Clermont-Ferrand, Mars 1944.
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Usine Michelin de Cataroux le 17 mars 1944. |
Dans la nuit après 22 h, commencèrent comme prévu les opérations tant redoutées par les uns, attendues par d'autres. Premier signe que le fameux jour J et l'heure H étaient arrivés, les sirènes hurlèrent dans toute la ville et une activité anormale était visible dans toutes les rues. Second épisode, l'aviation anglo-américaine dans un ballet incessant commença par inonder le ciel noir de centaines de fusées éclairantes, donnant au site un ton blafard et fantastique. Le bruit grandissant des avions qui grondaient comme le tonnerre, les fusées tombaient du ciel comme des éclairs de feu. L'atmosphère soudain était devenue étrange, irréelle, les derniers habitants incrédules d'abord, puis affolés, se précipitèrent pour se mettre aux abris. L'armée allemande en alerte envoya aussitôt ses "Messerschmitt" venant d'Aulnat pour contre-attaquer. Les bases de défenses avec leurs "Flak" batteries antiaériennes sur les hauteurs de Clermont furent elles aussi mises en oeuvre et arrosèrent le ciel en tous sens par des tirs de barrage d'obus de 88 mm.
Cette fois, c'était du sérieux, qu'allait-il rester de Clermont après ce déluge de mitraille, la bataille ne faisait que commencer. Soudain, un grondement assourdissant fît tout vibrer, sortant des nuages, une escadrille de bombardiers britanniques de la Royale Air Force, RAF, les Avro-Lancaster énormes forteresses volantes pilonnèrent la cible de Cataroux. Avec leurs 4 moteurs Rolls-Royce Merlin de 1280 chs, équipés de 8 à 10 mitrailleuses, ils pouvaient emporter des bombes de 500 kgs à 1 tonne. Ces 21 avions appartenaient en partie à l'"escadron 106" et au fameux "617 Squadron" les célèbres "Dam-Busters" "briseurs de barrages". Ils étaient les seuls capables de tirs de grande précision, pouvant détruire l'usine au milieu des bâtiments civils. Les passages à basse altitude pour larguer leurs bombes incendiaires ou explosives n'étaient pas faciles car la ville est adossée aux pieds des monts de la chaîne des Dômes, et du plateau de Gergovie. Encore une fois, les aviateurs Anglais ont montré tout leur talent dans cet exercice pour lequel ils étaient spécialement formés.
Au petit matin, les premiers badauds découvraient avec stupeur l'étendue des dégâts. De folles rumeurs couraient, "les Allemands ont rasé Michelin", "les Allemands ont rasé la moitié de la ville..." Sous leurs yeux incrédules, l'usine de Cataroux construite en 1907 sur 50 hectares est pratiquement rasée.Tout n'est que ruines, fumée, ferrailles tordues, murs renversés, eau et vapeur qui giclent de conduites béantes. Tous les stocks, matières premières, machines et outils sont détruits, des milliers de pneus sont partis en fumée. Les ouvriers qui ont travaillé durement toute leur vie dans ces ateliers parfois noirs et insalubres ont des larmes dans les yeux, "leurs" ateliers : Z ou OPK ...ne sont plus que ruines et poussière.
Malheureusement pour les civils aussi les pertes sont importantes, certains vont découvrir avec stupeur au milieu des routes et rues défoncées, les dégâts sur leur maison, immeuble, environ 300 seront touchés voire détruits complètement.
Les quartiers populaires voisins pour la plupart des "cités Michelin" aux si jolis noms : Chanteranne, Chanturges, Champfleuri et le vieux Montferrand tout proche ont été touchés par quelques bombes "perdues". A plusieurs kilomètres de là, on retrouvera même une poutrelle métallique dans le clocher de l'église sainte Anne de Montjuzet.
On devait déplorer hélas, aussi des victimes, officiellement 19 morts, 30 blessés, plusieurs centaines de sans domicile. Le Maréchal Pétain se rendra lui-même sur les lieux pour soutenir les victimes et rendre visite aux blessés à l'Hotel-Dieu de Clermont-Ferrand, ainsi que se recueillir à la chapelle ardente dressée pour les victimes.
Les immeubles voisins de l'usine sont eux aussi touchés, éventrés, des toits soufflés et des pans de murs restent à peine debout.
Les murs sont tombés, le spectacle est partout bien visible.
Tas de ferrailles et de bois, il ne reste plus grand-chose de ce géant de la technique industrielle, seuls au loin les fantômes des ateliers.
Charpentes tordues, murs effondrés au loin les fameux toboggans "va-et-vient". où les pneus montés sur des chariots sont testés en faisant des allers et retours incessants jour et nuit.
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Sources: Photos exclusives et textes : © Alain Michel Regards et Vie d'Auvergne.
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