Visitons l'Auvergne : Le Gour de Tazenat, Puy-de-Dôme.


Tazenat.

le Gour de Tazenat.

Le Gour de Tazenat.

 
   Dans la région des Combrailles, sur la commune de Charbonnières-les-Vieilles se trouve le cratère d'un ancien Maar basaltique (cratère d'explosion) rempli d’eau, appelé : le Lac de  Tazenat ou Tazanat, il est le premier et le plus au nord de la Chaîne des Puys qui en compte près de soixante.

 
le Gour de Tazenat, les pêcheurs

    En Auvergne on dit : un "Gour" c'est ainsi qu'on appelle un rutoir sur lequel on fait rouire le chanvre, (tremper). Longtemps considéré comme  "sans fond" et en forme d'entonnoir entraînant vers les entrailles de la terre, les malheureux qui s'approchaient trop de
l’œil central. Des mesures et sondages donnent aujourd'hui des chiffres précis : la profondeur au centre est de 66 mètres plus environ 14 mètres de vase et accumulation, pour un diamètre de 700 mètres, son fond est en réalité plat en forme de cuvette, il est  naît il y a plus 30 000 ans.


Le Rochegude:


 
le Gour de Tazenat, le restaurant

   Un petit ruisseau le "Rochegude" l'alimente avant de  se jeter dans la Morge, ainsi que des sources et les  eaux de ruissellement. Les pêcheurs se réjouissent des carpes et des brochets de belles tailles, des perches et gardons, ainsi que des truites et autres poissons blancs. Les visiteurs trouvent facilement de quoi se satisfaire en restauration "La Chaumière", crêperie, baignade, plongée, barques et pédalos, un parcourt de randonnée  de moins de 3 kilomètres fait le tour du lac entre forêt, herbes vertes, et rochers. 
Chaque année au printemps, un club de VTT de Combronde organise sa grande randonnée appelée la " Tazenat " rassemblant près de 1500 participants.
 
     Extrait: 
     « Nous avons quitté la route des voitures, un étroit sentier nous offre un passage, la vue est resserrée : à droite cinq ou six épis de seigle ; à gauche des rochers granitiques en décomposition dont le gravier se détache et tombe sur nos têtes. Un peu plus loin, le sol tout couvert de cristaux de mica, d’améthystes et de quartz étincelle sous nos pieds, comme un champ de diamants. C’est sans doute l’écrin de quelque capricieuse fée que notre approche a fait fuir, sans lui laisser le temps de nous dérober ses richesses. Nous les dédaignons et  nous gravissons lentement, péniblement, sous le soleil de midi, une côte sèche, aride, brûlante.
 
le Gour de Tazenat.

    Deux pas encore et nous sommes en face du tableau le plus gracieux, le plus calme et aussi le plus imposant qu’il soit possible d’imaginer ; nous avons devant nous le gouffre de Tazenat, ou comme on dit dans le pays le Goure.
   Une vaste nappe d’eau circulaire étale son tapis d’outremer pur au fond d’un bassin déprimé d’un côté. L’onde sourit à la brise qui la  caresse et témoigne sa joie en faisant entendre un petit clapotement d’aise. Elle semble en proie à une agitation fébrile, elle va, vient, se trémousse, lèche les herbes qui baignent leurs pieds dans ses flots et reçoit avec un empressement maternel l’eau d’un petit ruisseau qui court en gazouillant se perdre dans son sein. 
   Mais ses faveurs les plus délicates sont pour de superbes myosotis, qui passent tout leur temps à se contempler, à s'abîmer en eux-mêmes. Elle leur offre la glace pour qu’ils s’y regardent, elle les entoure, les nourrit, les rafraîchit et ne les abandonne que pour leur témoigner encore plus de sollicitude. Ils sont si beaux avec leur corolle plus large que celle des myosotis ordinaires, avec leur pétales bleus, moins bleus cependant que l’onde du lac, avec leur œil blanc et jaune qui garde si bien le souvenir de ce qu’il a vu, avec leurs longues tiges et leurs épaisses feuilles ! Ils vivent là si bien en famille ! Fleur du Souvenir, je ne t’oublierai jamais !
   Ce lac est un immense cratère de volcan remplit d’eau, à une profondeur considérable ; sa forme, celle d’une colossale circonférence. D’un côté ses bords s’affaiblissent et sont aussi bas que la campagne ; mais ils se relèvent bientôt pour peu à peu et se recouvrent de la plus séduisante verdure. Des essences de toutes sortes y entremêlent leurs feuilles, le mélèze étend sur le chêne les aiguilles vertes et rares de ses branches, le pin maritime dresse sa flèche à côtés des bras tordus du frêne ; le faux ébénier couvre de ses feuilles larges et dentelées les arbrisseaux du voisinage ; de l’autre côté, les flancs du gouffre rond, brusquement soulevés saignent encore, des écorchures, plus profonde que les autres, semblent une plaie nouvelle dans cette plaie immense qui prend la moitié de la circonférence, et s’élève à plus de cent mètres au-dessus de l’eau.
   
