Le Château de Châteaugay en Auvergne, sous la révolution.

Le château-fort de Châteaugay.
Le château de Châteaugay vers 1460.

Châteaugay ;


  -Entre Riom et Clermont, sur un monticule de basalte, s’élève le grand manoir de Châteaugay. En 1789, il appartenait au marquis de Laqueuille, député aux Etats-Généraux. Celui-ci émigra et son château tomba aux mains des gouverneurs révolutionnaires.
Comme le marquis de Laqueuille était en possession de tous les biens de la famille, lesquels étaient demeurés indivis entre ses mains, la confiscation eut lieu en son nom et sur sa tête.
M.  Creuzet, intendant de la terre de Châteaugay, fut avisé que les scellés allaient être apposés sur le château. L’appartement du second étage fermait les archives qui contenaient tous les documents et papiers placés jusqu’en 1789 sous la garde du sieur Veysserias, commissaire féodaliste-à-terrier.
M. Creuzet eut à peine le temps de mettre quelques titres en lieu de sûreté, il choisit à la hâte les plus importants qu’il cacha dans les latrines de la grande tour du château…
Le pillage et la dévastation furent continués durant les années suivantes.

Georges Couthon.
G. Couthon
« Vers la fin de l’année 1793, Châteaugay put se croire cette fois irrévocablement condamné. Le 20 septembre, le fameux représentant du peuple, l’Auvergnat Couthon (1), publiait son arrêté ordonnant le rasement immédiat de tous les châteaux-forts, donjons, tours et autres monuments de la féodalité, existant encore dans le Puy-de-Dôme :





(Ndlr) Voici cet arrêté :

    "Citoyens, les châteaux-forts, les tours, les donjons, les souterrains, tous ces crimes vivants du régime féodal, blessent la vue des hommes libres et outragent la Révolution.
La convention nationale n’a pas créé la République et fondé la liberté sur les ruines de l’esclavage, sans songer à ces restes hideux du monstre qu’elle a mortellement frappé. Elle a décrété qu’ils seraient détruits. Mais  parce qu’en même temps elle a ordonné que le ministre de la guerre lui présenterait l’état de ceux qui pourraient être conservés comme places fortes de la République, l’on s’est dispensé d’exécuter le décret, même dans l’intérieur, quoique la déposition suspensive ne fût bien évidemment relative qu’aux frontières. Et ces tours insolentes, ces repaires dangereux qui furent si longtemps funestes à la liberté, semblent la menacer encore en offrant asile à ses plus cruels ennemis. 
Il est temps enfin d’en délivrer la terre humiliée de la porter, et que la loi bien entendue soit exécutée.
« En conséquence, le Représentant du peuple,
« Arrête :
« Art.1- Tous les châteaux-forts, donjons, tours et autres monuments de la féodalité, qui existent encore dans l’étendue de ce département seront détruits. Les fossés qui les environnent, les citernes et souterrains pratiqués auprès ou au-dessous seront comblés.
« Art.2.- Les matériaux provenant des démolitions seront adjugés au profit des patriotes indigents des communes dans l’étendue desquelles seront situés les châteaux, tours et donjons démolis.
«Art. 3- l’adjudication se fera par des commissaires du district qui se transporteront à cet effet sur les lieux, et la désignation des patriotes qui devront profiter du prix de l’adjudication sera faite en séance publique par les Conseils généraux des communes, de concert avec les sociétés populaires, dans les lieux où il y en aura d’établies.
« Art 4- Il sera nommé des commissaires qui parcourront de suite le département, indiqueront les châteaux, tours et donjons qui devront être démolis à l’instant, et désigneront les bâtiments indépendants qui seront susceptibles d’être conservés comme bâtiments d’exploitations.
« Art5- Le présent arrêté sera imprimé et envoyé sur-le-champ à toutes les communes et sociétés populaires du département et aux administrations des départements voisins."

« A Clermont-Ferrand, le vingt septembre 1793, an II de la République une et indivisible.
« Couthon »


    La démolition fut entreprise. Quelques tours virent leur front abaissé. On combla les fossés, on martela les sculptures et les armoiries, le village même changea son nom trop aristocratique en celui de «  Bel-Air ». Puis on se fatigua à cet ingrat travail, pour lequel la Patrie n’avait alloué aucun salaire. La commune s’appropria  ce qui fut à sa convenance : le logis principal devint la mairie… les armes et les pièces d’artillerie furent transportées à Riom, les titres et les papiers, sauf ceux dont on ignorait l’existence, furent envoyés au Directoire du district. L’adjudication nationale du château et de ses dépendances fut faite à Riom le 5 prairial, an II (22 mai 1794), devant les administrateurs du district, mais la grande tour fut exceptée parce qu’elle était destinée à être abattue, c’est ce qui la sauva. La presque totalité des immeubles de la famille passa également aux mains des acquéreurs nationaux contre liasses de cette fausse monnaie  que l’on nommait «  Assignats », chiffons-fantômes qui, quelques années après leur émission, ne valaient pas même le prix du papier chez le chiffonnier. Pendant qu’une fortune si opulente se disséminait par lambeaux aux mains de citoyens qui profitaient de la République pour se tailler une fortune dans les dépouilles de la monarchie, le marquis de Laqueuille  végétait dans l’exil. »


1) Georges Couthon, est né à Orcet dans le Puy-de-Dôme en 1755,  notaire et avocat puis grand défenseur de la France Révolutionnaire. Très malade des jambes,  il est éxécuté le 28 juillet 1794 à l'âge de 38 ans.


Sources: Texte : Histoire de la Révolution en Auvergne, JB. Serres.
              Image : BNF.
               © Alain Michel Regards et Vie d'Auvergne.
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