Manson semble tirer son nom, ou une de ces villas que la domination romaine fit élever en si grand nombre dans nos contrées, et dont tant de vestiges ont été retrouvés sur notre sol ; une de ces villas à trois corps de logis distincts, Villa Urbanna, résidence du maître, de sa famille et des serviteurs de sa maison, Villa Agraria, habitée par le personnel employé aux travaux de la campagne et par les animaux nécessaires à l’exploitation, enfin une Villa Fructaria, destinée à abriter les moissons ». (fin de citation). Tous ses objets se trouvent au musée de Clermont-Ferrand.
En partant en direction de Laschamps au creux d’une vaste plaine, ou paissent de nombreux troupeaux de moutons, sur un chemin à droite nous apercevons à quelques centaines de mètres une petite construction appelée : Chapelle de Saint-Aubin (Aubert ou Albin). Coordonnées GPS: (45.74978492099285, 2.990679144859314)
Celui-ci, druide d’origine celtique est né en 469 près de Vannes en Bretagne, prénommé Gwenn (blanc) de parents illustres, il eut longtemps à lutter, avant de les déterminer à le laisser suivre l’attrait qu’il éprouvait pour la solitude. De bonne heure il s’éloigna du monde et se réfugia dans le monastère de Tincillac, ou il se fit appeler : Albus (blanc). A la mort de l’abbé, tous les religieux réclamèrent Aubin pour le remplacer, il avait su, par sa sagesse et surtout par l’exemple de ses vertus, faire régner la régularité et la ferveur dans cette communauté. Quand Adulphe, évêque d’Angers, vint à mourir en 529, on vint chercher Aubin dans son monastère, pour le placer, malgré sa résistance, sur le siège épiscopal ;
Il s’y fait remarquer par son zèle autant que par sa charité. Il lutte avec énergie, malgré les menaces de morts, contre les mœurs dissolues, il assiste, en 538, avec Rusticus, évêque de Nevers, au troisième concile d’Orléans dont il fut l’âme, et il fait remettre en vigueur l’interdiction des mariages incestueux et consanguins sous peine d’excommunication. Dieu l’appela à lui le 1er mars 550, et dès sa mort, Aubin est honoré comme un Saint, de nombreux miracles lui sont attribués, de son vivant et après sa mort, il délivre des possédés, il ressuscite un jeune homme, etc.…Un dicton lui est consacré : « Le 1er mars à la saint Aubin, taille pour avoir de gros raisins ».
En 1940 alors que la quasi-totalité des hommes du village étaient parti au front ou prisonniers, les habitants de Manson par un vœu pieux, ont demandé à saint Aubin de protéger les hommes et le village, en échange, ils reconstruiraient une nouvelle chapelle en son nom, leur vœu fut exhaussé.
La chapelle actuelle:
à été construite en 1953 près des ruines de l’ancienne, inaugurée le 27 août 1954, les villageois y transportèrent la statue du saint depuis l’église de Manson. A l’intérieur, ont été réalisées des fresques par un peintre auvergnat : André Siramy ou on y voit notamment le saint guérir des aveugles et libérer des prisonniers pour rappeler le vœu des habitants.
Une source dite de Chabana (ou chaban) surgit en plein milieu de la chapelle puis s'écoule vers les prés alimentant les abreuvoirs des moutons, son eau fraîche et claire aurait des 'vertus miraculeuses' en guérissant les maladies des yeux, saint Aubin veille, au-dessus, et on raconte que des malfrats voulant s’approprier les offrandes ont été puni en devenant immédiatement aveugles et qu’ils ne purent retrouver la vue qu’en faisant actes de pénitence et pieuses dévotions, d’où la légende :
« Saint Aubin donne ou ôte la vue ».
Chaque année, le deuxième dimanche de septembre une messe en plein air y est dite par le curé de la paroisse de saint Aubin de la Haute-Artière, rassemblant de très nombreux pèlerins dans ce cadre magnifique, qui surprend toujours les promeneurs par sa beauté sauvage, couvert de bruyères, genêts et sapins, et surtout, un incroyable silence , à peine perturbé par quelques oiseaux, propice à la méditation et au recueillement.
L’anecdote :
Lorsque ayant visité la chapelle, on poursuit la route jusqu'à Laschamps, on y trouve un restaurant dans lequel on peut déguster une des meilleures et des plus copieuses "truffades" (pomme de terre, tomme fraîche de cantal et poitrine fumée) de la région. A cette occasion j’ai eu la chance d’y rencontrer il y a quelques années, un serveur digne représentant de l’humour Auvergnat, car à propos de la chapelle et des 'vertus' de son eau, il répondait avec un air malicieux aux touristes incrédules :
« Bien-sur que l’eau est bonne pour la vue, regardez parmi les centaines de moutons qui en boivent tous les jours, on n’en a jamais vu un porter des lunettes… »
Et lorsqu’un client demandait :
« Pardon, vous avez La Montagne ? » ( le Quotidien Régional)
iI répondait de son petit air d'Auvergnat malin:
« Bien-sur derrière vous... servez-vous : 1465mètres !…(le Puy-de-Dôme).
Sources: Mémoires de l'Académie des Sciences de Clermont-Ferrand de 1873, Gallica
L'Auvergne Chrétienne du 1 er siècle à 1880, Gallica
Vie des saints et autres pieux personnages 1858, Gallica
Photos: © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.Le blog de ceux qui aiment l'Auvergne et de ceux qui ne la connaissent pas.
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