le Gour de Tazenat.

   Quelques masses de rochers  granitiques, altérés par le feu, qui avancent leur pied dans le lac en se précipitant les uns sur les autres et en menaçant d’entraîner avec eux l’audacieux qui toucherait leur tête, paraissant servir de contreforts à ces pouzzolanes nues et arides comme ces lieux où, selon la légende, le Diable a posé sa corne fourchue… » (Extrait de : Voyage en Auvergne  par Louis Nadeau).
 
    L’écrivain Guy de Maupassant, le décrivit, dans plusieurs de ses romans, à l’occasion de ses nombreux séjours de curiste  à Châtel-Guyon, il  résidait au château de Rochegude tout près du lac vers 1880.

  Extrait de : Mes 25 jours de Guy de Maupassant

     « Aps une longue route dans les montagnes, nous apercevons soudain un admirable petit lac, tout rond, tout bleu, clair comme du verre, et gîté dans le fond d’un ancien cratère. Un côté de cette cuve immense est aride, l’autre boisé. Au milieu des arbres une maisonnette où dort un homme aimable et spirituel, un sage qui passe ses jours dans ce lieu Virgilien. Il nous ouvre sa demeure.
Une idée me vient. Je crie :
« Si on se baignait !...
« Oui, dit-on, mais… les costumes ? »
« Bah, nous sommes au désert… ! »
 
le Gour de Tazenat.

   Et on se baigne… Si j’étais poète, comme je dirais cette vision inoubliable des corps jeunes et nus dans la transparence de l’eau ! La côte inclinée est haute et enferme le lac immobile, luisant et rond comme une pièce d’argent ; le soleil y verse en pluie sa lumière chaude ; et le long des roches, la chair blonde glisse dans l’onde presque invisible où les nageuses semblent suspendues. Sur le sable du fond on voit passer l’ombre de leurs mouvements… 

   Extrait de : Mont-Oriol,  Guy de Maupassant:


     « Le Lac de Tazenat, qu’on allait voir, était formé par le dernier cratère de la chaîne d’Auvergne. Après trois heures de route, Paul dit soudain : « Tenez des laves ! ». Des rochers bruns, bizarrement tordus, crevassaient le sol au bord de la route. On voyait, à droite, une montagne camarde dont le large sommet avait l’air creux et plat, on prit un chemin qui semblait entrer dedans par une entaille en triangle, et Christiane, qui s’était levée, découvrit tout à coup dans un vaste et profond cratère un beau lac frais et rond ainsi qu’une pièce d’argent. Les pentes rapides du mont, boisées à droite et nues à gauche, tombaient dans l »eau qu’elles entouraient d’une haute enceinte régulière. Et cette eau calme, plate et luisante comme un métal, reflétait les arbres d’un côté, et de l’autre la côte aride avec une netteté si parfaite qu’on ne distinguait point les bords et qu’on voyait seulement dans cet immense entonnoir où se mirait, au centre, le ciel bleu, un trou clair et sans fond qui semblait traverser la terre percée de part en part jusqu’à l’autre firmament ».
 

