Le Puy en Velay, Haute-Loire, Auvergne. |
Misères du temps des guerres de religion.
1) La famine :
En ladite année (1586) par suite de l'indisposition du temps, neiges continuées tout le temps de Carême, dans tout le pays de Velay et les montagnes des environs, le pauvre peuple qui avait été ruiné par les guerres, et après par la misère du temps était si ruiné et affaibli qu'il mourait de faim; on trouvait les gens dans la neige morts en grande abondance, car aussi à la vérité, ils avaient mangé du pain d'avoine, de fougères et les autres écorces des arbres ; choses dignes de mémoire !Et ils s'en venaient se retirer au Puy par grande force, étant si maigres et défaits qu'ils ressemblaient des corps morts sortis du sépulcre. De telle sorte que les
"Chasse-coquins" (1) ne les pouvaient empêcher de rentrer dans la ville, quelques uns conduisant femmes et enfants en grand nombre, tenant la place depuis la porte Saint-Gilles jusqu'à la porte d'Avignon et de l'autre côté jusqu'à Saint-Laurent, en ayant rempli l’hôpital Saint-Laurent ; auquel lieu, les bonnes gens de la ville portaient l’aumône de pain et potage qu'ils leur faisaient manger ; mais aussitôt qu'ils en avaient mangé, leurs boyaux étant fermés, ils mouraient. Ce qui fut continué et dura si longuement que tous les jours ils mouraient sur le lieu, où on les faisait enterrer dans les cloîtres dudit Saint-Laurent dans des fosses qu'on leur avait fait faire tout exprès ...
2) La peste :
Je ne peux oublier qu'en ce même temps la maladie de peste se retourna remettre dans la ville du Puy, de laquelle les pauvres furent affligés et moururent en grand nombre dans les fossés et auprès de la barrière ; et on les traînait par les pieds dans le cimetière craignant de les toucher à cause de ladite maladie.
Comme aussi aux villages circonvoisins étant visités des gens se trouvaient frappés de ladite contagion, le peuple ne savait où se retirer par les villages parce que partout ladite maladie avait pris possession. Tellement que la ville fut contrainte de commettre des soldats pour la garde de nuit et de jour car aussi la ville était menacée par Chatillon (2) d'être assiégée...
D'après J. Burel.
1) Chasse-coquin ou chasse-gueux bedeau chargé de la bonne tenue dans les églises.
2) Comte de Châtillon, frère de l'amiral de Coligny, tenta le 3 décembre 1585 d'envahir le Puy mais fut repoussé à coup de pierres par le peuple.
Sources : Le Velay et le région de Brioude.
Photo d'illustration : © Regards et Vie d'Auvergne.
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