Besse en Chandesse, la Vierge de Vassivière et le lac Pavin.
Besse, petite ville située à l’est et à une lieue et demie des Monts-D’or.
Cette ville et la seigneurie qui en dépend, faisaient partie de l’ancien patrimoine de la Maison de la Tour d’Auvergne. Au commencement du douzième siècle, Giraud de la Tour en était Seigneur. En 1270, Bernard et Bertrand de la Tour, frères, accordèrent à cette ville des privilèges et coutumes, à l’exemple de plusieurs seigneurs de ce temps-là, qui, toujours accablés de besoins, vendaient aux bourgeois le droit de disposer de
leurs biens à de certaines conditions.
leurs biens à de certaines conditions.
Exemple de privilège :
-« E fi femna molherada cuminal venia à Bessa per putatge, e omque non auria molher, jafia am l’hois, non es tingut ves en Bernar de la Tor. Si hom s’en fuich am l’altrui molher, ni femna am l’altriu marit, non deu Tornar à Bessa, tro que Sancta Gleisa los y Torn »
C’est-à-dire :
-« Et si une femme mariée, d’un pays de commune, vient à Besse pour se prostituer, et qu’elle couche avec un homme qui n’a point de femme, il n’est
tenu de ne rien payer à Bernard de la Tour. Si un homme, s’enfuit avec la femme d’un autre, ou une femme avec le mari d’une autre, ils ne doivent point retourner à Besse, à moins que la Sainte Église les y ramène ».
tenu de ne rien payer à Bernard de la Tour. Si un homme, s’enfuit avec la femme d’un autre, ou une femme avec le mari d’une autre, ils ne doivent point retourner à Besse, à moins que la Sainte Église les y ramène ».
Un religieux Bénédictin a composé sur cette dévotion un ouvrage fort pieux, qu’il a dédié aux communalistes de Besse. (Histoire de la Sainte-Chapelle de Vassivière, imprimé à Clermont en 1688).
Cette image miraculeuse est une petite statue noire qui tient entre ses bras un enfant. (Statuette, due, assure-t-on aux ciseaux de Saint-Luc). Ce petit groupe était autrefois placé dans quelques vieilles masures sur la montagne de Vassivière ; tout à coup on reconnut qu’il opérait des miracles, et le clergé, accompagné du Corps municipal de la ville, vint en procession sur la montagne de Vassivière, qui est à une lieue de distance, porta dévotement la petite figure noire de la Madone, et la plaça à Besse dans l’église de Saint-André.
Les habitants vinrent ensuite la rechercher à plusieurs reprises ; mais elle ne pouvait abandonner le séjour chéri des montagnes, et chaque fois, invisiblement, elle se transportait dans sa rustique demeure. On raconte plusieurs autres exemples de semblables statues qui, se déplaisant dans une église, en partaient sans façon, pour se retirer dans celles qui leur plaisaient davantage.
En conséquence, en 1550, on y fit bâtir une nouvelle chapelle sur les ruines de l’ancienne. Il y avait jadis, en ce lieu, une paroisse qui était ruinée en 1321 et qui, après avoir été rétablie, fut détruite de nouveau par les Anglais, au XIVè siècle.
Cette chapelle rurale, a cinquante pieds de long sur vingt-six de large, en 1555 elle fut achevée, et bénite par Antoine de Senectère, Evêque de Clermont, et agrandie en 1634.
Construite à la suite de la guérison de Pierre Get, dit "Sipolis" de Besse, devenu aveugle après s’être moqué de la dévotion de ses compagnons ; statue de la Vierge Noire, qui, sauvée au XIVè siècle, quitta Vassivière au XVIè siècle pour l’église de Besse, brûlée par la révolution et remplacée par une autre semblable dans laquelle on a mis les débris de la 1ère, couronnée le 3 juillet 1881 par le Cardinal de Bonnechose, de Rouen, entouré de 5 évêques et de 30 000 personnes; pèlerinages le 2 juillet montée de la statue, ou le dimanche suivant (grand dimanche), et redescente le dimanche après la Saint-Mathieu. ( La Dévalade).
C’est à Vassivière que la révérende Mère Thomas fut guérie d’une longue paralysie.
A côté de la chapelle, il y a une fontaine miraculeuse dite : la « Chapelloune ».
A côté de la chapelle, il y a une fontaine miraculeuse dite : la « Chapelloune ».
Notre-Dame de Vassivière ou Vaussivière, est un hameau de Besse-en-Chandesse, et tire son nom de ces paroles aux incroyants :
-« Per y creire, vas y veire ! »
-« Pour y croire, vas y voir ! »
Depuis ce temps, cette image reste l’hiver dans la ville de Besse, et l’été dans sa chapelle de Vassivière. On assure que :
"si on ne la transportait pas sur cette montagne, à l’époque fixée, elle s’y rendrait elle-même".
