L'alambic en Auvergne.

L'alambic en Auvergne.


Alambic en Auvergne
Alambic en Auvergne, Sauvagnat sainte Marthe.

   Chaque année, depuis très longtemps, un étrange spectacle revient régulièrement dans nos campagnes. Sur une place ou au bord d'une route de village, un beau matin de novembre on voit apparaître une machine infernale, cuves et tuyaux s'entremêlent, rouge de cuivre et noire de fonte et d'acier.  Dans la brume matinale, elle crache : fumées et vapeurs  dans une odeur âcre qui se répandent autour d'elle et dans tous les environs.
 
Alambic, Puy de Dôme   Le principe est assez simple, chauffé dans les vases
la vapeur d'alcool volatil s'échappe par un col de cygne, puis et refroidie dans un serpentin baignant dans de l'eau froide, elle se condense, alors, en cette fameuse "Eau de vie", "Gnôle" ou comme au moyen âge : "Eau ardente" qui pour finir  passe par un système dit "Rectificateur" pour éliminer les mauvaises odeurs et impuretés.
   Ah ! Ces odeurs de vin chaud, de prunes, pommes ou  poires qui vous piquent le nez. L'ambiance, au fil de la journée est de plus en plus joyeuse et festive. Le matin, profitant de la chaleur des vases pleins de marc, on y glisse souvent des "Charcutailles" enveloppées de tissus, qui cuisent alors doucement  enrobées des arômes de la cuisson, prenant au passage un goût très caractéristique.

Alambic en Auvergne, pressoir
   Les paysans qui viennent transformer leur marc, résultant du pressage des raisins, sont alors tout contents de partager un casse-croûte, tout à côté de la machine, une grosse couronne de bon pain de campagne, du pâté fait maison, quelques chopines du dernier vin mis en cave et bien-sur les saucissons, poitrine, pommes de terre en robe des champs ou le chou farci "Cuits à l'Alambic" encore chauds...un véritable régal, le repas se termine toujours... par la dégustation d'un petit verre de "Gnôle" fraîchement tirée !

Alambic en Auvergne Lezoux
l'Alambic à Lezoux.

   Très réglementée et surveillée, cette activité de fabrication d'eau de vie est malheureusement en voie de disparition. Depuis une loi remontant à Napoléon les propriétaires de vergers ou vignes ont le "Privilège" de devenir "Bouilleur de cru" de leur propre production.  Mais ils n'ont droit qu'à  20 litres d'alcool à 50°, au-delà, des taxes sont à payer, ils font généralement appel aux "Distillateurs ambulants" après avoir fait une déclaration au service des douanes et impôts indirects.
 En 1959, sous prétexte de diminuer l'alcoolisme, un décret vient réduire ce "Privilège" aux seuls détenteurs et leur conjoint survivant, sans autres possibilités de transmission aux générations à venir.
Les particuliers qui n'ont pas de "Privilèges" peuvent aussi faire bouillir leur récolte, mais là le prix est taxé par les douanes dès le premier litre et là aussi, une déclaration est obligatoire.


Alambic en Auvergne, les bonbonnes
Bonbonnes de "Gnoles"
   Souvenirs d'enfances un peu apeurés, du gamin accompagnant son père au milieu de cette étrange ambiance, lorsque à la tombée de la nuit, une simple ampoule blafarde éclairait l'"Alambic". Alors  chauffée au bois, tandis qu'un cheval, unique moteur de la machine faisait la joie des enfants. Deux hommes s'affairaient, sur une petite plate forme, chargeant et vidant avec dextérité les "vases" à la fin de chaque "cuite". On entendait en continu la musique des cliquetis du palan aux chaînes brillantes. Dévissant les gros écrous  des énormes couvercles, des sortes de paniers sortaient des "vases" fumants chargés du moût de raisin d'une belle couleur violacée. Basculés à terre, puis tirés avec des "bigots", il était  rechargés dans des tombereaux pour finir écartés dans les champs.
   L'activité était toujours constante, entre les nombreuses "Bacholles" de bois, qui arrivaient sans cesse et les belles bonbonnes de verres entourées d'osier ou de paille remplies du précieux liquide. Au fur et à mesure de la production du breuvage et des dégustations, les visages fatigués, rougis mais réjouis, les yeux brillaient  et au fil de la soirée, plaisanteries, rires et chansons étaient de plus en plus "Gauloises"  montaient dans la nuit, en raisonnant sur la place du village.

  Vidéo de l'Alambic à La Roche Blanche, Puy de Dôme.





Sources: Vidéo : Youtube.
                Photos :© Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
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