Clermont-Ferrand, audience du 10 septembre 1920.
situation.
Il y avait foule, mais les badauds étaient peu nombreux. Il faisait si beau ! Et, par moments, on pouvait fredonner le fameux air d'opéra-comique " la brise est douce et parfumée ", vraiment de circonstance. Et on se plaint de la crise du gaz...
Voyageur de commerce.
L**** Georges, 50 ans, est voyageur de commerce. Il
représente depuis de nombreuses années, une importante firme, bien connue
sous le nom de "Régie d'Aubière " Ayant un important stock à
écouler il rencontra, au cours de sa tournée habituelle, deux gendarmes qui,
malheureusement ne sont pas de ses clients, tout au contraire.
L**** a déjà été condamné plusieurs fois pour colportage
d'allumettes de contrebande, 300 francs d'amende.
A la foire de Chignat.
Chacun sait que Chignat est, chaque année, le rendez-vous de
nombreux foireux, sans parler de non moins nombreux commerçants.
Cette réputation n'était pas sans être parvenue aux oreilles
du nommé P******* André, 27 ans, vannier ambulant. P******* résolut d'y
aller faire un tour, mais pas seulement pour s'y amuser. Il comptait
travailler et, en effet, il fit de la " belle ouvrage ".
Un brave paysan, venu de fort loin, s'était couché dans sa voiture, dans un
champ, attachant son cheval à une roue. Avouons que ce n'était guère la
place du noble animal. c'est ce que pensa P******.
Il le détacha, mais pas dans le but louable de lui rendre la liberté. Il
cherchait tout simplement à le vendre lorsque arrivèrent des inspecteurs de
la police mobile, qui, prévenus par le propriétaire de la bête volée,
cherchaient le voleur.
Pour faire un exemple, le Tribunal inflige à P****** un an de
prison.
Petit cours de langues vivantes.
Ahmed B******, 23 ans est un jeune marocain fort élégant. Il
porte avec un chic particulier des pantalons forts courts et des
chaussettes... russes du plus heureux effet. Mais, il parait qu'il est
encore mieux dans une tenue que je ne vous décrirai pas, bien que la
description n'en soit pas longue. Chacun sait que la peau de ... Marocain
est fort belle.
Des agents, passant un soir place des Carmes-Déchaux, furent
étonnés de voir apparaître un particulier qui, par son costume, ressemblait
vaguement au père Adam, et se parait d'une cuite à rendre jaloux le père
Noé. Peu émus par ces liens de parenté avec de respectables personnages, les
agents se saisirent du délinquant et l'emmenèrent au poste.
En langage fort pittoresque, il tente d'expliquer son acte. A quelques
questions du président, Ahmed répond avec peine, il ne comprend guère.
-Avez-vous été condamné ?
Pas de réponse.
-Toi, pas condamné ? répète l'appariteur.
Ahmed a compris...
- De quelle région de l'Algérie êtes vous ? dit encore le
président.
- Du Maroc !
Comme on le voit, on en apprend tous les jours. Le Maroc en Algérie ?
Mystère et géographie ! Il est vrai que la guerre a tant bouleversé le
monde...
- Mon z'ami, continu l'inculpé, moi jamais boire vin, première fois fois,
je te jure, mon z'ami, puis soleil, etc...
Il est condamné à un mois de prison et 5 francs d'amende pour
ivresse. Le tribunal par indulgence, lui fait application de la loi de
sursis. Cela laisse froid l'Algérien. Sursis, a-t-il l'air de se demander,
est-ce une bête féroce, kif-kif chacal ?
Vol à la gare.
G****, 31 ans, est brigadier d'équipe à la gare, il s'est
laissé entraîner et a quelque peu chapardé. Il est depuis longtemps, employé
à la Compagnie et l'on a qu'à se louer de ses services.
6 mois de prisons avec sursis.
Une histoire de cochons.
B******* Joseph, né en 1878, à Corunac (Haute-Loire), fait de
l'élevage. Il occupait, depuis longtemps, un bâtiment appartenant à M.
D*******, maire de Beaumont. Ce dernier, auquel B****** devait de l'argent,
fit opérer une saisie chez l'éleveur. Il y avait 25 poules, des lapins, 28
cochons, du matériel... Au bout de quelque temps, lorsque l'huissier revint,
il n'y avait plus rien. B****** et tous ses animaux avaient disparu. Une
plainte fut déposée et c'est pour détournement que B****** est
poursuivi.
Mais, ce qu'a oublié d'ajouter le plaignant, et c'est ce que
fait ressortir Me Robin dans sa plaidoirie, c'est que B***** ne doit plus
rien à M. B******. En effet, B****** a versé à la Caisse des Dépôts et
Consignations une somme couvrant largement la dette. De plus, il a été
expulsé de la maison qu'il occupait et c'est forcé qu'il a dû déménager et "
détourner " les objets saisis. Un débat s'engage autour du nombre de cochons
saisis et retrouvés, puis l'accusation étant abandonnée, B****** est
relaxé.
Que d'eau ! Que d'eau !
B***** Jeanne laitière à la Bouboule, est condamnée à 300
francs d'amende pour vente de lait mouillé et écrémé, défenseur : Me
Blanc.
C****** Catherine femme B****, également laitière à la
Bourboule, 200 francs d'amende, même motif.
R***** Marie, 39 ans, laitière à Murat-le-Quaire, 180 franc
d'amende, pour écrémage seulement, défenseur Me Planche.
S**** Marie, laitière au Mont-Dore, 100 francs d'amende, a
acheté et mis en vente du lait écrémé et mouillé sans porter la mention "
lait écrémé " sur ses bidons.
Cris de mort.
Par ces temps de fièvre aphteuse, on se méfie des ruminants.
C'est sans doute pour cela que le nommé J*****, en état d'ébriété ce
jour-là, a poussé des cris de mort contre eux. Comme à ce moment passaient
deux agents, ceux-ci le prirent très mal et mirent J***** au violon.Un mois
de prison avec sursis, 5 francs d'amende pour ivresse.
Même aventure est arrivée au nommé F*****, un mois de prison
avec sursit, 5 francs d'amende pour ivresse. Défenseur Me Robin.
A suivre.
Sources : Extrait du journal Le Moniteur du Puy-de-Dome 1920 Les Albums collections : CPA, Vieux Papiers, Photos originales et inédites, collections à voir dans la colonne de droite.© Textes et Photos Regards et Vie d'Auvergne.Vous pouvez laisser un commentaire au bas de l'article.
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