Piganiol, nous affirme :
« Qu’il s’est fait à Besse et à Vassivière un grand nombre de miracles si éclatants et si avérés, que le Pyrrhonien(1) le plus outré serait forcé d’y ajouter foi ».
La dévotion à cette image est pourtant aujourd’hui beaucoup refroidie.
La chapelle de Vassivière:
Située sur la montagne de ce nom, est à peu près à l’ ouest, et à une lieue de Besse, et au bas du groupe des Monts-d’Or, on y trouve quelques auberges.
La montagne est fameuse pour la bonté de ses pâturages ; les moutons qu’on y nourrit sont excellents.
Besse en Chandesse :
Besse est curieux, parce que les maisons sont entièrement bâties de laves basaltiques. La couleur sombre de cette pierre rend un peu triste l’aspect de cette ville, qui est elle-même fondée sur une masse énorme de lave.
Le lac Pavin :
Ce lac, fameux par les prodiges qu’on lui attribue, se trouve à droite du chemin, et à environ quatre-vingts pieds au-dessus, cette élévation au-dessus de la plaine n’est pas son unique singularité ; sa forme est à peu près ronde sa circonférence est d’environ une demi lieue ses bords élevés forment une enceinte dont l’extérieur, fort escarpé, a depuis soixante jusqu’à cent vingt pieds de hauteur ; la face intérieure de cette espèce d’enceinte, également escarpée, est couverte de verdure ; les bords de ce lac s’abaissent, et laissent une ouverture pour l’issue des eaux qui vont couler dans la vallée de Besse près de cette ville, et se jeter dans l’Allier au-dessous d’Issoire.
Les eaux de ce lac sont claires, et à travers on voit fort bien le fond qui va toujours baissant vers son milieu, et qui a la forme d’un entonnoir. On ne doute point que l’emplacement occupé par ces eaux ne soit la bouche d’un des plus terribles volcans de l’Auvergne ; ces bords élevés et formés de scories rangées à peu près comme elles ont été lancées par les explosions, prouvent que dans cette vaste excavation les eaux ont été précédées par des torrents de feux.
On ne voit point entrer d’eau dans ce lac ; elle s’y introduit sans doute par des canaux souterrains ; c’est ainsi que sont nourris continuellement plusieurs autres amas d’eau plus ou moins étendus qui se trouvent au sud du lac Pavin.
Selon l’ancienne tradition ; lorsqu’on jetait une pierre dans ce lac, aussitôt il s’élevait un nuage épais qui produisait le tonnerre et l’orage. Sans doute le souvenir de quelques explosions volcaniques a donné lieu à cette croyance. L’étymologie assez naturelle qu’on pourrait donner au nom de ce lac, servirait à appuyer cette conjecture : Pavin peut dériver de Pavens : qui cause de l’effroi !
Ces eaux ne nourrissent aucun poisson, et c’est à leur grande froideur qu’on en attribue la cause.
On a cru longtemps que ce lac était sans fond, comme on le croyait de plusieurs autres qui sont en France ; on disait même qu’avec cent brasses de corde on n’avait jamais pu l’atteindre : mais ces erreurs viennent toujours du défaut des expériences. En 1770, M. Chevalier, Ingénieur des Ponts et Chaussées, avec une espèce de radeau, s’est transporté au milieu, et après avoir sondé le lac en divers endroits, il a trouvé que la plus grande profondeur était de : deux cent quatre-vingt-huit pieds.
Abel Jouan, dans la relation du voyage que Charles IX fit en Auvergne après l’assemblée de Moulins, parle :
-« D’un grand gouffre duquel sort ordinairement une grande foudre de grêle et tonnerre qui gâte les blés des vallées ».
Le Père Foderé, dans la Narration de l’ordre de Saint-François, dit en parlant du lac :
-« Ce lac est admirable et épouvantable ; admirable, dit-il, parce qu’il est sans fond, au moins il n’y a personne qui l’ait encore trouver, et d’ailleurs on ne sait d’où l’eau peut venir d’un lieu si haut ; car on n’y en voit point tomber d’aucune part, épouvantable, d’autant que si vous y jetez une pierre, vous êtes assuré d’avoir bientôt du tonnerre, des éclairs, de la pluie et de la grêle ».
Ce creux a neuf toises de profondeur dont il n’y a guère qu’une toise d’eau. Le niveau de cette eau est élevé de cent quatre-vingt-six toises au-dessus de la surface du lac Pavin, on croit même qu’elle y communique, et l’on dit dans le pays, que si l’on jette quelque chose dans le Creux-Souci, on le voit reparaître au bout de quelque temps sur le lac de Pavin.
1) Pyrrhonien : école de philosophes sceptiques qui doutaient des choses les plus certaines, du grec Pyrrhon d’Elis.
Sources : Description des principaux lieux de France,
Auvergne Littéraire,
Photos: © Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
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