   Le Gouffre de Tazenat, a aussi ses légendes :

  « A une époque très reculée, un village florissant s’élevait en ce lieu, au pied de la montagne de scories qui ferme aujourd’hui un des côtés du lac. Les habitants riches et fiers s’abandonnaient à une vie de plaisir et de débauches et oubliaient ce qu’ils devaient au Créateur. Un matin le village avait disparu… la terre s’était enfoncée, et les voisins tout surpris voyaient un lac à la place des maisons. La preuve, c’est que l’on a trouvé au fond du gouffre un chaudron et des sabots… »

  « La surface du lac est calme et unie, mais on affirme, que malgré les apparences, il y avait au centre, un tourbillon capable d'abîmer une barque qui se laisserait aller dans sa sphère d’action. Si le moindre vent s’élevait, vous verriez comme les eaux tourbillonneraient et formeraient « l’entonnoir ». Pas un villageois ne se risquerait alors sur le gouffre. Il parait parfaitement tranquille dans le moment, mais lancez une planche vers le milieu, si la brise la plus légère la conduit au centre, vous la verrez subitement disparaître pour ne se montrer que fort loin de là. »

   La légende : de L’hospitalité refusée.

    « Le Gour de Tazenat (Puy-de-Dôme) était autrefois l’emplacement d’une ville.
Jésus y passa et demanda du pain. Personne, ne voulut lui en donner, à l’exception d’une femme qui pétrissait sa pâte ; et quand elle fut cuite, elle lui offrit du pain. Jésus dit à la femme qu’il allait punir les habitants, et il l’engagea à s’enfuir pour éviter la mort, mais à bien prendre garde de regarder derrière elle. Jésus engloutit la ville, mais la femme voulut regarder, et elle fut changée en pierre.
Les vaches qui allaient se frotter à la pierre perdaient leurs cornes ; alors les habitants jetèrent la pierre dans le lac ; mais, elle en émergea et revint à sa place. Elle fut jetée une deuxième fois : elle fit alors entendre une plainte ; mais depuis, elle n’est plus sortie du lac… »

   « On dit souvent par là, que dans le Gouffre de Tazenat, est engloutie une ville maudite (Laisle). Chaque année à minuit, le jour de la Toussaint, on entend le son des cloches et le chant des coqs monter à la surface de l’eau… »

   Autre légende, il y aurait, près des Roches Servières, parfois, à un certain moment de la nuit des formes étranges qui remonteraient des profondeurs, il s'agirait de trois grands chefs Gaulois qui viendraient renouveler leur serment: 

         "Plutôt mourir que de devenir Romain..."

   On dit aussi, qu'une grande et belle dame drapée de voiles légers et blancs hanterait les lieux à la recherche de son amant, ce serait Blanche de Chalusset...


  Lien vers article similaire dans ce blog: Visitons les lacs d'Auvergne

Sources : Les Albums de photos originales et inédites, collections à voir dans la colonne de droite.© Textes et Photos Originales Regards et Vie d'Auvergne. Vous pouvez laisser un commentaire au bas de l'article.

Commentaires

  1. J'adore les légendes. Je vais souvent en Haute-Loire à La Séauve s/ Semène mais on ne m'a jamais racontée de telles histoires sauf une réalité sur l'horloge décimale de Mathevard. J'habite dans les Yvelines et la villa en face de chez moi s'appelle "Le Tazenat". Me voilà un peu éclairée sur l'origine de ce nom. Cette jolie villa Henri III avec faënce sur le fronton appartient à la Ville.

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