Le Muguet.
La petite Rose, fille d’un pauvre ouvrier, était malade ; Louise, fille du maire de la commune, lui apportait chaque jour une assiette de soupe, parce que la pauvre enfant ne pouvait digérer d’autre nourriture.
Rose étant enfin guérie n’eut rien tant à cœur que de prouver sa reconnaissance à sa jeune bienfaitrice ; elle se demandait en quoi elle pourrait l’obliger à son tour.
Quelqu'un lui dit que Louise aimait beaucoup le muguet ; on était au mois de mai, et Rose se leva de grand matin pour aller dans la forêt cueillir un bouquet de ces fleurs, encore toutes baignées de rosée ; elle en trouva plusieurs touffes dans un endroit très écarté, à l’ombre d’un vieux chêne.
Tandis qu’heureuse de sa découverte elle s’occupait à les rassembler, elle entendit, partant d’un taillis voisin, un entretien qui la fit frémir :
-« Écoute ! Disais une de ces voix, nous pouvons maintenant nous venger du maire qui a fait mettre mon frère dans une maison de détention : regarde, voici la clef de sa maison que sa servante a laissée à la porte. »
-« Bon, répondit l’autre interlocuteur, nous nous introduirons chez lui cette nuit, nous le ferons périr ainsi que sa femme et sa fille, et nous viderons alors sa caisse. »
Rose, terrifiée, s’enfuit avec ses branches de muguet, les porta à Louise et lui répéta ce qu’elle avait entendu. Le maire aposta secrètement quelques hommes armés et veilla lui-même avec eux dans la première pièce. A minuit, les brigands vinrent effectivement, furent arrêtés, et subirent bientôt la peine de leur attentat.
Le maire dit alors à sa fille :
-« Ma chère Louise, ta charité a attiré la bénédiction du ciel sur notre maison ; tu n’as donné qu’un peu de soupe à la pauvre Rose, mais elle nous a sauvé à tous la vie ! »
Pour prix d’un faible effort, d’un léger sacrifice,
A nos besoins, le ciel promet d’être propice.
Sources :La Morale Enfantine, A. Bordot.
© Alain-Michel, Regards et Vie d'Auvergne.
Le blog de ceux qui aiment l'Auvergne et de ceux qui ne la connaissent pas.
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