Sécheresse, chaleur, dérangement climatique... on en parlait déjà en 1893.

 La sècheresse.

Arbres, vaches près de verdure


    Dérèglement climatique, changement climatique, réchauffement climatique voilà des formules nouvelles qui nous sont servies tous les jours, pour lutter contre ces menaces, des mesures draconiennes sont envisagées, pour certains il faudrait couper les arbres qui consomment beaucoup d'eau ...(!)  pourtant, voilà ce que l'on en disait, déjà en 1893...Bonne lecture.

 "Que dire de ce sujet brûlant d'actualité, sinon que de tous les points de la France et même de l'Europe, s'élèvent des plaintes justifiées contre la persistance du beau temps et de la sècheresse qui en résulte, que les régions du plateau central, l'Auvergne, quoique moins éprouvées, ne sont pas indemnes des atteintes de ce fléau intempestif.
   Le phénomène anormal dont nous subissons le régime en ce moment, pourrait être attribué à la direction des vents, cependant cette explication n'est pas certaine, la météorologie qui embrasse des causes et des effets nombreux étant encore loin d'approcher de la perfection des autres sciences. Cuvier, indique la théorie des vapeurs comme devant être, un jour, la base fondamentale de cette science.
   Il existe en Espagne, sur la sécheresse, une vieille légende dont se sont emparés quelques historiens, et que voici :
   " Une sécheresse dura, parait-il, 25 ans et renouvela la physionomie de l'Occident. Fréret nous apprend qu'elle fut accompagnée d'un tremblement de terre qui sépara l'Afrique de l'Espagne, engloutit en partie l'Italie, et arracha la Sicile au continent. C'est, dit-il, ce que les anciens ont marqué par la fable de "Phaéton" et par celle de "Typhon et d'Encelade"
   C'est fables, en effet, n'ont pu avoir pour origine que des sècheresses prolongées, qui, en détruisant la végétation comme si elles l'eussent brûlée, faisaient croire aux naïfs humains que le ciel outragé tirait vengeance des mortels en détruisant la moisson par l'incendie.
   En Italie, des sécheresse causèrent la stérilité dans les campagnes en tarissant les sources d'eau, quelquefois subitement empoisonnées, ce qui causait des maladies épidémiques et des morts fréquentes.
   Au Moyen-Age, de même que dans l'antiquité, les sécheresses furent considérés comme une punition du ciel. Les processions que l'on fait encore dans les villages, sont un dernier vestige de ces préjugés qui tendent de nos jours à disparaitre.
   Les cultivateurs du midi de la France se rappellent les années 1838 et 1839 pendant lesquelles il ne tomba, dans une période de seize mois, que 168 litres d'eau, lorsque la moyenne annuelle est de 800 litres.
   Au printemps, l'influence des sécheresses est funeste, elles se font sentir plus vivement sur les semis des plantes annuelles et retarde la germination des grains, ainsi que leur végétation.
   Les forêts et les bois exercent sur la pluie moyenne d'un pays une grande influence et nous voudrions voir le gouvernement appliquer tous ses soins aux reboisement des montagnes, landes ou terres incultes.
   En attendant que ce vœux se réalise, le grand moyen pour rendre nuls les effets de la sécheresse, sont les arrosement par canaux d'irrigation, sorte d'assurance contre le soleil et la sécheresse, et, en cela, le Midi réclame depuis de nombreuses années, les canaux dérivés du Rhône, bienfait qui pourrait s'étendre à d'autres contrées languissantes ou arides, fautes d'humidité. 
   L'homme et les animaux se ressentent aussi directement des sécheresses.
Les écarts thermométriques énormes du jour et de la nuit en cette saison printanière produisent des maladies inflammatoires, et toutes leurs variantes : fluxions de poitrine, influenza, etc.
   Soyons donc prudents et rétablissons avec des précautions l'équilibre naturel si fâcheusement détruit pour la santé humaine et pour la végétation.
   Le Midi, pays de vignobles, n'a pas trop souffert. Dans cette région les cas de sécheresses estivale de 3 à 4 mois de durée sont assez fréquents et caractérisent sont climat, le reboisement y est de première nécessité.
   Certains pays exotiques ne reçoivent jamais de pluie, la côte ouest du Pérou est dans ce cas, et la magnifique ville de Lima, située au milieu d'une vaste et fertile plaine arrosée de beaucoup de sources, n'a jamais vu un éclair ni entendu un seul coup de tonnerre.
  La Haute-Egypte offre, comme le Pérou, cette anomalie remarquable, il n'y pleut en quelque sorte jamais et ce phénomène curieux n'a pas varié depuis trente siècles.
   En Europe, vers 1850, il n'était pas tombé depuis 4 ans une seule goutte d'eau dans la province de Murcie en Espagne, que cette sécheresse avait plongée dans la plus profonde misère.
   Patience donc et espérons encore, chers lecteurs et vous, aimables lectrices, que lorsque cet article vous parviendra, la pluie fertilisante du printemps aura pénétré la terre de son action bienfaisante et résolutoire."
 Albert Uberti. 1893.

Sources :Texte : Albert Uberti dans L'Auvergnat de Lyon, Organe des enfants de l'Auvergne 1er Mai 1893.  Photo © Regards et Vie d'Auvergne. N'hésitez pas à laisser un commentaire ou à vous abonner au blog au bas des articles. Merci de votre visite et à bientôt. 

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